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  • chapitre 3 Octave

    une tête de lard,les procéduriers 

    Un vacancier trouve  en forêt un pic de  bucheron marqué de deux points noirs .Son propriétaire présumé n’en veut pas.  Cela éveille les soupçons de Cécile qui se souvient  de la disparition mystérieuse  d’Octave 4 ans auparavant.

     

     

    CHAPITRE 3 Octave

    " L'enfer est tout entier dans ce mot solitude" V. H. la fin de satan

    Octave était procédurier, il avait fait toute sa vie des procès. Pour différents prétextes la moitié du pays avait du se rendre au tribunal. Personne n’était épargné même pas les membres de sa famille. Un entrepreneur pour une fuite dans la tuyauterie, une contestation au moment du partage, une querelle autour d’une borne déplacée, un dépôt de matériau sur le bord de sa propriété, un arbre abattu en limite de cadastre. Les procès trainaient en longueur, ils attisaient la haine des parties adverses et faisaient le bonheur des juges et des avocats qui le «  grugeaient »  comme le Perrin de la fable(*), ce fameux juge qui avait grugé l’huître et partagé à chaque partie les écailles vides. Ces procès ne lui attiraient pas la sympathie des gens du village, Octave le savait. Il devenait de plus en plus taciturne, il s’enfermait dans son mutisme. Il participait le moins possible à la vie du village. Ses seules visites étaient pour la cure, car le bon prêtre l’écoutait avec un bon sourire et débouchait pour lui son meilleur vin blanc. Octave sortait de là réconforté avec le sentiment d’être compris.

    Un beau jour d’automne, Octave est parti de bon matin, seul dans la forêt, la hache  et le pic sur l’épaule pour faire son bois, il n’est jamais revenu. En fin d’après midi, quand la colline est devenue violette, et que s’est allumée l’étoile du berger, sa femme s’est inquiétée. On a prévenu le maire, puis le garde-forestier et enfin la gendarmerie et la sous- préfecture. Le lendemain dès le lever du jour une équipe s’est mise en route avec le garde et deux gendarmes en direction des bois qui lui étaient attribués. Octave avait beau être le mal aimé, c’était quand même un enfant du pays. La troupe s’est rendue au delà du torrent qui coupe en deux la forêt, puis est montée dans un chemin en lacet. Le garde en tête donnait le rythme, la troupe suivait allégrement. Seuls peinaient les gendarmes. Ce qui ne déplaisait pas à la troupe. Ils s’amusaient de les entendre souffler. Dans la clairière, ils se sont tous assis sur quelques troncs de vieux hêtres, ils ont sorti casse croûte et vin blanc et mis d’accord sur la tactique la meilleure. On séparerait la troupe en trois équipes, chacune dans une direction avec un circuit qui les ramènerait au point de départ en début d’après midi pour un pique nique un peu plus sérieux. Si une équipe trouvait Octave, elle le ramènerait si possible à ce même point de départ et préviendrait les autres en sonnant de la trompe. C’est le garde qui dirigeait la manœuvre. Les gendarmes avaient perdu toute autorité en soufflant comme des bœufs dans la montée. Ils auraient bien demandé d’être dispensés de la recherche mais ils n’osèrent pas. Trois heures durant, les équipes ont battu les fourrés sans rien trouver. Octave s’était volatilisé. La troisième équipe avec le garde en tête s’est attardée sur un chantier ouvert récemment avec deux sapins abattus et un troisième découpé et en partie traîné dans la pente. C’était un lot attribué à Octave. L’équipe a cherché tout alentour mais n’a rien trouvé. Apparemment, il avait commencé la veille à travailler. Une bonne heure pour chacun des sapins, une demi-heure pour la glisse. Il devait être l’heure du casse croûte quand Il a arrêté le chantier et ne l’a jamais repris. Que s’est il passé  ? S’est il senti mal ? Il aurait voulu descendre chercher de l’aide et se serait évanoui quelque part dans la descente ? Les hypothèses vont bon train. Finalement, les trois équipes décidèrent de se rendre sur le chantier inachevé d’Octave et de descendre en tirailleur jusqu’à l’orée du bois en direction du torrent. Alourdie par le jambon de pays et la tomme bien arrosée, la troupe se mit en marche lentement jusqu’aux trois sapins abattus et de nouveau elle se sépara. Cette portion de forêt était  très dense et la dernière tempête avait fait du dégât. Ils durent enjamber des troncs de chênes et de charmes enchevêtrés, patauger dans des fondrières alimentées par des sources abondantes, contourner des halliers d’aulnes blancs et d’églantines, escalader des rochers pleins de mousse, de fourmilières et de rhododendrons en fleurs. Le petit blanc était dans la chemise et toujours pas d’Octave. La troupe rentra bredouille au village et se rendit à la mairie. Le maire avait tiré dans la salle du mariage le tableau noir de l’école. Il demanda au garde de s’expliquer avec une craie à la main. Tout le village était là. Le garde traça les parcours de la journée. Et chacun fût amené à dire son point de vue.

    -« Vous avez perdu votre temps dit le grincheux de service. Je connais Octave, s’il s’était senti malade, il n’aurait pas bougé en plein midi. Il aurait commencé par faire sa sieste et serait mort en dormant. On l’aurait retrouvé sur place. Il s’est passé quelque chose. Quelqu’un qui lui en veut et il y en a quelques uns au village. Quelqu’un, lui a joué un tour. Il faut chercher de ce coté là ».

     

     

     

     

    * L’huitre et les plaideurs.  La Fontaine

    prochaine épisode  le Samedi  11 Aout