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  • La rivière chapitre 1 bis

     

     La rivière comme « un chemin qui marche »(1)  me porte jusqu'au chêne auquel je m'accroche comme un naufragé au radeau de la Méduse (2). La branche la plus basse est déjà noyée tant monte vite le niveau de l'eau. Je m'accroche au dessus et m'y agrippe. Mon dos est à fleur d'eau. Soudain me vient une scène de Panurge dans la tempête : « Frère Jean, mon ami, mon bon père, je me noie, je me noie, mon ami je me noie ! Nous sommes au dessous de sol dièse je me noie. A cette heure, c'est bien le moment de faire le poirier fourchu, les pieds en haut la tête en bas ! » (3) Je réussis à glisser mon pied droit dans la fourche de la branche basse et d'un coup de rein, j'atteins enfin une grosse branche du couplet. Me voila installé, bien calé deux mètres au dessus de la rivière. La fraîcheur du petit matin me glace. Il faut tenir en attendant les secours. Je retire le portable de mon pantalon trempé. Cette fois, il semble bien mort. Je l'accroche à une branche comme du linge sur un fil à sécher. Mes pieds sont gelés et ce vent du Nord, mon complice de la nuit, lui qui a poussé mes colverts jusqu'au marais, voila qu'il me glace la chemise sur le dos. Le soleil se lève maintenant et dissipe lentement, trop lentement, les basses brumes. Mon chêne a gardé ses feuilles rousses, chaudes couleurs qui ne chauffent rien, pas même mon œil froid, indifférent à la féerie de l'automne. Combien de temps suis-je resté à me geler sur ma branche ? Une éternité, de celle dont on dit qu'elle est longue surtout vers la fin ! Mais que font ils donc ?

    (1) Pascal, pensées

    (2) Géricault  Le radeau de la méduse

    (3)Rabelais  le quart livre