Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

nouvelle

  • L'OUTIL: Chapitre 10

     pic avec manche 2.gif

    Epilogue .

     "Suis je le gardien de mon frére ?"

    Je n’aurais jamais du descendre l’outil rouillé et le laisser dans la fraîcheur azalée. J’aurais du m’en tenir à la poésie alimentaire de mon panier à champignons. Ce qui est fait est fait, mais moi le vacancier, l’étranger qui n’a pas son nom au cimetière, J’ai l’impression d’avoir soulevé contre moi tout le clan d’Emile. Le pic que j’ai descendu a déterré une hache de guerre qui se retourne contre moi. Octave le mal aimé, tel qu’il était, avait ses partisans.

    Rentre en toi même Octave et cesse de te plaindre .

    Quoi tu veux qu'on t'épargne,et n'as rien épargné .Cinna acte IV Corneille

     La venue des gendarmes 4 ans après sa disparition a fait remonter de vieilles querelles et des peurs secrètes. Son squelette nettoyé par les fourmis, blanchi par les hivers et le soleil hante encore le sommeil des villageois. Il y a un vide au cimetière à coté de la sépulture de ses parents. Personne n’acceptera même pour une concession au rabais, de s’allonger à sa place tant que là haut, quelque part dans une faille près d’un terrier de blaireau, s’étaleront sur la mousse les ossements blanchis d’Octave.

    La Cécile pourra pasticher son cher Hugo(*) alors que se terminent les travaux des bois et dire en s’essuyant le front :

    -«De quel lourd silence dans cette chaleur de lave

      Pèse la triste rumeur qui s’abat

        Sur le pic d’Emile et les os blancs d’Octave »

    Elle pourrait aussi le soir même, faire rimer crépuscule et canicule et en pensant à Octave seul dans la nuit,  dire avec son cher Victor :

    " Ami je sens du sort la sombre plénitude

       J’ai commencé la mort par de la solitude."(*)

    Pas de répit  pour moi dans ce crépuscule

    J'ai les os desséchés  par cette canicule 

              Quel farouche bruit font dans le crépuscule,

    Les chênes qu’on abat pour le bûcher d’Hercule.

     Victor Hugo à Théophile Gauthier.