ch.9 Victor enfin !
Résumé : Les quatre chevaux qui ont tenu compagnie a un chasseur isole par la crue de la rivière, partent en cavale
Je regagne en boitillant mon bivouac, camoufle les selles derrière un buisson d’aubépines et me dirige vers la passerelle emportée par la rivière. Il reste les piles sur laquelle elle reposait et une poutrelle. A califourchon, en progressant doucement, je franchis la rivière et me dirige vers la hutte. J’entends alors le 4x4, ce sont les copains qui viennent à ma recherche. Vous devinez leur joie de me trouver vivant. La décrue a eu lieu un peu avant l’aube laissant le village dans un bain de boue gluante. Il leur a fallu trouver ce 4x4 chez un copain qui habite près de l’église et traverser des barrages d’objets disparates pour parvenir jusque là. Avec son portable, Victor prévient ma femme, lui dit qu’on sera là dans une demi-heure. La nouvelle se répand aussitôt comme une traînée de poudre. Avant de me poser les mille questions qui leur brûlent les lèvres, ils ont l’intelligence de me donner un casse croûte et de me mettre sur le dos une couverture. La hutte est encore debout mais tout à l’entour elle est beurrée de boue jaune. Il leur faut un bon quart d’heure pour dégager la porte, récupérer mes bottes, les laver et me les enfiler. Les copains récupèrent aussi les canards, mon fusil et ma veste puis ils referment la porte. « On reviendra une autre fois » dit Victor.
Dans le 4x4, Ils m’apprennent que par miracle il n’y a pas eu de mort au village. Que ma maison n’a pas été inondée mais qu’une grande partie du village a été sous les eaux. Tandis que le 4x4 se fraye un passage entre les branches d’arbres tout au long de la piste qui longe le marais, j’explique que j’ai du mon salut à 4 chevaux surgis de la rivière, que je me suis nourri de champignons et de noisettes et que j’aspire à un bon bain. Les copains m’écoutent poliment. Les champignons ça ne les étonne pas, ils connaissent mes goûts par contre mon quadrige de chevaux blancs surgi de la rivière pour me sauver des eaux les laissent rêveurs.
« Tu dois savoir que je suis venu hier matin avec Louis et sa grosse barque, on est passé par le marais pour éviter le courant. On a tourné au dessus de la hutte et des arbres alentour, on a même trouvé ton portable accroché à un chêne. C’est alors qu’on s’est dit que c’était fichu. Louis a été rendre le portable à ta femme. Elle a compris de suite qu’elle ne te reverrait plus».
En arrivant à la sortie du chemin on croise pompiers et gendarmes venus sans beaucoup d’espoir à ma recherche. Toute la troupe fait demi-tour. Gilbert le capitaine des pompiers téléphone la bonne nouvelle au maire qui est par la rumeur déjà au courant. Puis il met en route son pin-pon, les gendarmes ne voulant pas être en reste allument leur Giro-phare et font hurler leur sirène et c’est ainsi que nous traversons le village sinistré. Victor a décapoté le 4x4 et m’oblige à me mettre debout. Sur le parcours les gens s’arrêtent de pelleter et me font signe d’une main. Certains se découvrent, d’autres crient mon nom. C’est le triomphe. Je me demande l’accueil qu’ils m’auraient fait si j’étais arrivé au village monté sur mon étalon et suivi de mes 3 cavales blanches. Le maire est sorti à notre rencontre, il monte dans le 4x4 et emmène tout le monde en haut du village chez moi. Toute la rue est sortie et contemple avec émotion les retrouvailles et les embrassades familiales. C’est la fête. De ma cave elle-même épargnée sont déjà remontées les bonnes bouteilles. C’est l’heure du petit blanc dans le pays. Mon voisin amène le jambonneau, la cousine les baguettes, c’est la pause pour ceux qui ont déjà commencé à nettoyer le bas de la rue. Et ma chemise de chasse me colle toujours sur le dos en dégageant son odeur sauvage forestière. Quand donc pourrai-je prendre une douche ?