« Les pas des légions avaient marché pour lui … Les voiles des bateaux pour lui s’étaient gonflés
« Les pas d’Hannibal avaient marché pour lui, Les pas d’Alexandre avaient marché pour lui…
« Il allait hériter d’un monde déjà fait et pourtant il allait tout entier le refaire ».(1)
Le calendrier en fait foi, du moins en occident, il y a un avant et un après Jésus Christ.
« Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens … eh bien, moi je vous dis ! » (2) Jésus est héritier d’un ancien testament et il allait en établir un nouveau. Il vient pour accomplir la loi de Moise et tout entier, radicalement, l’approfondir, l’intérioriser. « Moi je vous dis ».
« Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien moi je vous dis : aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et les injustes.
L’évangile dans sa radicalité a été , à l’origine proclamé dans la continuité et dans la rupture avec deux mondes : Les empires idolâtres du pouvoir et le décalogue du Sinai , « le monde païen et le monde juif de la tradition mosaïque » .Aujourd’hui encore l’Evangile est rupture ,Il brise le cercle de fer où s’enferment les humains. : le cercle des peurs et des violences, de la morne résignation et des pouvoirs aveugles notamment celui de l’argent. L’Evangile est désordre fondamental par rapport à ce qui se présente comme l’ordre nécessaire : l’idolâtrie de l’argent et, il faut le dire , la lourdeur de la religion chrétienne et de son vieil appareil.(2bis). Cet « Evangile sauvera l’église » , tel est le titre d’un ouvrage de Joseph Moingt .Un Evangile radical « pour un maximum en tout, pour aller jusqu’au bout, au plus fort, ne craindre ni l’étrange ni l’impossible, passer le seuil de toutes les peurs accumulées et risquer le tout pour le tout. ».(3)
(1) Les tapisseries Charles Péguy.
(2) Matthieu 5/ 38 à 48.
(2bis) :Le christianisme dans son épaisseur historique parait comme l’analogue de ce que fut le judaïsme au temps des premiers chrétiens.
(3) La quatrième hypothèse de Maurice Bellet chez Desclée Debrouwer
Les trois premiéres hypothéses sont :
1) Le christianisme disparait
2)Le christianisme se dissout
3) Le christianisme continue : Un pas à droite, un pas à gauche, en cahotant.
4)La quatrième hypothèse que je choisis, dit Bellet , c’est l’Evangile repris dans son abrupt , la foi sans la tranquillité de la croyance..Quelque chose meurt et nous ne savons pas jusqu’ou cette mort descend en nous.
« Un homme est venu parmi nous, un parmi tous les autres, et il lui fut donné de traverser l’impossible, de transgresser l’évidence, l’évidence de la mort…. Cet homme c’est nous, c’est moi c.’est toi et moi….Voici le temps de la pensée sans peur….Il est mort, nous l’avons tué .Quelques uns affirment qu’il est vivant C’est une foi par de la l’abîme, c’est le pas immense qui franchit le val sombre de l’effondrement ».