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poésie - Page 39

  • LA RIVIERE chapitre 8

    ch.8 la décrue

       Résumé : Un chasseur surpris par la crue de la rivière, passe la nuit à la belle étoile.

    C'est l'aube. Je m'approche de la rivière prudemment et me penche en haut de la falaise. Il n'y a plus d'eau. La rivière s'est retirée sagement dans son lit, il est temps de quitter le mien, mon lit d'aiguilles de pin .Je rassemble les dernières branches de bois mort  et rallume le feu. Il ne reste plus qu'une bêtise à sucer, quelques noisettes, une pomme cuite et une dernière gorgée d'eau. J'ai froid. Je descends la falaise par la petite combe, mon pied me lâche, je glisse et me retrouve les 4 fers en l'air dans la boue. La berge est sale, les herbes couchées, baignées d'argile jaune. Des branchages entremêlés ont fait prisonnier des plastiques noirs, de vieux matelas, des ficelles, une poupée Barbie couleur glaise. Au loin, la passerelle qui enjambait la rivière a disparu. Je regagne mon bivouac en m'accrochant aux branches basses d'un aulne. Il me tarde d'aller voir ma cavalerie. Le petit bois de bouleau n'a pas bougé, j'emprunte le chemin à droite et parviens à ma clairière. Les chevaux ne sont plus là. Je regarde à gauche, à droite. Un lapin détale. La clairière est vide Que s'est il passé durant la nuit ? Ils se sont volatilisés, partis en « cavale » au sens propre. Je fais le tour de la clairière et remarque de nombreuses traces de sabots sous un noyer. Ils ont du se regrouper là pour la nuit. A proximité il y a un chemin, c'est par là qu'ils sont partis, les traces en font foi. Ce chemin est large, je m'y engage aussi vite que me le permettent mes pieds en chaussette. Je les écorche aux cailloux. Combien y avait-il de hauteur d'eau sur ce chemin durant la crue ? Il reste de ci de là des grosses flaques et les herbes sont peignées dans le sens du courant descendant. Après un  virage, c'est une longue ligne droite et toujours rien à l'horizon. Je m'arrête. Depuis combien de temps sont ils partis ? Il a fallut que vienne la décrue. J'ai sommeillé en fin de nuit et ne peut dire à quel moment l'eau s'est retirée. Ils sont sans doute loin maintenant. Et moi qui comptais bien revenir à cheval pour soulager mes pieds. Je m'en retourne un peu dépité en boitant jusqu'à la clairière. Et là, c'est le choc ! Au milieu des traces de sabots entremêlés, je vois nettement un pied de botte bien marqué dans la boue. Ainsi les chevaux ne sont pas partis seuls. Quelqu'un est venu les chercher. Qui donc, sinon moi, savait que ces quatre chevaux étaient dans cette clairière ? L'inondation faisait de mon bois une île. La décrue a libéré le chemin mais qui a pu l'emprunter dans la nuit et partir avec les chevaux ? Je ne vois pas d'autres traces que celle de cette botte, j'en conclus que le bonhomme est seul. En passant près du petit hêtre je m'aperçois que les brides n'y sont plus. Je suis vraiment contrarié. J'ai vécu une histoire étonnante avec ces magnifiques bêtes. Ce quadrige sorti des flots m'a sauvé la vie et le voila  évanoui dans la nature. Leur disparition casse la part de rêve de mon aventure.