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une espérance comme une attente

vaclav_havel_big1.jpeg Une espérance comme une attente

 " Rendre  indispensable l’impossible » Voila  ce que disait Bronislaw Geremek  qui  nous  a quitté  trop vite dans un accident de voiture. Cet homme comme nombre de dissidents  a vécu l’espérance comme  une longue attente.

Vaclav Havel dans un beau discours à l’académie des sciences morales et politiques  en1992 décrit  ce que fût cette attente :

+-« En attendant Godo .Beaucoup, perdant l’espoir de  faire bouger les choses, se sont mis à espérer en un vague salut venant   d’ailleurs, de l’extérieur. C’étaient des individus sans espoir comme les personnages de Beckett sur leur  banc »

- .Comme ces gens qui  vous disent que ça ne peu plus durer, que ça va péter  et attendent,sans bouger, le salut d’une révolte venue de je ne sais où, d’ailleurs  surement.!

-Comme ces  prophètes de malheur  qui vous annoncent la fin du monde pour  le mois de décembre prochain , ou les sectes millénaristes qui nous invitent  régulièrement à nous réveiller car le jour est proche.

-+« D’autres« vivaient  l’attente en tant que patience animée par la croyance  que résister en disant la vérité est une question de principe, tout simplement par ce qu’on doit le faire .C’est beau mais c’est diablement triste »

+-D’autres enfin vivaient « une attente inspirée par la conviction  que la graine semée prendra racine et germera un jour ,nul ne sait quand » .Cette dissidence « cultivait la patience , l’attente en tant que patience, comme un état d’espérance , une attente  qui a un sens parce que générée par l’espoir et non par le désespoir, par la foi  non par la désespérance, par l’humilité devant le temps de ce monde… une telle attente est plus qu’une simple attente. C’est la vie, la vie en tant que participation joyeuse au miracle de l’Etre».

Ce qui me touche dans  le discours de Vaclav Havel, c’est  que pour décrire l’espérance des dissidents, il emploie   les images   dont se servait Jésus pour parler du Royaume.(1) La patience du semeur.qui « attend la germination » , « il faut semer patiemment les graines, arroser avec assiduité la terre où elles sont semées et accorder aux plantes le temps qui leur est propre. » »On ne peut duper une plante,…mais on peut l’arroser, patiemment, tous les jours. Avec compréhension, avec humilité, certes, mais aussi avec amour ».

 Voila une espérance en acte ! Un acte d’espérance ! Un parti pris d’espérance(2)

A Prague en 89, merveilleuse  année, la plante a fleurie. « Sur le pont Charles, des jeunes femmes arboraient sur leur tee- schirt  le portait de cet homme calme, humble  et souriant  qu’un juste sort tira de sa prison pour incarner  au « château »  où siégeait la présidence, la liberté des tchèques ».(3)

« Dissident déjanté, président bohème, son refus inoxydable  de se prendre pour le messie….sa rigoureuse modestie écrivain d’un coté, chef d’état de l’autre. La force de Vaclav Havel, la puissance de la dissidence, ce pouvoir des sans pouvoir…il la tirait  de la solidarité des ébranlés dans leur foi en le jour, en la vie, en la paix »(4)  Le dissident ne plie pas ,il est amoureux fou de la liberté, il refuse la servitude surtout la servitude volontaire.

Très affaibli par la maladie, Vaclav a trouvé la force  ces derniers temps de manifester devant l’ambassade de la chine communiste contre l’emprisonnement de Liu Xiaobo, d’écrire  en faveur d’Luia Timochenko jetée en prison à Kiev   , de recevoir le  Dallai Lama et le géorgien Mikaïl Saakashvili que Poutine en homme de métier veut «  pendre par les couilles » ( sic ) .A Moscou, une marée humaine manifeste pour « ne pas vivre dans le mensonge »disait encore dernièrement Vaclav Havel.  « Ses héritiers seraient ils  de nouveau  dans la rue » ?(4)

Prisonnier  tout un temps dans la même prison de Pizen, Dominique Duka l’archevêque de Prague a partagé la même espérance, celle   des dissidents : « que Vérité et amour prévalent sur le mensonge et la haine ». « Une espérance comme une attente dans la persévérance  d’un rêve  jusqu’à ce  qu’il devienne réalité »(5)

Le plus bel hommage qui lui a été rendu, c’est le requiem  , non pas en latin mais en tchèque et en slovaque, unis pour  demander  à Dieu qu’il repose en paix . Ce n’est pas d’abord  la présence dans la cathédrale de douze chefs d’état, de trois princes et 30 délégations étrangères  mais que tchèques comme slovaques  unis dans un même recueillement  ont observé un jour de deuil national et une minute de silence à midi le jour de ses  funérailles.

 

(1) Voici que le semeur est sorti pour semer Matt ch. 13. Voir aussi Marc ch.4/26 à 29.

(2) Le parti pris d’espérance  comme un pari optimiste sur l’avenir repose sur la foi en l’homme proclamée par l’ACO ( action catholique ouvriére)

(3)György Konrad dans libé  du 26 Decembre 2011.

(4)André Glucksman, libé du 26   .

(5) Extraits de l’Homélie   aux funérailles de Vaclav.

 

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