Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Société - Page 69

  • retour

    Chapitre deux

    retour

     

     

    « Déja la nuit en son parc amassait

    un garnd troupeau d'étoiles vagabondes » du Bellay

     

     

    Tard dans la nuit, au retour des employeurs d'un soir ,Les demoiselles décident de rentrer à pied à la ferme d'en haut. La cote est rude et rend leurs propos haletants .Elles ne se sont finalement arrété de parler qu' apres le tilleul lorsque une éclaircie entre frêne et chêne a fait apparaître la lune puis les étoiles.

     

    « Au vent muet d'en haut les étoiles palpitent

    les plantes palissent à son souffle glaçé

    les millions d'yeux du ciel clignent ou s'écarquillent,

    Pourquoi leurs longs regards sont ils si étonnés ? (1).

     

    - « Tu vois comme moi , dit Régine. ?

    - «  Oui, lui répond Charlotte, On admire les étoiles sans penser que , Les étoiles, elles aussi nous regardent ! »

      - « Sont elles étonnées de nous voir marcher dans la nuit  ? » 

    Régine, c'est la blonde . Ses cheveux ondulent sur ses épaules et brillent légérement sous la lune comme un champ d'orge avant la moisson. Elle s'émerveille de la clarté des étoiles qui palpitent et scintillent ,qui clignent et s'écarquillent entre le tilleul , le frêne et le chêne(1). .

    Charlotte est brune, cheveux courts ainsi que les jambes  ; elle peine à suivre Régine.

    -«  Le vent muet la haut ne nous dit rien de ce que chantent les étoiles , (2), Cabrel prétend qu' elles se parlent entr'elles .Que disent elles de moi charlotte ? , de toi, Régine , de nous? ont elles entendues notre conversation ? Qu'en pensent elles ? Cela les fait il rire  ou pleurer?  » 

     

    Au loin dans la campagne derriére elles , les phares d'une voiture balayent en lumiére blanche les sombres douglas et la haut,  Majestueux, dessus le grand toit du manoir, sept clous articulés découpent la grande Ourse »( Peguy.)

    C'est à la hauteur du chêne que le badinage a cessé brutalement..La promenade paisible s' est transformée soudain en cauchemar . Montant la pente, elles entendent ronfler derriére elles une grosse berline qui les double.. .Charlotte compte 5 hommes ; 3 derriére et 2 devant. Notre présence sur cette route isolée en pleine nuit ne laisse apparammenbt pas ces hommes indifférents. Régine et Charlotte entendent la voiture s 'arréter plus loin devant elles et faire demi tour , grands phares allumés.Elles se planquent sur le coté pour la laisser passer dans la descente . La berline roule au ralenti . Les deux gamines voient de prés les 5 hommes derriére la vitre teintée. La voiture prend le virage dans une courbe descendante et s'arréte .

    .. Delphine et Charlotte sans se consulter se mettent à marcher plus vite. Puis à courir la peur au ventre.  Une peur soudaine,incontrolée.

     

    « La route balisée devient

    vivante et sonore

    par le moteur précédant le véhicule

    vivant et sonore aussi

    par l'écho du bavardage des promeneurs

    qui me parvient épuré du détail des mots

    l'arriére plan de forét donne au ciel

    un coup d'épaule,et les masses d'arbres

    font des vagues lourdes couleur d'algues

    Cet ourlet entre air et terre dramatise

    l'instant où j'oriente mon désir d'aller »(2)

     

     Les grands phares de la berline éclairent de nouveau le sommet du frêne ,du chêne,puis des deux platanes qui encadrent l'entrée de la ferme tandis que le bruit du moteur précéde le véhicule et se rapproche, menaçant. Au carrefour ,Delphine et Charlotte bifurquentr à gauche entre les deux platanes , entrent précipitamment dans la cour de ferme, contournent charrue et charrette et sécrasent contre la porte. Fébrilement Delphine sort sa clef. et tatonne en tremblant pour l' introduire dans la serrure . La grosse berline haletante s'est arrétée sous les platanes à l'entrée de la ferme ; Personne n'en descends tandis que la haut, indifférentes à la scéne, les étoiles  palpitent, «  millions d'yeux qui s'écarquillent pour de longs regards étonnés ».

    Occupées a ouvrir fébrilement la porte de la maison elles n'ont pas vu que la voiture bougeait sur place , , ni entendue l'immense éclat du rire des passagers.

     

     

    (1)Dans la revue Assomption 757

    (2)Appétit d'espace . Christophe Hardy. Chez Tituli