Nécessité fait loi
A cheval sur deux années, la « nécessité » à Dunkerque cet hiver fut de se protéger contre le froid. « Cette nécessité a fait loi » pour 3 maires qui ont ouvert pour quelques semaines aux réfugiés migrants des abris chauffés. Le pouvoir a traité ces maires de « hors la loi »et les a menacés à mots à « peine couverts »(1) .Quelle est donc cette loi qui interdirait de porter secours à des frères en danger ? Quelle est donc cette loi qui s’imposerait aux consciences ?
« Nécessité fait gens mesprendre(2) et faim saillir le loup des bois » chantait Villon(3). Il a bien de la chance monsieur le sous-préfet que dans ces bois, cette « jungle » comme ils disent, les réfugiés sont des agneaux et non des loups .Leur gentillesse, leur sourire dans l’adversité font l’admiration des humanitaires qui leur tendent la main.
« Faire souffrir est la seule façon de se tromper » disait Camus(4) Par contre on ne se trompe jamais quand on fait preuve d’humanité, quand on obéit à la voix de sa conscience .Désobéir à la loi dans cette désolation « C’est la subversion de l’abîme »à la manière du « Fils de l’homme qui est venu chercher et sauver ce qui était perdu »(5). « L’abîme, c’est l’en bas et l’en dehors…. C’est là où sont les exclus, les impossibles…sans place, sans parole, sans visage »(6) Du fond de cet « abîme », dans une démarche « subversive », Je réclame avec les 3 maires en question et bien d’autres humanitaires, l’honneur d’être un « hors la loi ».
(1) BRRR… !
(2) « Mesprendre » : Commettre un délit en vieux français.
(3) Ballade des femmes de Paris, François Villon.
(4)Caligula, Camus.
(5) Luc 19/10.
(6) Maurice Bellet Le Dieu sauvage Bayard : « Subversion de l’abîme…subversion prodigieuse en vérité. L’abîme n’est pas ce qui fait la détresse humaine, y compris la plus honteuse et la plus ravageuse : il n’y a pas de poubelles de l’humanité .L’abîme c’est le refus que tout être humain soit humain de grande humanité, digne infiniment d’être connu, respecté, aimé, avant tout mérite et toute dignité. »