Quaerens me, sédisti Lassus ! (en me cherchant, tu t’es assis ,épuisé)
Epuisé à me chercher, Seigneur, tu t’es assis. « Recordare », Remembrer, souviens toi : comme un berger à la recherche de la brebis égarée, tu as parcouru les collines à me chercher et ensuite, épuisé, tu t’es assis sur quelque rocher plat. Épuisé mais pas lassé de scruter l’horizon à ma recherche. J’ai du prix à tes yeux. Ils ont rougis de les avoir écarquillés dans la lumière brulante des alpages ; ils se sont dilatés avec les jumelles réglées aux dimensions de l'amour
Assis sur une pierre plate comme un berger dans la montagne, tu te reposes, épuisé d’avoir cherché et réconforté les malades, les pécheurs, les brebis égarées, et moi et moi et moi, pauvre de moi.
« Je suis le bon berger ,je connais mes brebis et mes brebis me connaissent ,comme mon Pére me connait et que je connais mon Père et je donne ma vie pour mes brebis »Jean ch. 10/14. Quaerens me, sedisti lassus. Tu t’es épuisé à me chercher et maintenant tu t’assoie. Fais moi de la place sur la pierre plate à tes cotés, rappelle moi que c’est pour moi que tu es venu, que tu as donné ta vie .Recordare,Jésu pié,quod sum causa tuae viae.
Cette strophe du dies irae ,je l’ai entendu chanter dans le requiem de Mozart par des centaines de choristes lors de la clôture du festival de musique classique à Dunkerque, le 5 Avril dans l’église St Eloi. Ce fût très beau mais, qui, parmi les auditeurs, se souvenaient du dies irae ? Qui, sinon quelques prêtres ou chantres octogénaires assidus aux enterrements de jadis, que seul sans doute regrette Georges Brassens avec les pom,pom,pompes funèbres de nos grands pères et le latin qu’ont perdu les calotins .
Sedisti lassus .Un jour ,à Sichem,à l’heure du midi ,Jésus, fatigué d’avoir roulé sa bosse de villes en village à la rencontre des gens ,s’assoie sur la margelle du puits de Jacob. jesus ergo fatigatus ex itinéré, sédébat sic supra fontem . (St Jean ch.4/5). lassus ou fatigatus , Jésus s’est fatigué à nous chercher et s’est assis ,épuisé .Il n’avait pas une pierre à se mettre sous la tête mais il a trouvé une margelle de puits pour s’asseoir .Fais nous Seigneur de la place à tes cotés .Inter omnes locus praesta :Accorde nous enfin une place parmi les brebis , avec la Samaritaine, dans ta bergerie pour nous reposer à notre tour .Réquiem aeternam dona eis, dominé et lux perpétua ,lucéat eis.Le requiem en effet qu’il soit de Mozart ou de Verdi ,de Fauré ou de Berlioz , c’est d’abord le repos et réquiem aeternam le repos éternel .Les choristes l’ont psalmodié ,roucoulé et surtout chanté, forts de leur 250 voix soutenus par la puissante mélodie des archets et des cordes. On aurait dit qu’ils voulaient arracher au ciel l’entrée dans la bergerie, gagner l’indulgence et la miséricorde de Dieu et enfin le repos promis pour l’éternité avec les saints qui ornent le porche des cathédrales comme celui d'Amiens dans le médaillon ci dessous.Aux gens affairés qui s’agitent et courent sans cesse, je prêche le repos. Je crains qu’ils ne s’ennuient dans l’éternité et les invite à faire des exercices de repos chaque jour. Une thérapie "ludique" en prémices à la vie éternelle : Une partie d’échec, un tournoi de bridge ,un scrabble, des mots croisés, une sortie en vélo, en char à voile ,une virée avec des copains ,un roman à lire ,à écrire,un film à regarder , voir même comme Dimanche dernier un concert ( le Réquiem de Mozart en prélude au requiem aeternam) car l’éternité ,c’est long ,surtout vers la fin, plaisantait Woody Allen. Je sais qu'il n'y a que les sots qui s’ennuient, disait ma mère mais je sais aussi que mystique comme elle fût sur terre ,elle est fort occupée au ciel à prier pour nous pauvres humains et à s'unir au chant des anges . Eux qui ne se lassent pas de chanter la gloire de Dieu. Le font - ils debout ,mains dans le dos comme les chœurs de l'armée rouge ,ou ailes déployées comme les goélands ? Assis ou debout ,ils chantent mieux encore que les plus belles chorales sur terre .L'éternité sera trop courte pour entendre tous les réquiem .On ne se fatiguera pas ,on se lèvera , debout sur les bancs et les stalles pour les applaudir. Non sedisti lassus !