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Albannette

Albanette

 Le bel été   me fait rêver , voici  quelques réflexions . en guise de préface .

                                        LA DANSE IMMOBILE

            « On se cherche des retraites à la campagne, sur les plages, dans les montagnes Et toi-même, tu continues de désirer ces lieux d’isolement. Mais tout cela est de la plus vulgaire opinion puisque tu peux, à l’heure que tu veux, te retirer en toi-même. Nulle part en effet, l’homme ne trouve de plus tranquille et de plus sure retraite que dans son âme. Il te reste donc à te souvenir de la retraite que tu peux trouver dans le petit havre de ton âme ». Voilà comme parlait Marc Aurèle aux romains qui plus que nous avaient leurs raisons pour quitter la chaleur de leur ville en été et respirer ailleurs un air plus sain.

            Une opinion vulgaire (1) pour Marc Aurèle, c’est une opinion commune, celle de tout le monde, celle des citoyens ordinaires du peuple romain dont il était empereur. Aujourd’hui, la recherche de lieux de « vacances », campagne, plage ou montagne est devenue effectivement l’affaire de tout le monde si bien que les routes sont encombrées les week-ends et à chaque grand départ. Plus qu’une opinion, cette démarche est « vulgaire » (au sens de tristement commune, quasiment grégaire) car pense Marc Aurèle, « Pourquoi chercher ailleurs ce qu’on trouve en soi ? ». Serait ce parce que l’homme aurait perdu son chez soi, aurait perdu son âme ? Il ne pourrait plus trouver en lui une sûre retraite ? Il aurait perdu la clef pour trouver en soi refuge et sérénité ? Justement, à propos de clef, la première chose que je vois en arrivant dans ma chacunière, mon hameau savoyard, Albanette c’est une grande clef sur une porte de grange, elle y reste tout le jour et semble me dire: « ici la confiance règne ». Cette clef m’apaise alors que j’habite un quartier sensible où chacun s’enferme, elle m’ouvre la porte qui donne accès, à l’intérieur de moi-même, à ce lieu de « tranquille retraite »où je peux pratiquer la danse immobile.

            Il n’y a donc pas de contradiction entre la recherche d’un havre de paix et la réponse de la sagesse stoïcienne du philosophe empereur. Les vacances à la campagne, à la mer ou à la montagne nous donnent l’occasion de nous retirer en nous-même.

             Le faisons-nous ? Est-ce si facile de faire retraite à l’intérieur de soi dans cette clairière paisible et lumineuse? Il faut pour se faire se « démobiliser » au sens propre, refuser l’agitation, accepter l’immobilité, gouter le silence.

            Les grandes révélations sur l’âme humaine sont venues d’hommes scotchés. Montaigne dans sa «chacunière, « sa «tour ». Pascal dans l'abbaye de Port Royal, Proust dans sa chambre tapissée de liège, Dostoïevski au bagne, Voltaire à Cirey sur Blaise. Si vous me permettez de m’aligner derrière ces hommes illustres, j’ajouterais comme havre de paix Albanette ce nid d’aigle et son silence. Suivez moi, je vous  emmène en ce mois d'Aout  dans ma thébaïde durant quelques semaines..

 

                        « Partir au désert

                        C’est partir

                        Au plus loin

                        De soi même

                        Pour en revenir

                        Au plus près ».  (Jean Yves Leloup)

Commentaires

  • 6 / 1 -Serge



    De loin, mais aussi de Furnes et de hollande ils viennent.
    Avec les gestes, quelques mots où jeunes et curieux s’intéressent
    aux ouvrages de leurs grands-parents.
    Je les aperçois de mon coin carré en vieux ciment brossé.
    Les ferrailles saisissables me hissent dans cette providence.

    Ici point de visiteurs cravatés.
    C’est mon mitard aux oreilles de verre. Il m’accorde son petit
    espace de solitude. Il me réaccorde aux bruits des circulations du
    jour, aux rythmes de la nuit.

    Les bruits du pénitencier s’estompent.
    Celui de la porte, son verrou qui tombe comme couperet,
    celui du trousseau de clés qui cherche et qui trouve.
    Je me dépouille d’un régime où il faut montrer les dents.
    Les éclipser pour mieux les déployer au besoin…

    A l’approche de la maison éclusière, je siffle.Me voici oiseau.
    Au creux des eaux face au quai au bois, les péniches me
    surprennent dans leur repos. Je salue mes frères mariniers.
    j’envie leur indépendance, le bruit du tracteur et la glisse sur les eaux.

    Tiens, hier encore ce plaisancier pavillon belge remonte le canal,
    il s’avance pour disparaitre dans la méandre, s’enfonce pour mieux
    s’évanouir.

    Claire sur » Albanette » le 18/8/17

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