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vie spirituelle - Page 217

  • paix des cimetiéres

     

     

    Du cimetière de Béthanie à celui de Jellaz

    Assassinat  de Chokri Bélaîdmartyrs,assasinat politique,ressurection,procés truqué

     

     

     

    Il ne fait pas bon troubler la paix des cimetières même pour rendre  quelqu'un à sa famille. Jésus en a fait les frais à Béthanie autour du tombeau de son ami Lazare, après qu’il  l’ait invité à se lever d’entre les morts et rendu à ses sœurs  Marthe et Marie. Dés cet instant, au cimetière de Béthanie le meurtre est   décidé, (1)« prémédité ».Un meurtre politique : " Si on le laisse faire, les romains vont s’en mêler,il vaut mieux qu'un seul homme meurt pour le peuple" .Ainsi ,  pour avoir la paix, on s’écrase devant l’occupant romain au point d’imaginer un meurtre et d’oublier  la loi  et  le troisième commandement  du décalogue promulgué au Sinaï : « Tu ne tueras pas » !

    La foule immense qui s’est pressée pour accompagner  Chokri  Belaîd  au cimetière de Jellaz à Tunis criait : «  levez vous, il est mort pour nous ».J’associe à la mort de Chokri  celle de Sadate , Luther King  ,  John Kennedy et de bien d’autres  victimes d'assassinats politiques mais j'y associe aussi les longs emprisonnements de Nelson Mandela et Aung San suu Kyi  sans oublier les prisons chinoises , coréennes,israeliennes où croupissent  encore aujourd’hui des milliers de prisonniers politiques. La décision de tuer Jésus est donc bien politique  comme, sans doute,  l’exécution de Chokri.

     Mais l’occupant romain et  les  princes des prêtres sont  plus malins qu’Ennada, le parti au pouvoir en Tunisie. Ils  ne veulent  pas se salir les mains  et provoquer une émeute. Ils vont   imaginer  une arrestation  par une bande  de mercenaires « sous contrat », armée de piques et de bâtons  et la faire  en pleine nuit, dans un jardin, à l’écart. Il leur  faudra de plus soudoyer   un  ami   pour qu’il le trahisse, trouver de faux témoins pour un procès truqué.  Il a fallut aux assassins, comble de la  collaboration, avoir recours à l’armée d’occupation  pour exécuter le condamné. Jésus  va    perdre  son procès, un simulacre de procès. La sentence est sans appel, elle est  très vite exécutée. Son corps repose sous la pierre, on a roulé le rocher  devant l'entrée du sépulcre, l’ordre règne à Jérusalem. C’est la paix des cimetières en cette  nuit, veille de Sabbat.

     : Les princes des prêtres dorment  tranquillement, les marchands du temple font leur compte, Pilate s’essuie les mains, les soldats ont regagné leur caserne, l’un d’entre eux a une tunique d’une seule pièce sous le bras, c’est celle de Jésus, il l’a gagné aux dés. Les pharisiens, les  gens bien "installés" et les biens pensant sont satisfaits, on ne  viendra plus changer  leur religion et risquer  de contrarier l’occupant. Il ne reste plus  au Golgotha  se détachant sur  un ciel  en feu, que trois   croix dressées , rougies du sang des supplicié et une pancarte clouée au sommet  écrite en plusieurs langues  qui  désigne Jésus  par dérision comme le roi  des juifs.  Un roi couronné  d'épines.(2)

     

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    Mais la mousse ne poussera pas  sur le rocher  rond  qui ferme le tombeau. C’est Marie Madeleine qui la première verra  qu’il a été  roulé. Pas le lendemain, car c’est le Sabbat, mais au petit matin du Dimanche, premier jour de la semaine juive. Alors qu’il fait encore nuit, elle se rend  au tombeau avec des aromates pour achever d'embaumer le corps selon la coutume juive. A l'Orient, au loin, le ciel s'éclaire, c'est l'aube. Mais voici que  le rocher  est roulé et le corps de Jésus  a disparu. Ainsi, pense Madeleine,   les méchants  continuent  de  s’acharner sur lui. Bouleversée, elle court  pour avertir  Pierre et Jean. « On a enlevé le corps  de  Jésus et je ne sais où ils l’ont mis» (3) Jean avec Pierre se met lui aussi à courir .Il est bouleversé  mais  pas  de la disparition du corps. Il est bouleversé, et soudain, se lève en lui un immense espoir, vaste  comme la lumière  rose   qui  embrase maintenant  le Levant. Et si Dieu  avait pris le parti de Jésus, s’il lui avait donné la victoire, s’il l’avait  glorifié à jamais. Tout en courant il se rappelle  les dernières paroles de Jésus :  «Père l’heure est venue, glorifie ton fils …j’ai manifesté ton nom aux hommes, maintenant ils savent que tout ce que tu m’as donné vient de toi…Ils ont cru que tu m’as envoyé… .Je leur ai donné ta parole et le monde les a pris en haine… …Je leur ai révélé ton nom pour que l’amour dont tu m’as aime soit en eux et moi en eux »(4)

    Jean, plus jeune arrive avant Pierre au tombeau. C’est bien comme Madeleine a dit, la pierre est roulée  et le tombeau est vide .Il voit et  il croit« Il vit et il crut »(4bis).MarieMadeleine voit et pleure, Jean voit et croit. Dieu a   fait appel du jugement de Pilate. Il a pris le parti de son "serviteur souffrant". Il a donné la victoire au crucifié. Pour Jean, Jésus ne pouvait pas vraiment disparaitre  de par son intimité avec son Père .Le tombeau vide, catastrophe pour Marie Madeleine, est pour Jean un signe. « Il vit et il crut ».La foi pascale est née dans cette révélation  fulgurante, non pas  seulement à cause  de la pierre roulée  et du tombeau vide mais  a cause du    souvenir  des paroles indicibles  partagées  avec le pain  lors de la cène : « Père l’heure est venue, glorifie ton fils ».La foi pascale  est née dans la lumière rose du levant  auprès  de  ce sépulcre  ouvert en ce matin de Pâques. Longtemps après, Jean va écrire son Evangile  comme un grand procès que « le monde »(5) a fait à Jésus  et à ses disciples .Un procès qu’il ne pouvait perdre  avec  le Paraclet ,son avocat ,(5 bis).Le rocher roulé ,fait signe. Dieu  a brisé le cercle  fatal de la mort dans lequel était  enfermée l’humanité.  Blanchi de toute accusation, Jésus  entre dans la Gloire de Dieu son père.

     

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    Beaucoup de chrétiens de par le monde payent un lourd tribut à  leur fidélité à Jésus, leur foi  en ce "Messie crucifié"  .Ils subissent des persécutions : Nigéria, Chine, Indochine, Irak  etc. Le monde leur fait  à eux aussi un procès : Ils, pardonnent trop facilement, refusent de juger, sont naïfs, trop ouverts à ceux qui galèrent : l’étranger, le sans domicile, le sans  travail, le sans papier. Ils refusent  de se plier à ceux qui  font de l'histoire un Absolu, aux totalitarismes de tout bord. L’évangile  dérange par son appel à la pureté,à la liberté. Certains n’acceptent pas que Jésus ait pu chasser les marchands du Temple  et  mis en garde  contre le danger des richesses. Jésus avait prévu ces persécutions (6) mais  avait prédit la victoire de l’Amour sur la haine. Entré dans la gloire par sa résurrection, premier né d’entre les morts, il  ouvre à l'humanité une immense espérance.

     A la fin des temps, quand Jésus reviendra , le nom  d'Aung Sam Suu Kyi ,ce nom  si difficilement prononçable  sera béni avec les noms de tous les bienheureux qui ont  vécu selon  les béatitudes, de tous les martyrs qui ont sacrifié leur vie à la cause humaine , des assassinés  politiques  qu’ils soient chrétiens ou non :Chokri Belaid ,Sadate  et Luther King,avec Christian et Christophe et  les autres moines de Thibérine   et  la longue liste  du martyrologe  depuis 2000 ans .

     

    (1) Jean ch. 11 :

    (2)INRI : Jésus Nazareth Rex  judaeorum. : Jésus de Nazareth le roi des juifs. Jean ch.19/19

    (3)Jean ch.20/2

    (4)Jean ch.17

    (4bis) jean Ch. 20/8
    (5) le monde : Jean ch. 15 et 16

    (5bis) Jean ch.15/ 5 à 15