Les musulmanes sont parfois voilées, les musulmans s’identifient parfois dans leur tenue, les bouddhistes, les hindous portent souvent le turban tandis que leurs femmes se drapent dans leurs saris. Les juifs se distinguent parfois avec le chapeau noir et des tresses.
Les chrétiens n’ont pas de chapeau qui les distinguent. Ils portent le sombréro au Mexique, le chapeau melon à Londres, le béret basque au Sud de la Loire et la casquette au Nord. Ce qui distingue le chrétien de l’incroyant, ce n’est pas ce qu’il a sur la tête mais sous le chapeau et dans le cœur, à savoir la foi en Jésus. Dans la lettre à Diognéte, un apologiste du 2 éme siècle racontait déjà que « les chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par le pays, ni par la langue, ni par les vêtements. Leur genre de vie n’a rien de singulier, ils se conforment aux usages locaux …Ils ne vivent pas selon le monde, mais ils vivent dans le monde et se retrouvent indistinctement avec les autres hommes dans toutes les activités de la cité terrestre». Les chrétiens portent la même coiffure que les gens avec qui ils vivent, le dernier concile, 2000 ans après Diognéte, l’invite à partager leurs rêves et leurs aspirations. « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur…. La communauté des chrétiens se reconnait donc réellement et intimement solidaire du genre humain et de son histoire. »(1)
L’Eglise n’est pas une armée où tous devraient porter la même casquette comme les fidèles de mao jadis. Plus personne n’oblige les chrétiens à prier en latin au nom d’une certaine uniformité, ni à se mettre une croix sur la poitrine comme les chevaliers de la table ronde ou les croisés. Les femmes se couvrent et se découvrent dans les églises comme elles le veulent, jusqu’à un certain point bien entendu! (Reste les hommes, encore ‘’discriminés’’, qui doivent s’y découvrir même s’ils n’ont plus de cheveux et qu’il fait froid.) Chaque peuple selon ses coutumes célèbre Jésus le Vivant dans sa propre langue et sa propre culture.
En Jésus, Dieu s’est montré humain, partageant le tout de notre humanité, il est de la responsabilité de chaque chrétien de faire connaitre cette « humanité de Dieu »en vivant en communion avec ses proches, avec ceux qui portent le même chapeau, le même béret ou la même casquette.
Alors, si quelqu’un demande à un chrétien :
-« Quelle est ta religion ? Je te le demande car tu n’affiches pas la couleur ! Tu portes le chapeau de tout le monde »
Le chrétien répondra :
-« C’est vrai rien ne me distingue, mais Dieu voit dans le secret et c’est ce qui importe.».
Le questionneur relancera peut être la question insidieusement ou sournoisement :
-« Ceci est il vrai aussi pour les cardinaux » ?
Le chrétien répondra :
-« Les cardinaux sont les seuls baptisés à recevoir avec leur mission, le chapeau(2), un grand chapeau poilu, un peu ridicule, à vrai dire. Et les ‘’pauvres’’, Ils doivent le porter dans les grandes occasions, même quand il y a du vent sur la place St Pierre ». (3)
Pour conclure le chrétien ajoutera, facétieux :
-« Il faut beaucoup d’humilité pour accepter de se déguiser ainsi : robe rouge et chapeau noir. »
Et s’il connait ses classiques, il conclura non sans humour:
« Ce qui est nécessaire n’est jamais ridicule » a dit Gondi, il était cardinal de Retz, il savait sans doute de quoi il parlait et pourquoi il est indispensable et sans aucun doute vraiment nécessaire que l’église fondée par un prophète « doux et humble » qui n’avait même pas « une pierre à se mettre sous la tête » soit gouvernée par des princes en chapeaux !!.(4)
(1) Gaudium et spes
(2) Exception faite pour le président de la République française qui recevrait encore la barrette de chanoine du Latran. La mitre des évêques, chapeau pointu à double queue est un vêtement liturgique qui accompagne le culte, ce qui ne la rend pas plus facile à porter.
(3)Le préposé au vestiaire dans la sacristie de St Pierre doit- il dire : Son Eminence veut elle son chapeau à poils de cardinal ou son Eminence veut elle son chapeau de cardinal à poils ? Pour simplifier on pourrait raser les poils… du chapeau bien entendu. !
(4) Du temps de Diognéte ,il n’y avait pas encore de cardinaux .Le rouge n’était pas une distinction honorifique mais la couleur du sang des évêques martyrisés au temps des Antonins.