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Livre - Page 23

  • LA RIVIERE chapitre 6

    ch.6 Cavales à l'abreuvoir

      Résumé : Comme Robinson sur son ile, un chasseur surpris par la crue de la rivière fait du camping sauvage avec la compagnie de quatre chevaux blancs.

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    Je suppose que ma cavalerie doit avoir aussi soif que moi. Je remonte les brides une à une. Le goût des champignons sur les mors a l'air de plaire aux chevaux. Je rapproche mon étalon d'un arbre et m'aide d'une branche basse comme d'un marche- pied pour sauter à cheval. Mon étalon sauveur  frémit sous mon poids et prend la tête

    Les cavales suivent. Au chemin, je tourne à droite et dépasse mon coin à noisettes et à champignons. Le houx remplace le taillis de noisetier, mais c'est toujours les chênes aux houppiers roux qui dominent. Le chemin descend maintenant. Je remarque sur la gauche une vaste clairière avec une herbe bien verte et devant, en contre bas, l'eau qui recouvre les ronces et mouille les taillis fauves des châtaigniers Dans le large fossé, l'eau coule abondamment. Je laisse boire mon étalon, les juments s'approchent et en longues lampées boivent à leur tour. On remonte ensemble et je lâche mon  troupeau dans la clairière.

    Nous faisons partir trois chevreuils train arrière en panache blanc. Que vais-je cueillir comme champignon, des cèpes, si j'en trouve encore, d'autres bolets peut être. Je ne me vois pas manger des pézizes encore moins une langue de bœuf en salade sans assaisonnement. Finalement, je trouve quelques bolets châtain et des russules charbonnières. Me voici de nouveau torse nu, chemise-panier bien remplie à la main. Ma cavalerie est bien occupée à tondre la clairière. Je les laisse. De toute façon ils ne peuvent se sauver. J'accroche les brides à la branche d'un petit hêtre. En revenant au bivouac avant de bifurquer vers mon petit bois de boulot j'aperçois un pommier. Il est sur la droite derrière un haut taillis de noisetiers. Les pommes sont toutes menues un peu acides, je remplis mes poches et sur ma lancée je dépouille un dernier noisetier. C'est ainsi chargé que je retrouve mes pins et la rivière. Deux lapins détalent à mon arrivé mais, sans mon fusil, je suis  comme un maçon sans truelle. Toujours pas de secours en vue et j'ai des trous dans mes chaussettes. Le niveau de l'eau a-t-il baissé ? Peut être, mais le courant reste impressionnant. Le soleil est au couchant. Je reprends mon ramassage de bois pour la nuit. Je prépare mes champignons et remets la chemise imprégnée d'une  odeur puissante et sauvage. Sur une grosse bûche en guise de grill, bolets et russules dégagent une odeur gourmande et prennent un bon goût de noisettes. Mes petites pommes à la cuisson deviennent presque comestibles.

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