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dentité

 

Ma carte est périmée. Je parle de ma carte nationale d’identité valable pour dix ans.

Je la contemple, la tourne et la retourne .De mon identité elle révèle  le visage que j’avais quand je l’ai renouvelée , il y a dix ans. J’ai vieilli, c’est sûr. Il me faudra une nouvelle photo sinon, je ressemblerais de moins en moins à mon portrait  et  la caissière du super marché qui me la réclame pour  le moindre chèque  me dévisagera ,soupçonneuse , pour   voir si c’est bien moi qui signe .Elle indique le  nom et le prénom sur lequel j’ai été inscrit  à l’état civil de  la commune où je suis né il ya 80 ans  à la saint Médard.«  in the rain »Elle n’est pas une carte d’identité nationale  qui  me ferait   citoyen  français   à l’intérieur d’une frontière  à défendre   mais  bien  comme disait  Edwig  Plénel  à France Culture  une carte  nationale d’identité, ce qui n’est pas pareil.Elle révèle quelques appartenances : Le nom qui évoque  une région particulière : le Nord  de la France, mon lieu de naissance et mon adresse qui  conforte mon appartenance  à cette région. Heureusement ça s’arrête là !

Dans l’Allemagne hitlérienne, il me semble on  devait écrire   juifs   sur les papiers  en plus de l’étoile jaune sur le revers de la veste. En Egypte , on indique sa communauté : Musulman ou copte. Au Liban aussi  il me semble:Druze, chiite, sunnite, chrétien maronite, etc.…

En France l’appartenance religieuse   n’est pas  signifiée , c’est très bien,ce pourrait être  une dérive dangereuse  vers le  communautarisme  .On n’indique pas non plus, Dieu soit loué, la couleur de la peau et l’origine ethnique.On n’indique plus les « signes particuliers », ni la hauteur comme on le fit longtemps   et ce  dont témoigne  mes vielles cartes du siècle dernier.( Dernière phalange de l’annuaire droit sectionnée,1 mètre 78.) Une carte d’identité n’est pas une carte d’appartenance  .N’y figure pas et c’est heureux nos adhésions multiples : Syndicales, politiques, associatives  ainsi on ne peut  enfermer quiconque dans ses  appartenances  et l’identifier  aux choix qu’il fait à certains moments de sa vie.D'autant que les droits de l’homme   ouvrent la possibilité  à quiconque de changer de religion, d’opinion Politique, d’asso et de pays.

« Confondre l’identité et l’appartenance est une faute de logique » dit Michel Serre    « où vous dites a est a, je suis je   et voila l’identité. Ou  vous dites  a  appartient à telle collection, et voila l’appartenance. Cette erreur  expose à dire n’importe quoi, mais elle se double d’un crime politique : le racisme »  .Ecrire en effet de tel ou tel  sur ses papiers qu’il est noir ou jaune, juif ou  arabe, musulman ou catho ,homo ou   hétéro  serait  un étiquetage  qui peut mener aux discriminations  de type « raciste » , le faire serait  confondre l’appartenance et l’identité .Ce serait identifier  quelqu'un et l'enfermer  dans une appartenance   dont il ne pourrait sortir sans démarche compliquée.(voir ci dessous le témoignage inverse  du curé de Nazareth(1)

 « Qui suis-je alors » ? se demande encore Michel Serre , Je suis  je, voila  tout ; Je suis aussi la somme de mes appartenances  que je ne connaitrais  qu’à ma mort, car tout progrès  consiste à entrer dans un nouveau groupe, et pouvoir en sortir » .Ainsi  à 80 ans je viens de m’inscrire à un club d’échecs, voila une appartenance  nouvelle  qui ne figure  pas sur ma carte  d’identité « Car je suis ,je » :  c’est tout.Quand un  partenaire  me fait mat ,mon roi est mort mais  je suis encore en vie et en pleine forme pour la revanche.

Il est 16 h, je vous quitte pour  aller renouveler ma carte nationale d’identité. Il me faut fournir  un extrait d’acte de naissance avec filiation complète. Cela me donne l’occasion de renouer avec mon village natal, et  c’est bien naturel  car pour être, il faut  être né. Je me suis fait des photos  d’identité qui révèlent cruellement mon âge d’autant   qu’elles doivent être «  sans couleur, prises  de face, tête nue, sans lunettes, les yeux  bien ouverts, sans mèche devant et  le comble, sans sourire ». C’est ainsi  que des millions de français  exhibent  à ceux qui les contrôlent  une photo  ou  ils ont  l'interdiction formelle  d'être aimable. Pour s’identifier , ils ont le devoir de  " faire la tête"(2).Pourvu que  sur ma nouvelle carte ils n’installent pas une puce mémoire qui  raconte toutes mes appartenances  de ma première  grippe  à ma dernière  crise de rhumatismes,de mon premier « are,are  » à mon dernier discours, de mes infractions au code de la route,des colléges où j'ai été viré et des jours de prison( 3 fois 15 dont 8 )à l'armée.J'espére  en plus  qu'ils ne vont pas me faire payer  trop cher  cette puce,poil à gratter la mémoire .(Si on présente la vielle carte,la nouvelle serait gratuite me dit  l'imprimé de l'état civil). On verra.

(1)- "Je suis arabe, de culture musulmane, de religion chrétienne, de mémoire byzantine, et dans un
milieu juif. Je suis tout cela à la fois. Je suis l'histoire de cette région depuis trois mille ans. Je n'aime
pas les identités. Je n'ai que des appartenances. Est-ce que j'ai l'air d'un homme déchiré ?" Voila les propos d'Emile Choufani curé de Nazareth et directeur d'école.qui continue : " Nous ne sommes pas assignés à une identité et une seule."...
." Les gamins arabes nous arrivent gonflés de fierté identitaire, les gamins juifs aussi. Nous les
dégonflons à petites doses, en essayant de faire grossir la petite parcelle divine qui est en chaque être
humain. Cela prend du temps."

(2)l'expression idoine aurait été  " faire la gueule" ,je n'ai pas osé.( Ad usum delphini).



Mon éditeur  PERSEE   me fait l'honneur de publier  ma nouvelle appelée  LA RIVIERE . Il me  demande de faire de la publicité  pour ce  tout petit ouvrage  onirique ,plein d'humour et de poésie. Pouvez vous  simplement demander  à votre libraire s'il  a ce livre.

Il s'agit   donc de  "La riviére" de Louis Fernand Olbec  aux éditions Persée que vous connaissez  déja si vous  lisez mon blog en ete. Je l'ai publié  en Juillet et Aout 2009.Si  le libraire l'a,soit vous l'achetez, soit vous le faites acheter, soit vous laissez tomber  surtout  si  vous l'avez déja lu. S'il ne l'a pas, soit vous le commandez,soit vous laissez tomber.  Reste que cette démarche au libraire  est la meilleure pub possible .D' avance ! Merci!  Olbec.


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