On ne sait jamais……… ?
« La vie, l’amour, l’argent, les amis et les roses
on ne sait jamais le bruit ni la couleur des choses.
.C’est tout ce que je sais, mais ça je le sais !(1)
Les scientifiques, disent la même chose aujourd’hui.
Ils savent qu’ils ne savent pas ou du moins pas grand-chose et ne sauront jamais le tout des choses.
Mais ils ont été longtemps convaincus du contraire. Or voici que leurs certitudes s’effondrent. Peut-on encore savoir ? Y a-t-il encore un chemin fiable vers la connaissance ? Les scientistes avalent leur chapeau : ce qu’ils prenaient pour Vérités immuables et sacrées parce que se parant du titre de scientifiques deviennent «propositions relatives » .Ce qu’on savait de quelque chose de réel, correspondait à ce qu’on en disait : adéquatio rei,intellectus et verbi. (2) Or voici que tout se déconstruit : « construction de systèmes mathématiques non euclidiens, mise au jour de la relativité, impossibilité de dire ensemble la vitesse et la position d’un corpuscule en physique quantique, incapacité de poser des lois qui soient indépendantes de l’observateur et de ses instruments »(3).Et aujourd’hui, mutatis mutandi, grand débat sur le vaccin de la grippe H1N1 qui provient des milieux médicaux eux même. Plus personne ne semble savoir si c’est bon ou mauvais. Où sont donc les Diaforius, le père et ses prétentions, le fils et sa lourdeur ,où sont leurs chapeaux pointus , leurs clystères et leurs certitudes ?
Et la foi la dedans ? A-t-elle quelque chose à nous dire ? Sur quelle vérité s’appuie t elle ? Y a-t-il encore une Vérité d’Evangile ? A quel saint se vouer ?
Une proposition intéressante, et questionnante , c’est celle de PROPER. (4)La science procède par élimination. « Toute théorie est provisoire, dit il, elle vaut tant qu’elle n’a pas été déclarée fausse ». N’est donc scientifique qu’une proposition qui peut être « falsifiée ».Voila qui relativise la Science et cloue au pilori les petits « savants » prétentieux , les « spécialistes » et les « experts » en tout genre qui du haut de leur savoir traitent de béotiens, les nuls en math et de débiles, les croyants .
Mais la pensée de Proper interroge aussi les certitudes « dogmatiques » ou « idéologiques ». Ne seraient vérités que vérités provisoires, tant qu’elles n’ont pas été déclarées fausses ? Peuvent-elles être provisoires alors qu’on les affirme éternelles ? Pas de problème , si la foi est vécue comme une recherche tâtonnante dans la nuit plus que la possession d’une Vérité absolue, si La Vérité, ce ne sont pas d’abord des dogmes à croire mais quelqu’un à aimer à savoir Jésus lui-même .(Je suis la Vérité et la Vie)! Nous ne pouvons dire qui est Dieu en Soi mais seulement ce qu'il fait pour nous.
Reste l’Ecriture, La bible, donnée de fait, porte une trace, la « trace d’un Absent »... L’écrit de la Bible ne nous branche pas sur la Vérité comme on branche ou recharge un portable. Il y a en elle une priorité de la question sur la réponse. Elle nous introduit dans « un jeu de différences, un ensemble de renvois qui tournent autour d’une absence. »(4) Elle nourrit, donne un éclairage et des mots pour exprimer l’expérience de la rencontre de la foi. Une rencontre nourrie d’autres rencontres avant elle, avec des générations de croyants depuis Abraham.
La foi serait elle chemin vers la certitude ? Le croyant peut-il savoir enfin le fond des choses ? Eh bien non ! Nos croyances ne comblent pas nos incertitudes humaines et la relativité de nos affirmations. Gabin a raison de chanter sa quête infructueuse de savoir. La foi est rencontre, elle est de l’ordre « d’une connaissance ininscriptible dans le langage, un savoir « insu » pour parler comme Lacan ».(5)
« Les Evangiles ne sont pas faits pour être compris et pour expliquer les choses mais pour être abordé comme un seuil de mystère, ce sont des livres de vie, des paroles d’esprit et de vie.» « Le secret de l’évangile n’est pas un secret de curiosité mais celui d’une communication de vie » disait Madeleine Delbrel qui ajoutait : « Celui qui laisse pénétrer en lui une seule parole de l’évangile et surtout qui la laisse s’accomplir dans sa vie connait plus l’évangile que celui qui y cherche des certitudes » ..(6) « Alors, ajoute t elle, si ta poche est trop petite pour contenir les évangiles, prend ta musette ».
.Avant de quitter notre monde, Gabin disait « maintenant je sais que je ne sais pas. Ce « dieu du cinéma » après avoir crevé l’écran est passé de l’autre coté de la toile, a-t-il trouvé maintenant la Vérité qu’il ne trouvait pas dans la salle obscure du monde ? Sait-il « la vie, l’amour, les amis et les roses ». Sait il la vie, l’abondance de la vie même de Dieu, Sait il la largeur, la longueur et la profondeur de l’Amour de Dieu, Sait il ce qu’est la chaleur de l’amitié et la famille des enfants de Dieu rassemblée et le parfum des roses ? On l’espère pour lui, mais aussi pour ses fans qui auront le plaisir de le retrouver un jour avec les bras chargés de roses, cela s’impose..
(1) De jean Lou Abadie lu par jean Gabin.
(2)Saint Anselme de Canterbury après Aristote : Adéquation entre ce qu’on comprend et ce qu’on dit des choses.
(3) l’articulation de la foi Jean Ansaldi cerf
(4) Proper : « la quête inachevée » chez Calman L(5) Déridda : de la grammatologie
(6) Nous autres gens des rues. Madeleine Delbrêl