Euthique (1 bis)
Euthyque est un tout jeune homme qui, assis sur le bord de la fenêtre de la chambre haute, s’est endormi pendant le sermon de Paul, est tombé et s’est brisé le cou sur le pavé de Troas. L’histoire s’est bien terminée (1). Elle rassure les prédicateurs bavards qui ont en Paul un saint modèle.. Eutyque s’est endormi pendant le sermon de Paul, d’autres plus fréquemment s’endorment pendant la prière. Ils peuvent, eux, s’abriter derrière l’exemple de Pierre, Jacques, Jean qui, par deux fois, se sont endormis durant la prière La première fois c’était sur une montagne, Jésus les avait emmené là haut pour prier et tandis qu’il priait l’aspect de son visage changea et ses vêtements devinrent d’une blancheur fulgurante. Pendant ce temps, nous dit St Luc, Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil (2) autrement dit, ils roupillaient. La deuxième fois c’est à Gethsémani, au mont des oliviers. Jésus invite ses amis à prier, s’éloigne d’un jet de pierre et, en proie à une grande détresse, se met à prier Dieu son père qu’il éloigne le calice . Pendant ce temps ses amis « se sont endormis de tristesse » (3). Autrement dit, ils roupillaient encore. L’ l’évangile ne fait pas l’éloge de la paresse comme le fit Qohélet un jour (4). Jésus au contraire fait souvent appel à notre vigilance. Il secoue Pierre qui n’a pas su veiller une heure avec lui (5). il nous demande de nous tenir en tenue de service et de veiller dans la nuit (6). Alors ? Qu’est ce qui est mieux ? Prier en dormant ou dormir en priant ? Le mot de la fin revient à St Paul qui nous dit « qu’éveillés ou endormis, nous sommes toujours unis à Jésus » (7). Mais aussi à tante Dédette qui invite l’orant à la confiance du petit enfant s’abandonnant dans les bras de sa maman au point de s’y endormir (8). Sans doute il y a là, chez elle, quelque pointe d’humour pour excuser un certain « engourdissement » et même « ronflement « durant l’office au monastère de Dax. Le Père Voillaume parlant de « la prière des pauvres gens » à ses petits frères travailleurs évoque la fatigue qui rend incapable de méditer et conseille de « demander à Jésus de venir en nous prier son Père ». Comme ça, on est sûr que le travail sera bien fait ». Pour le reste, ajoute t il, « soyez des publicains dans votre prière » .Pour éviter de s’endormir comme Euthique durant le sermon, mon père débranchait ses appareils à entendre et cela dés le « Mes bien chers frères » initial. Il se réveillait au crédo et se rebranchait quand les fidèles se levaient. Une autre méthode ; plus musclée, insolente même fut pratiquée jadis pour faire taire un doyen bavard. C’était durant la messe animée par les jeunes .Un petit orchestre accompagnait les chants. Au bout de 5 minutes, c’était convenu, la batterie donnait de la cymbale. Le coup de gong sonnait efficacement l’Amen de fin de sermon. Le doyen avalait difficilement ses dernières phrases. Euthique aurait sans doute approuvé la méthode musclée des jeunes et interrompu s’il avait osé , le discours de Paul d’un coup de harpe ou de cithare pour éviter de s’endormir sur le bord de la fenêtre et tomber sur le pavé de Troas..
(1) Actes (20, 7-12) : « Un adolescent, du nom d’Eutyque, qui était assis sur le bord de la fenêtre, se laissa gagner par un profond sommeil, pendant que Paul discourait toujours …»… « il tomba du troisième étage … … « Quand au garçon, on l’emmena vivant et ce fut un immense réconfort »
(1bis) réédition.
(2) Luc (9, 32) : « Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ».
(3) Luc (22, 45) : « Se relevant de sa prière, Jésus vint à ses disciples et les trouva endormis de tristesse ». Il leur dit : « qu’avez-vous à dormir ? Levez vous et priez pour ne pas entrer en tentation ».
(4) Qohélet (4, 6) : « Tout effort et toute réussite est vanité et poursuite du vent…Mieux vaut une poignée de repos que deux poignées de fatigue ».
(5) Marc (14, 37) : « Simon, tu dors ? Tu n’as pas eu la force de veiller une heure avec moi. »
(6) Luc (21, 36) : « Veillez donc et priez en tout temps ».
(7) 1ère Thessaloniciens (5, 10).
(8) Lettre de Dax, (Mars 2008).
Commentaires
1 /Serge
Chaud le trottoir d’en face.
Un grand et une petite, main dans la main.
Je traverse rapidement et les questionne.
-« Pas d’argent pour le repas du jour. »
Le grand prend la clé au fond de son bleu, ouvre le portail.
Maison bourgeoise des années30.
Une 2 ch. en alignement, des enfants sous un grand porche habité, deux vélos en embuscade. L’espace commun est carrelé de cette petite dallette chanfreinée que l’on voit au pied des façades. Mon pas rapide a vite fait de sautiller sur les bosses, trous et revêtements occasionnels qui jure avec quartier des bords de mer.
-« Venez « me dit le grand. »
Serge-« Merci »
Nous grimpons sur le garage en fond de cour.
Deux mètres carré sur trois, un chauffe-eau, un robinet et son tuyau d’arrosage de de cinq coudées, une bassine, un frigidaire, quelques étagères un grand plat, deux assiettes et quelques couverts. Une chaise.
-« vous aimez les pâtes ? « me propose la petite Cocoht.
-« oui, merci. »Répondis-je.
-« J’avais une fin de loup ! »
Claire le 16/6/17