Chronique
"Ou est il le plus aimant de tous les hommes; le frére aux pieds nus des bêtes des champs
qui savait voir l'éternité dans chaque chose".Rainer Maria rillke
Requiem de Gabriel Fauré par le chœur de Flandre Dunkerque en l’église Saint Eloi : C’était Dimanche 2 Avril l’après midi.
J’ai retenu que toute la messe fut chantée en latin avec les prières , les hymnes et les psaumes que je connaissais pour les avoir entendus maintes fois chanté par Jules Charlet.,l’organiste de Saint Pol au siècle dernier lors des funérailles des gens de la ville.
Réquiem aeternam dona eis dominé et lux perpétua luceât eis. De cet introit, Je retiens l’idée de repos qui ,a donné son titre à l'oeuvre de Fauré : requiem . J’ai beaucoup travaillé dans ma vie et apprécie l’idée d’un repos éternel. S’endormir paisiblement dans la paix après avoir poussé la porte et éteint la lumière mais pas complètement , la laissant briller dans le couloir comme on fait avec les enfants peureux . (lux perpétua luceat eis )elle éclaire même de biais la chambre par la porte entr’ouverte.
Gabriel Fauré fut organiste à la Madeleine et l’orchestration de son célèbre requiem s’acheva en 1900 . Il l’a composé pour le plaisir et non pour quelque fonctionnement liturgique. « J’en ai par dessus la tête du service des funérailles. J’ai voulu faire autre chose gratuitement » .Il signait ainsi une œuvre émouvante, profonde, lumineuse.. et pacifiante : « Mon œuvre n’exprime pas l’effroi de la mort ,quelqu’un l’a appelé une berceuse de la mort. C’est ainsi que je sens la mort, comme une délivrance heureuse, une aspiration au bonheur d’au delà, plutôt que comme un passage douloureux ».
Pour Dieu, un jour c’est comme mille ans. Quand on quitte la vie , on quitte le temps , le "chronos »,pour un autre temps, le "xairos" (temps de la grâce) pour un sommeil reposant .Ainsi quand le Seigneur reviendra demain matin ou dans mille ans , trouvera t il les défunts, endormis prêts à se lever d’entre les morts ? il n’aura qu'à les réveiller doucement pour l'éternité. . Quid alors du « libéra mé « ? Quid de ce jour de colère censé nous faire trembler ? « Dies illa, dies irae calamitatis et misériae ».La fin des temps en bonne téléologie est désiré, espéré et non craint par le chrétien. Oublions la colère de Dieu et son terrible jugement.
Heureusement le réquiem de Fauré s’achève par « in paradisum » qui évoque le chœur des anges .Ils accueillent le défunt à la porte de la cité sainte Jérusalem pour y rejoindre les martyrs de tous les temps..Encore une remarque autour de ce « in paradisum » : On évoque la figure de Lazare qui nous précède au ciel.. Ce n’est pas Lazare, l’ami de Jésus relevé d’entre les morts au cimetiére de Béthanie , C’est le Lazare de la parabole , le pauvre Lazare accuilli dans le sein d’Abraham comme tous les bienheureux des béatitudes..(et cum lazaro quondam paupéré aeternam habeas requiem.)
« La simplicité » et la « modestie » de cette œuvre sublime ont marqué le renouveau de la musique religieuse en France et nous a introduit dans une espérance sereine . Merci Gabriel !