30 au carré multiplié par quatre(1), ça fait 3600 bisous tous les matins dans cette classe de lycée où tout le monde embrasse tout le monde. Une seconde par bisous cela fait donc 3600 secondes divisées par 60, cela nous fait 60 minutes tous les matins, avant de commencer le premier cours à supposer que le professeur attende patiemment que les effusions se terminent et reste sur son quand à soi. Une heure tous les matins à montrer qu’on s’aime bien, ce n’est pas trop et cela donne du sens à tout le reste. L’étude des matières n’est plus objet de compétition, une course à la réussite individuelle mais devient une nécessité pour mieux servir plus tard : Bien servir le client si on étudie le commerce, le patient si on étudie les maladies, le consommateur si on étudie l’agriculture, l’usager si on étudie les techniques du transport, le lecteur si on étudie la littérature, le touriste étranger si on étudie les langues etc. Reste une saine émulation amicale dans un travail d’équipe entre gens qui s’estiment et se respectent. L’heure du matin à s’embrasser n’est donc pas perdue mais gagnée .Or la voici menacée par le virus H1N 1.
A la rentrée, les lycéens porteront sans doute un masque, ne pourront donc plus s’embrasser et seront invités à ne même plus se serrer la main. Que faire de cette heure arrachée à la tendre congratulation du matin ?
Dans les classes ou les élèves ont devant eux leur ordinateur portable, ils pourraient consulter la dernière note des blogs des amis de la classe ou leur envoyer un bisou sur le net. .
Dans les classes moins équipées où les élèves ont tous un téléphone mobile, on pourrait imaginer que tous appellent le numéro d’un autre élève à la première heure de classe lundi matin, simplement pour dire après les sonneries discordantes : « je t’embrasse, bisous ! ».Mais il parait que les ondes maléfiques qui « bombillent » autour des portables sont plus nocives que le virus H1 N1 surtout quand on les additionne au carré.
Que faire donc pour signifier à tous qu’on les aime, qu’on veut avec eux travailler pour mieux servir l’humanité, que les autres élèves sont des frères à aider et non des concurrents à enfoncer? Peut être simplement se mettre de suite au travail en arrivant en classe dés le lundi matin et attendre la récréation pour se parler au travers du masque. Faire marcher les oreilles qui ne craignent pas le virus, m’a-t-on dit, pour écouter attentivement ce que les amis ont vécu en fin de semaine : joies ou galères. On peut aimer les autres sans bisous alors que l’on peut parfois distribuer des bisous sans beaucoup s’aimer voir même se détester ou trahir comme le fit un jour Judas.(2) En attendant l’automne , il est encore possible de s’embrasser avec ou sans modération mais évitons de faire des bisous à un gars ou une fille dont on a dit du mal une heure avant ,ce serait du H1 N1, an Hypocrisy Number one, c’est mortel disait Racine!(3) Ceci est une pure hypothèse d’école car les français sont « francs » d’origine et ne sauraient l’oublier. Et comme aurait dit Clovis: « Bonne claque entretient l’amitié mieux que mauvais baiser ».(4) Mais il est possible encore que :
« Les élèves de la classe aux bisous se lassent de la lèche aux bajoues »(5) et que la pandémie qui s’annonce crée une nouvelle mode, celle du clin d’œil par exemple, 4 fois plus rapide que le bisou.
(1) habitude locale des gens du Nord : on s’embrasse deux fois sur les deux joues et comme chacun sait en arithmétique : deux et deux font quatre.
(2) A la tête de la bande marchait Judas l’un des douze, il s’approcha de Jésus pour lui donner un baiser « Mon ami, c’est par un baiser, que tu livres le fils de l’homme ? » Evangile de Luc ch. 23 / 47 et 48.
(3) « J’embrasse mon rival, mais c’est pour l’étouffer »Néron de Racine.
(4) mauvais baisers : « baves d’amour, basses béatitudes » dit Paul Valéry bon baiser : « Instant d’infini qui fait un bruit d’abeilles » chantait Rostand.
(5)contrepet de l’auteur