chapitre 4 l’héritage
« Aux branches claires des tilleuls meurt un maladif hallali
Mais des chansons spirituelles voltigent parmi les groseilles » Arthur Rainbeau
« C’était je me le rappelle, dit Proust, un arrêt du train en pleine campagne .Le soleil éclairait jusqu’à la moitié de leur tronc une ligne d’arbres qui suivait la voie de chemin de fer. « Arbres pensais je, vous n’avez plus rien à me dire, mon cœur refroidi ne vous entend plus. Je suis pourtant ici en pleine nature, eh bien, c’est avec froideur, avec ennui que mes yeux constatent la ligne qui sépare votre front lumineux de votre tronc d’arbre .Si j’ai jamais pu me croire poète, je sais maintenant que je ne le suis pas.(4)
« Si j’avais vraiment une âme d’artiste , ajoute Proust , quel plaisir n’éprouverais je pas devant ce rideau d’arbres ,éclairé par le soleil couchant, devant ces petites fleurs du talus qui se haussent presque jusqu’au marchepied du wagon, dont je pourrai compter les pétales, et dont je me garderai bien de décrire la couleur comme feraient tant de bons lettrés ;car peut on espérer transmettre au lecteur un plaisir qu’on a pas ressenti ?(4) Je ne sais si mon père était poète et artiste .Il se taisait devant le coucher du soleil et ne décrivait pas avec emphase les couleurs du ciel mais il n'a jamais regardé les arbres d'un" cœur froid" et insensible. Il nous a au contraire transmis son amour des arbres, un amour et un plaisir vraiment ressenti,une transmission réussie que je vous conte dans un nouveau chapitre , le cinquième de cette nouvelle ..Un chapitre plus personnel,plus familial presque domestique.