Une femme jette son glaive, elle est terrifiée par « les mains crispées de suppliciés, victimes de la guerre, qui à ses pieds sortent de terre ». Sa main gauche tient un bouclier ouvert comme un semoir à ensemencer de nouveau la vie. Une phrase souligne la scène : « Tu ne tueras pas ». C’est clair, le monument aux morts d’Avion (62)flétrit la guerre et chante la paix.
Il y a une centaine de monuments pacifistes en France ,écrit Jacques Kmieciak et cette année devant 80 d’entre eux se sont tenu en ce 11 Novembre des rassemblements qui ont demandé que soit réhabilité la mémoire « des fusillés pour l’exemple »(1). Des cérémonies en forme "d’hommage non aux morts pour la France mais par la France".
Je ne sais si le maire d’Avion en 1924 avait ouvert sa bible et fréquenté le catéchisme mais dans les 10 commandements de Dieu donnés à Moïse sur le Sinaï, il en avait retenu un: « Tu ne tueras pas » (2) et l’a fait graver dessous la statue de la femme au bouclier-semoir.
A ceux qui disent que c’est un manque de respect envers ceux qui ont donné leur vie pour la patrie? Je répondrais : « Etait ce respecter la jeunesse que de les envoyer se faire massacrer au front ? ».
Dans un combat pacifiste, est il insolent d’ouvrir la bible et d’écrire dans le marbre : « Tu ne tueras pas » ? Invoquer ce commandement de Dieu est ce irrespectueux ? Est-ce si grave de ternir un peu la gloire et les « feuilles de chêne dorées » de nos généraux ?
Le monument du village de Gentioux dans la Creuse est plus clair encore, on y voit un enfant orphelin de guerre lever un poing vengeur vers le mémorial où il est écrit : « Maudite soit la guerre ».
Par contre dans ce combat pacifiste, il faut refuser la moquerie qui peut blesser. Je me souviens, un jour, par dérision, un copain à organisé dans un village où il était en vacances, une cérémonie aux morts de la prochaine guerre. Les villageois, à mon avis, ont eu raison de l’engueuler. Il nous faut refuser le persifflage car il y a eu trop de souffrance dans l’entourage de ceux dont les noms figurent sur les monuments.
Il y a bien peu de monde aux cérémonies du 11 Novembre, la mémoire s’éloigne, les derniers poilus sont morts. Aux morts de 14, on a donc ajouté ceux de 40, ceux d’Algérie, ceux d’Afghanistan mais le cœur n’y est pas .Les rassemblements du 11 Novembre n’attirent pas les foules. Est ce leur donner un sens nouveau que d’y faire mémoire des « fusillés pour l’exemple », de ceux qui ont refusé le combat à une époque où la désobéissance était punie de mort ?
La loi qui autorise « l’ objection de conscience »(1963) n’était pas encore votée au début de la guerre d’Algérie. Je me souviens avec un copain avoir aidé un ami « objecteur non reconnu » qui ne voulait pas faire la guerre. C’était à la gare St Charles à Marseille. On lui a fait promettre de regagner sa caserne avant 7 jours pour éviter le conseil de guerre .C’est ce qu’il a fait. Il a eu 15 jours de taule et il est venu nous rejoindre en Algérie avec trois mois de retard. Pour lui, trois mois de gagné. En Algérie, il a fallut le protéger contre les vat’ en guerre qui ne l’aimaient pas, puis ce fût la quille et son métier d’instituteur. A t il emmené ses écoliers aux cérémonies du 11 Novembre ?
Encore une question : Faut-il avoir son nom sur un monument aux morts pour être un patriote ? J’ai cherché longtemps cet ancêtre, héros inconnu. Ghislain un ami l’a trouvé, il s’appelle Florimond et a été tué au début de la grande guerre, en 1914. Mort en héros ou par distraction ? Je ne sais ! Mais l’honneur est sauf. Merci Florimond. (3)
(1) Article de Liberté du 11/11/2011. Les « fusillés pour l’exemple », sont ces poilus qui ont refusé de monter au front et ont été fusillés, tués par des balles françaises au peloton d’exécution. Ils furent 600 sur les 2400 condamnations à mort des tribunaux militaires mis en place dés 1914.Ils ont rejoint les 10 millions de mort de cette grande guerre ,mais eux comme des victimes de balles venant de leur propre camp.
(2)Exode ch. 20/13. Arrêtez-vous si vous passez en Avion, à pied ou en voiture et vous verrez.
(3)Ceux qui ont découvert qui je suis, pourront donner un nom de famille à ce Florimond. Les autres peuvent l’imaginer ou l’appeler Olbec
Heureux les artisans de paix, ils seront appelés Fils de Dieu (Matthieu ch.5/9)
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Commentaires
onze novembre
C'est un sujet bien délicat et je peux en parler car mon grand père ALPHONSE DEWAS
est mort à 25 ans à MAUBEUGE en septembre 1914, alors que la guerre venait de débuter.il a laissé une veuve et trois enfants , dont le dernier n'était pas né... trois orphelins , adoptés par la nation ! Ma grand mère a souffert toute sa vie , d'autant que son frère JEAN a également été tué en 1915 à MESNIL LES HURLUS Je me souviens de la rencontre entre DE GAULLE ET ADENAUER lors de la réconciliation franco-allemande dans la cathédrale de REIMS, j'ai cru que ma grand mère mourrait de chagrin, car elle ne pouvait comprendre ...
Heureusement, les choses s'effacent avec le temps, mais pas la mémoire ... Faut-il raviver des plaies anciennes ou au contraire multiplier les échanges, tels que les jumelages entre les villes , tels BOULOGNE - ZWEIBRUCKEN ou comme l'a fait mon petit fils SAMUEL qui a accueilli pendant six mois un jeune allemand de FRANCFORT , et qui a passé également six mois en ALLEMAGNE . je laisse ces propos à votre réflexion ...