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jean gabin

  • On ne sait jamais

    355[1].jpgOn ne sait jamais………                                                                                    ?

     

    « La vie, l’amour, l’argent, les amis et les roses                                   

    on ne sait jamais  le bruit ni la couleur des choses.

    .C’est tout ce que je sais, mais ça je le sais !(1)

    Les scientifiques,  disent  la même chose aujourd’hui.

    Ils savent qu’ils ne savent pas ou du moins pas grand-chose   et ne sauront jamais le tout des choses.

    Mais  ils ont été longtemps convaincus  du contraire. Or voici que leurs  certitudes s’effondrent. Peut-on  encore savoir ? Y a-t-il encore un chemin fiable  vers la connaissance ?  Les  scientistes    avalent leur chapeau : ce qu’ils prenaient pour Vérités immuables  et sacrées parce que  se parant  du  titre de scientifiques  deviennent     «propositions  relatives »  .Ce qu’on savait  de quelque chose   de réel, correspondait à ce qu’on en disait : adéquatio rei,intellectus et verbi. (2) Or voici que tout se déconstruit : «  construction de  systèmes mathématiques non euclidiens, mise au jour de la relativité,  impossibilité de dire ensemble la vitesse et la position d’un corpuscule  en physique quantique, incapacité de poser des lois  qui soient indépendantes de l’observateur  et de ses instruments »(3).Et aujourd’hui, mutatis mutandi, grand débat sur le vaccin de la grippe H1N1 qui  provient  des  milieux médicaux eux même. Plus personne ne semble savoir si c’est bon ou mauvais. Où sont donc  les  Diaforius,  le père  et ses prétentions,  le fils et sa lourdeur ,où  sont leurs  chapeaux  pointus , leurs  clystères et leurs certitudes ?

    Et la foi  la dedans ? A-t-elle quelque chose à nous dire ? Sur quelle vérité s’appuie  t elle ? Y a-t-il encore une Vérité d’Evangile ? A quel saint se vouer ?

    Une proposition intéressante, et questionnante , c’est celle de PROPER. (4)La  science procède par élimination. «  Toute théorie est provisoire, dit il, elle  vaut  tant qu’elle n’a pas été déclarée fausse ». N’est donc scientifique qu’une proposition qui peut être   « falsifiée ».Voila qui relativise  la Science  et cloue  au pilori  les  petits  « savants »  prétentieux , les « spécialistes » et les « experts »  en tout genre qui du haut de leur savoir  traitent  de béotiens, les nuls en math  et de débiles, les croyants .

    Mais la pensée de Proper  interroge aussi  les certitudes  « dogmatiques » ou « idéologiques ». Ne  seraient  vérités que  vérités provisoires, tant qu’elles n’ont pas été déclarées fausses ? Peuvent-elles être provisoires alors  qu’on les affirme  éternelles ? Pas de problème , si la foi est  vécue  comme une recherche tâtonnante  dans la nuit  plus que la possession  d’une Vérité absolue, si La Vérité, ce ne sont  pas  d’abord des dogmes  à  croire   mais quelqu’un à  aimer  à savoir Jésus lui-même .(Je suis la Vérité et la Vie)! Nous ne pouvons dire qui est Dieu en Soi  mais seulement ce qu'il fait pour nous.

    Reste l’Ecriture,  La bible, donnée de fait,  porte une trace, la «  trace d’un  Absent »... L’écrit de la Bible  ne nous branche pas  sur la Vérité  comme on branche ou recharge un portable. Il y a en elle une priorité de la question sur la réponse. Elle nous introduit dans   « un jeu  de différences, un ensemble de renvois qui tournent autour d’une absence. »(4) Elle nourrit,  donne un éclairage et   des mots  pour  exprimer  l’expérience de   la rencontre  de la foi. Une rencontre nourrie  d’autres rencontres avant elle, avec  des générations de croyants depuis Abraham.

     La  foi  serait elle   chemin vers  la certitude ? Le croyant peut-il savoir enfin le  fond des choses ?    Eh bien non !  Nos croyances  ne comblent  pas nos incertitudes  humaines et la relativité de nos affirmations. Gabin a raison de chanter  sa quête  infructueuse de savoir.  La foi est rencontre, elle  est de l’ordre «  d’une connaissance  ininscriptible  dans le langage, un savoir «  insu » pour parler comme Lacan ».(5) 

    « Les Evangiles ne sont pas faits pour être compris  et pour expliquer les choses mais pour être abordé comme un seuil de mystère, ce sont des  livres  de vie, des paroles  d’esprit et de vie.» « Le secret de l’évangile  n’est pas un secret de curiosité  mais  celui d’une communication de vie » disait Madeleine Delbrel  qui  ajoutait : « Celui qui laisse pénétrer en lui  une seule parole  de l’évangile  et surtout qui la laisse s’accomplir dans sa vie  connait plus l’évangile que celui qui y cherche des certitudes » ..(6) « Alors, ajoute t elle, si ta poche est trop petite  pour contenir les évangiles, prend ta musette ».

     .Avant de quitter  notre monde,   Gabin disait « maintenant je sais que je ne sais pas. Ce « dieu du cinéma »  après avoir crevé   l’écran est passé de l’autre coté de la toile, a-t-il trouvé  maintenant   la Vérité  qu’il ne trouvait pas  dans la salle obscure du monde ? Sait-il « la vie, l’amour, les amis et les roses ».  Sait il  la vie, l’abondance de la vie même de Dieu, Sait il  la largeur, la longueur et la profondeur de l’Amour de  Dieu, Sait il  ce qu’est la chaleur de l’amitié et la famille des enfants de Dieu rassemblée et le parfum des roses ? On l’espère pour lui, mais aussi pour  ses fans  qui auront le plaisir de le retrouver  un jour  avec les bras chargés de roses, cela s’impose..

    (1) De  jean Lou Abadie lu par jean Gabin.

    (2)Saint Anselme de Canterbury après Aristote : Adéquation entre ce qu’on comprend et ce qu’on dit des choses.

    (3) l’articulation de la foi  Jean Ansaldi  cerf

    (4) Proper : « la quête inachevée » chez  Calman L(5) Déridda : de la grammatologie

    (6) Nous autres gens des rues.  Madeleine Delbrêl