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  • la plainte

     

                     Fouille sur Mchasseau gros,le baron,ma prairiearne


    chapitre 3  La plainte

    Les gendarmes exigent des preuves pour montrer que la plainte d'Alfred pour fouille illicite est  malveillante.


    Fournir une preuve, pas si simple ! Dimanche c’est une chasse au gros avec battue .Le baron est  là avec son  chapeau country  à l’anglaise orné de  sa plume  de bécasse  Il a fière allure avec  son pantalon  prince de galles et ses bottes  de cuir brillantes comme celles d’un officier de cavalerie. C’est lui  le propriétaire  qui lui a vendu la prairie

    « -Tu m’as  vendu  deux arpents au Chatelet, j’en suis bien content, Bertrand,  mais ça fait des jaloux .Te  rappelle tu la demande d’achat que t’as faite Alfred   ?

    « -Oui, il est venu me voir, m’a écrit, m’a téléphoné. Il  tenait vraiment   à ce bout de terrain. Il m’a même proposé de renchérir sur toi .Mais Je te  l’avais promis, je l’ai éconduit. Pourquoi ? Il  te fait des misères ?»

    «  Oui, Il m’a vu creuser une tranchée  et  s’est imaginé que  j’ai trouvé un trésor. Il est vrai que la prairie est au pied de l’oppidum mais de la à trouver de l’or, il y a plus d’un pas.  Il m’a envoyé les gendarmes  pour enquêter».

    «  Mais, c’est un affreux jojo !  Il faut le poursuivre pour dénonciation  haineuse  et abusive »

    « -Oui ! C’est pour cela que je t’en parle. Les gendarmes m’ont dit  qu’il me faut apporter   des preuves si je veux que ma plainte soir retenue ».

    « Des preuves, tu en auras, fait moi confiance .Viens me voir demain  soir après  le travail.  Pour l’instant, il faut veiller au gibier, tu as entendu la trompe, les traqueurs  se sont mis en route, je regagne ma place  en vitesse. »

    Dans  le pays, l’aristocrate  chasse  avec  le travailleur comme si la passion de la chasse efface les   différences. On se tutoie. Les quartiers  de noblesse  sont attribués selon la qualité du fusil, le courage,  la probité,  la correction  et non  à la hauteur  des murs  ou au nombre  de  tourelles  du château.  La chaumiére  peut devenir la demeure d'un roi  et Michel est le  Roi de  la gachette .

    Depuis sa cabane, au pied de l’oppidum,  Michel   de la  Gachette d'or  voit  au loin le château du baron Bertrand de la butte . Un château sans tours mais de haute façade  avec un toit plat de  tuiles roses et rondes  qui  déborde légèrement  sans faire d’ombre  à la frise,   bel ourlet de haut mur. Il fait une tache claire  détachée sur bois de chêne, au loin, au  de-là  des labours  et des grands  maïs d’automne. Michel est passé dix fois   sur la route qui longe les douves, c’est la première fois qu’il  franchit le  pont et entre dans  la cour  aux graviers blancs. 

    Monsieur  Bertrand  de la Butte vient lui-même  accueillir Michel de la Gachette d'or et le fait asseoir sur une chaise  louis XV.  Il ne faut pas confondre  en effet "la particule des nobles  et la partie noble   (de ...ce  sur quoi Michel s'asseoie)". Il a passé une bonne heure  à chercher la lettre d’Alfred cachée  au fond  d’une  bannette en osier de Buissières.

    « - Voila Michel ! j’ai trouvé ta  preuve,  je vais te montrer. » 

    Il étale la lettre  sous un presse papier de verre.

    «  je te sers quelque chose ? Je t'ai vendu ma terre  permets moi de  te tendre mon verre"

    -"C'est trop, merci  !"

    -« Cette demande d’achat  prouve que le terrain intéressait Alfred .Avec  en plus  sa visite et son coup de téléphone, elle indique chez lui   un  grand désir  d’acquérir ce terrain  et un dépit certain   quand   le terrain  lui a échappé. .Sais-tu que dans Othello, Shakespeare décrit la jalousie  comme  « un monstre aux yeux verts qui produit l’aliment dont il se nourrit ».Je ne sais si Alfred a les yeux verts, mais il les a sans doute plus gros que son estomac. Cette lettre que j’ai retrouvée est un début de preuve, mais il faudra  plus que cela pour étayer ta plainte. Il  te faudra   trouver un moyen de le piéger. As-tu une idée ?

    « - Non, je ne vois pas très bien ».

    « - Il faut le piéger  à mon avis par  où il a péché .Il a cédé à l’envie, pensant que tu as  trouvé un trésor. Il faut le faire baver de jalousie .Lui faire croire que tu as vraiment trouvé un trésor. Il produira lui même  la jalousie qu’il nourrit  comme  on engraisse  le ténia solitaire tapi  dans les tripes  .C’est bien facile, il  te  suffit  sans rien dire de changer de train de vie ».

    « - Que faire ? Mettre une cravate pour aller à l’usine ? M’habiller comme un milord ? Je vais me faire charrier par les camarades de travail, c’est tout ce que je vais gagner.. »

    « -Et si  tu  roulais  en voiture ? Je te prête pour une semaine  mon chauffeur  et ma Ferrari. Tu ne passeras  pas inaperçu et la rumeur deviendra certitude. On aurait quelque chance qu’Alfred sorte du bois.

    « - Ecoute Bertrand ! Avant,  tout au long de la Marne sur le chemin de cendrée  qui longe  l’oppidum, j’allais à l’usine en sifflant  au milieu des noisetiers  et des cornouillers ,j’avais tout loisir d’admirer  les platanes tigrés, les frênes à  samares pendantes  et les grands hêtres à peau  grise .Je marchais à pied ou roulais en vélo , musette sur l’épaule, j’allais  en sifflant retrouver les copains de l’équipe .Maintenant je vais avec ma petite voiture , je vais plus vite mais  ne siffle plus guère car  les copains se retrouvent chacun devant  un  écran d’ordinateur. On ne se parle presque plus sur la ligne de production. Alors, pense donc,  si j’arrive à l’usine avec ton chauffeur et ta Ferrari, bonjour l’ambiance !  Il n’ya pas qu’Alfred qui ferait une crise, je me mettrais tous les copains à dos. »

    « As-tu une meilleure idée ? « 

    «  Oui, faire comme si j'avais gagné une grosse somme   au loto :.Prendre quinze jours de vacances  au Maroc, louer un bois pour la chasse, acheter une nouvelle machine  à laver le  linge, une nouvelle cuisine, un nouveau fusil , une barque pour la pêche,un manteau de vizon pour ma femme . Mais comme je n’ai pas trouvé de trésor, je n’ai pas les moyens , alors  n’en parlons plus. »

    «  Il est vrai que je ne  peux  me substituer à toi pour t’offrir tout cela mais revenons à la Ferrari. Tu peux   continuer à te rendre au travail en vélo .Tu ferais  simplement  tes  courses  avec Jacqueline en passant ostensiblement devant la maison d’Alfred, en klaxonnant  s’il le faut, en le saluant pour le faire enrager.Ca ne coûte rien d’essayer. »

    « - Merci de ta proposition. je vais en parler à ma femme et te dirais  sa réponse »