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Chapitre 2 le journal s’en mêle
Si un homme auprès de nous vient à manquer à son visage de vivant, qu’on lui tienne de force la face dans le vent. (4)
Dans la nuit le chien est mort. La SPA fait paraître un article accusateur dans le journal.
L’accident est relaté correctement. Le journaliste avait pris la précaution de téléphoner à la base et rectifié avant de l’imprimer la version trop partisane du plaignant. Le commentaire de la SPA par contre est un véritable réquisitoire. Les pilotes sont désignés comme des gens dangereux, inconscients et immatures (sic)« Ils pratiquent un sport qui met en danger la vie d’autrui et tue de pauvres animaux innocents. Si au lieu du chien, c’était un enfant, qu’auraient ils dit aux parents ?etc., etc… Je vous en passe et des meilleurs.
Le lendemain, Les commentaires vont bon train dans les vestiaires du club. L’un propose d’aller tous ensemble à la SPA pour s’expliquer avec le responsable de l’article .Un autre s’engage à demander un droit de réponse au journal , un troisième qui possède un chien dit qu’il faut simplement écrire à la direction de la SPA pour calmer le jeu. Finalement Serges va rédiger un article pour le journal et le président une lettre pour la SPA. On en reste là .Le vent vient de la mer la plage est belle, on ne va pas gâcher son plaisir pour un article dans la journal. D’ailleurs, qui est allé alerter la SPA ? Est-ce le propriétaire du chien ou quelque mauvais coucheur qui en profite pour régler ses comptes ? "Il faut être léger comme l'oiseau et non comme la plume ",disait Valéry,ce journliste est bien léger dans son jugement,et sa plume est un peu lourde. En descendant la rampe qui mène sur le sable, aucuns des pilotes n’a remarqué sur la plate forme qu’occupe en été les surveillants ,un homme armé d’un puissante paire de jumelles accompagné d’une femme qui les prend en photos et prend des notes .C’est la SPA du coin qui les a fait venir de la fédération pour enquêter .La femme note tout ce qui lui semble anormal et dangereux. La vitesse, le nombre de fois ou se lèvent les grisards et les mouettes au passage des chars. Ils interrogent les promeneurs accompagnés de chiens , leur demandent ce qu’ils pensent des chars, de leur vitesse S’il ne faut pas légiférer pour limiter la vitesse, les équiper de freins ; d’avertisseurs. Autrement dit, n’importe quoi !
De retour de « l’épave » ,5 chars s’arrêtent un instant au pied de la rampe. Les pilotes partagent les commentaires habituels sur la course qu’ils viennent de faire. Loïc repère le bonhomme à la jumelle et la bonne femme qui les prend en photo.
-Les gars, on est surveillé. Ne vous retournez pas. Ils sont à deux sur la plate forme, je suis persuadé que c’est pour nous piéger.
-Bon ! On fait semblant de rien, on couche les mats, on remonte la rampe et on leur demande ce qu’ils fabriquent et qui les envoie.
Nos 5 pilotes basculent leur char et remontent doucement la rampe, ils voient nettement la femme prendre encore une photo, ils contournent le poste et montent de chaque coté les quelques marches qui mènent à la plate forme. L’arrivée de ces hommes en casque et revêtus de combinaisons étanches sur la petite plate forme tétanise les envoyés de la SPA. Loïc les interpelle sèchement :
- Que faites-vous ici ? Qui vous envoie ?
-Euh ! C'est-à-dire qu’on nous a demandé de vérifier les conditions de sécurité sur la plage.
-On ? C’est qui on ? Qui vous a commandé d’enquêter ? Qui vous a autorisé à prendre des photos ?
D’un geste brusque, Fernand arrache de l’épaule de la femme l’appareil photo.
-Vous ne l’aurez à rendre que si vous nous dites tout sur vos commanditaires.
Fernand ouvre l’appareil, retire la mémoire et la met en poche.
-On est envoyé par la SPA de Paris ils veulent savoir si les chars ne mettent pas en danger les
Chiens suite à l’accident et la mort de l’Epagneul.
-La plupart des pilotes ont un chien, croyez bien qu’on est désolé de ce qui est arrivé.. C’est la première fois que ça arrive .On n’a pas apprécié la manière cavalière de la SPA de nous traiter d’irresponsables et surtout d’immatures. La plage est interdite aux chiens errants, ils doivent être tenus en laisse. Les chars ne roulent que quelques heures par semaine selon les marées et le vent. On les voit de loin. Ceux qui promènent leur chien et veulent leur laisser un peu de liberté ont tout loisir de choisir les bonne plages horaires.
-Voila, dit Fernand, je vous rends votre appareil, mais on ne veut plus vous voir trainer par ici .Dites à vos commanditaires qu’ils mettent fin à cette mauvaise querelle et nous laissent pratiquer notre sport en toute tranquillité.
(4) St John Perse vents