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espérance - Page 11

  • Un parti pris d'espérance

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    LE PARTI PRIS DE L’ESPERANCE (1)

    « Il reviendra juger les vivants et les morts », Les chrétiens croient au retour du Christ, ils l’affirment  du moins dans leur crédo chaque Dimanche. Cependant bien peu  aspirent à  ce retour, bien peu prient pour  que Jésus  revienne, personne n’est pressé de le voir revenir, même ceux qui sont affrontés à la souffrance. Ils se moquent même  des témoins de Jéhovah   et autres sectes millénaristes qui annoncent  régulièrement la fin du monde. L’an 2000 n’a pas suscité de panique et encore moins de faux espoirs  comme 1000 ans avant .Il semble  que l’espérance est morte, du moins cette espérance là  qui a tant marqué  les premières générations de chrétiens, et dont témoigne les écritures.  « Je serai avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde »Beaucoup de chrétiens vivent cette présence de Jésus  au quotidien  selon sa promesse mais ils ont oublié «  la fin du monde ». Jésus aurait dit jusqu’à la saint glin- glin ce serait  pareil. Du « Venez divin messie » de mon enfance à « Maranata »d’aujourd’hui, ils chantent :"  Viens Seigneur"  , mais le cœur n’y est pas. Les chants de l’Avent, temps de l’attente parlent de la venue  de Jésus  et de son royaume  dans le cœur des hommes  .Ils évoquent   parfois le « dernier jour » mais  au 4 éme couplet , quand ce n’est pas au 7 éme ou au 9 émé  et de manière poétique : c’est l’aube, l’aurore, le jour qui se lève ,le soleil qui va luire ,l’éclat soudain du jour d’éternité ,un ciel nouveau, le royaume des sauvés, la terre promise ,le grand soleil du jour promis . Quand ils chantent  sa venue au futur  c’est sous forme interrogative « reviendra-t-il sur nos chemins ? Ou « trouvera t il quand il viendra ? Partagez vous cette constatation ?  Peut être, comme les vierges sages de Matthieu(2), êtes vous  de ceux qui  veillent  dans la nuit  le retour du Seigneur ? En ce cas, réagissez, dites moi que je me trompe, j’attends vos réflexions. Les mayas et les aztèques attendaient, dit on, le retour d'un dieu blond  nommé Quetzalcóatl. Un étudiant allemand de Dresde  découvre  en 1880  "les mystères des mayas «et leur calendrier  échappés à  la rage destructrice des conquistadors espagnols. Ses calculs l'amènent à dater  le retour de Quetzalcóatl et la fin du monde. Ce serait le 22 Décembre 2012 à 0h45 .Bigre !! (il aurait pu nous laisser un dernier Noël !) Espérons que la sagesse des nations  à Copenhague  retarderont  l' apocalypse  du moins sous forme de catastrophe écologique . Pour le reste  c'est  téléologiquement et theologiquement,  le secret du Pére.(Marc ch.13/ 32)

    Le retard  du retour de Jésus

    Dans la deuxième épitre de Pierre au chapitre 3,l’auteur  (en 125 après Jésus Christ sans doute)  est très sévère pour ceux qui n’attendent plus le  retour du Seigneur : ce sont des « sceptiques moqueurs  menés par leurs passions personnelles »ces gens qui disent « où en est la promesse de son avènement  alors que tout demeure dans l’état depuis la création »Voici  le commentaire de l’auteur de cette lettre : « N’oubliez pas ,mes amis, que pour le Seigneur  un seul jour est comme mille ans et mille ans est comme un jour .Le Seigneur ne tarde pas à tenir sa promesse ,mais il fait preuve de patience envers vous…., voulant que tous  parviennent à la conversion .Le jour du Seigneur viendra comme un voleur….Nous  attendons selon sa promesse des cieux nouveaux et une terre nouvelle  où la justice habitera».C’était en 125,nous sommes en 2009 .Si pour le Seigneur  mille ans c’est comme un jour, pour nous , c’est bien long et 2000 ans c’est doublement long. Comme les dix vierges de Matthieu nous nous sommes  peut être endormies. Je ne pense pas que nous soyons les « sceptiques moqueurs »que dénonçait l’épître de   St Pierre .Simplement  nous entamons  notre 3éme millénaire   et nous n’envisageons pas  que tout s’arrête avant son terme. Et si Quetzalcóatl revenait avant Jésus ? 2012 n’est plus loin. ! Sombre apocalypse !

    Une espérance comme une attente

    " Rendre  indispensable l’impossible » Voila  ce que disait Bronislaw Geremek  qui  nous a quitté l’an dernier dans un accident de voiture. ( il aurait fait un bon président pour l’Europe) Cet homme comme nombre de dissidents  a vécu l’espérance comme  une longue attente.

    Vaclav Havel dans un beau discours à l’académie des sciences morales et politiques  en1992 décrit  ce que fût cette attente :

    -En attendant Godo .Beaucoup, perdant l’espoir de  faire bouger les choses, se sont mis à espérer en un vague salut  venant de l’extérieur..C’était « une espérance d’individus sans espoir »comme les personnages de Beckett sur le banc..

    -D’autres, « vivaient  l’attente en tant que patience animée par la croyance  que résister en disant la vérité est une question de principe, tout simplement par ce qu’on doit le faire. » .

    -D’autres enfin vivaient « une attente inspirée par la conviction  que la graine semée prendra racine et germera un jour .Nul ne sait quand ».Cette dissidence « cultivait la patience …l’attente en tant que patience, comme un état d’espérance » Et Il ajoute : « une attente  qui a un sens parce que générée par l’espoir et non par le désespoir, par la foi  non par la désespérance par l’humilité devant le temps de ce monde… une telle attente est plus qu’une simple attente. C’est la vie, la vie en tant que participation joyeuse au miracle de l’Etre».

    Ce qui me touche dans  le discours de Vaclav Havel,, c’est  que pour décrire l’espérance des dissidents, il emploie   les images   dont se servait Jésus pour parler du Royaume. La patience du semeur.qui « attend la germination », « il faut semer patiemment les graines, arroser avec assiduité la terre où elles sont semées et accorder aux plantes le temps qui leur est propre. » »On ne peut duper une plante,…mais on peut l’arroser, patiemment, tous les jours. Avec compréhension, avec humilité, certes, mais aussi avec amour ».

    Voila une espérance en acte ! Un acte d’espérance ! Un parti pris d’espérance.

    Les chrétiens, n’ont-ils pas   à vivre  le temps de l’’attente  à  la manière des dissidents ?

    Une résistance à l’inhumain (3) avec le doux entêtement, et la patience  du prophète de Galilée.

    La foi  dans  la semence  de justice et d’amour qui germe et grandit «  que l’on dorme ou que l’on soit debout » Marc ch. 4/26à29. Donner du prix  et encourager tout pas vers  plus d’humanité. Mais aussi, ne pas attendre un salut  qui comme   Godo  viendrait d’ailleurs. « Ne pas attendre la floraison d’un lys que nous n’avons pas planté »

    Espérer  dans l’attente avec « humilité et amour ». Ne pas céder à l’impatience et vouloir comme « un enfant tirer sur une plante pour la faire pousser »

    « Participer joyeusement au miracle de l’être » Ajoute Vaclav Havel. Voila qui  devrait parler  aux familiers de l’Evangile des  béatitudes.

    Aimer l’espérance, croire au bonheur

    « Dis moi ton espérance » c’est le titre d’un livre de Guy Coq (4) qui avoue  d’emblée dans son introduction que » comme beaucoup  de ses contemporains, que le désespoir attire, il n’a pas aimé l’espérance ». C’est que « les utopies les plus belles ont accouchées du pire ». Et ont fait du 20 éme siècle  la période la plus sombre  de l’histoire humaine. Le lieu de mon espérance  finalement, c’est l’Evangile, dit  Guy Coq.

    C’’est le refus devant l’espérance .qui a longtemps fait obstacle pour moi, alors  qu’elle est  première   dans  toutes les foules que rencontre Jésus. Bien avant la foi, Jésus  soulève une immense espérance par ses gestes envers les malades, les rejetés et exclus de son époque, la radicalité de ses prises de position, la révélation de la bonne nouvelle de l’Amour  de  Dieu, ses promesses  de bonheur. Une espérance qui étonne Dieu lui même  d’après Péguy(5) «  Et moi, Je ne croyais pas au bonheur ». Guy coq raconte  une histoire, celle d’un saint, qui ne croyait pas au bonheur.  Quand il s’était présenté à sa mort devant le Christ, celui-ci lui a dit : « Tout est parfait dans ta vie, mais il y manque quelque chose d’essentiel : tu n’as pas cru au bonheur ! Alors  tu vas recommencer ta vie mortelle  en prenant appui sur la foi au bonheur, tu devras revivre ta vie avec en plus, au fond de toi, l’espérance illimitée du bonheur » Ainsi fut fait conclut l’auteur.

     

    (1) profession de foi de ‘Action catholique ouvriére

    (2)Matthieu ch.25 :1à13

    (3) Cette résistance ne serait elle pas la mise en œuvre de « l’utopie négative » dont nous parle Guy Coq.

    (4) Dis moi ton espérance le seuil

    (5) Le porche du mystère de la deuxième vertu : « La foi que j’aime le mieux, dit Dieu, c’est l’Espérance.... la foi ça ne m'étonne pas ,j'éclate tellement dans ma création »

     

     

     

     

     

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