Le Houtland (Flandre boisée) qui a vu pousser le chêne au pied duquel nous sommes nés est un peu, « mutatis mutandi » comme la Creuse dont parle Michel Serres dans sa "Biogée" : « paradis d’arbres isolés, Le chêne roi, le hêtre, le charme, le châtaignier, le tilleul centenaire et le séquoia colossal, le cèdre élégant étalant sa pagode, l’érable parfois, chacun explose en son essence. » « le bois de ces arbres parle aux muscles de mon tronc, leur écorce à ma peau , leur sève à mon sang, oui, je sens leur branchages se dresser comme mes membres ». Poésie pure ? Romantisme ? Volonté de ré enchanter le monde? Communion à la nature ? On est aux antipodes de Descartes qui voyait toute la philo comme un arbre, dont les racines sont la métaphysique; le tronc la physique; et les branches qui sortent de ce tronc, les autres sciences : médecine, mécanique et morale. Voila une planche explicative pour laboratoire, on est loin des dieux antiques et de leurs métamorphoses poétiques : « Ainsi Philémon aimait tant Baucis qu’à la veille de leur mort, Hermès et Jupiter les changèrent tous deux en chêne et en tilleul et quand le vent soufflait, l’un caressait encore tendrement de ses rameaux, les splendides ramilles de l’autre. » Voila une belle histoire d'amour.
J’imagine une forêt de famille : La peupleraie de l’aîné, entourée des pommiers en fleurs du cadet, protégés des vents du Nord par les chênes du troisième ,.En lisière , les halliers et les épines noires de la Sambre en souvenir du quatrième .Plus loin ,un grand bois de vieux sapins oubliés et d’aiguilles à champignons pour le cinquième et des peupliers blancs ,des saules , des sycomores et des argousiers couchés par le vent qui souffle sur les côtes pour le beau frère . Si on y ajoute les tilleuls argentés et les douglas du benjamin cela ferait un joli bois pour une fratrie boisée. Il faudrait qu’Hermès et Jupiter s’y mettent et qu’Eole s’active pour que rameaux et ramilles à défaut de caresse se donnent la main, une main fraternelle, vigoureuse et virile sous le regard plongeant du patriarche.
« Aux branches claires des tilleuls meurt un maladif hallali
Mais des chansons spirituelles voltigent parmi les groseilles » Arthur Rainbeau
L'été n'est pas fini.Il est encore temps de commander mon livre : Nouvelles forestières édité aux éditions Persée .Mon nom d'auteur est Louis Fernand Olbec.