Ce coq là n’était pas silencieux come celui qui, crête au vent, tourne sur son axe bien huilé au sommet du clocher. Il chantait matines sur le mur du jardin de la cure et réveillait tout le quartier et notamment le bon curé .On dit que les coqs des clochers n’ont pas de pattes .Certains expliquent malicieusement t qu’ils n’en ont pas besoin ,puis que chez les curés il n’y a rien à gratter .Mais ce coq là avait deux pattes bien accrochées dans la mousse du mur tandis qu’il lançait ses cocoricos. Elles lui servaient de train d’atterrissage pour faire un piqué dans le parc à salades qu’il grattait sans retenue. Un peu à la fois l’idée de lui tordre le coup a germé dans la cure .La décision n’était pas facile à prendre. Ce sont les circonstances qui ont précipité l’affaire. Un invité de marque, l’évéque en personne s’annonçait et Suzanne fait savoir qu’elle a trouvé une jolie recette de coq au vin .Dés lors, Le sort du coq était scellé. Il a terminé son existence dans l’assiette de Monseigneur. Le propriétaire du coq ne l’entendant plus chanter fait une enquête de voisinage. Il se heurte d’abord au silence complice de ceux qui savent, puis s’entend dire de manière sentencieuse : « coq bavard, coq au pinard ». Intrigué, il sonne à la cure et dit au curé son étonnement devant le double silence : celui de son coq et celui des gens. Ah, mon pauvre ami lui dit le curé qui se souvient des cocoricos tonitruants mais aussi de la douce musique du coq en train de mijoter : « trop parler nuit, trop gratter cuit », il continue en chantonnant « trop manger n’est pas sage…. l’amour est de tout âge … pendant la nuit, tous chats sont gris » (1) puis, porte fermée, il ajoute en marmonnant entre ses dents : « T’en es marri ? Moi je me marre et désormais, je dors » La morale de cette histoire : « Du curé ne grattez pas les scaroles sinon, c’est la casserole »
Voila une belle histoire où pour une fois la victime n’est pas le curé. « Bouffer du curé» , oui mais avec modération car « trop manger n’est pas sage ».Il y a certains acharnements anticléricaux qui révèlent parfois que ce n’est pas un cléricalisme en déclin ou disparu mais l’évangile lui-même qui dérange . Les prêtres qui aux indes prennent le partie des intouchables, ceux qui au Nord Brésil sont avec les paysans sans terre, ceux qui durent dans une présence active dans les quartiers difficiles en France, ceux qui se solidarisent avec les sans papiers dérangeraient en travaillant à ce que « les derniers deviennent les premiers » (2)…..Mais je me tais car « trop parler nuit » et il pourrait m’en cuire..
(1) Chanson de collé
(2)Evangile Matthieu ch. 20 / 16