Nécessité fait loi
Une loi oblige à porter secours au frère en danger..Au printemps dernier un maire a tiré de la boue des centaines d’émigrés comme jadis Eved -Melek a tité de la citerne de Malkiya le prophéte Jérémie enfoncé dans la boue.(1).Les ministres avaient balancé Jérémie dans une citerne boueuse à cause de son discours pacifiste , On l’accusait à tort de vouloir passer aux chaldéens , de passer à l’ennemi. Après un printemps pluvieux qui a transformé un campement, d’émigrés en cloaque , le soleil d’un bel été n’a pas suffit à sécher les argiles grises du flandrien supérieur. Fallait-il laisser tous ces gens dans la boue alors que l’hiver s’annonçait ?
La nécessité a fait loi dans la commune de Grande Synthé qui sans le soutien évident de l’état a pris courageusement la décision de mettre au sec ces émigrés.
« Nécessité fait gens méprendre(2) et faim saillir le loup des bois » chantait François Villon. Monsieur le sous- préfet a bien de la chance car dans « la jungle » ,Il y a plus d’agneaux que de loups. La gentillesse des migrants, leur bonne humeur, leur sourire dans l’adversité fait l’admiration des humanitaires bénévoles qui les servent au mieux.
« Faire souffrir est la très sure façon de se tromper « disait Camus(3) Par contre on ne se trompe jamais quand on fait preuve d’humanité, quand on obéit à la voie de sa conscience..
Désobéir devient ainsi une « subversion de l’abîme »(4) "L’abime c’est la ou sont les exclus ,les impossibles, sans place, sans parole, sans visage" .Du fond de cet abime et les pieds dans la boue ,je revendique avec Damien, monsieur le maire, l’honneur d’être un « hors la norme pour ne pas dire la loi. Dans cette affaire ,La nécessité a donc bien force de loi. Je confirme et je signe. Bonne fête de Noêl. Olbec.
(1) Livre de Jérémie chapitre 38..
(2) « Méprendre » c’est commettre un délit en vieux français.
(3) Caligula de Camus.
(4) « L’abîme c’est l’en bas et l’en dehors » écrivait Maurice Bellet qui ajoute : « L’abime n‘est pas ce qui fait la détresse humaine, y compris la plus honteuse et le plus ravageuse ;Il n’y a pas de poubelles de l’humanité. L’abîme c’est le refus que tout être humain soit humain de grande humanité, digne infiniment d’être connu, respecté, aimé, avant tout mérite et toute dignité » Le Dieu sauvage chez Bayard.