« Il était une fois dans une ville un juge qui ne craignait pas Dieu et qui se moquait des hommes. Il y avait dans cette ville une veuve qui venait le trouver, en disant : « Rends-moi justice contre mon adversaire ». Pendant longtemps, il s’y refusa. Puis il se dit : « J’ai beau ne pas craindre Dieu et me moquer des hommes, néanmoins comme cette veuve m’importune, je vais lui faire justice, pour qu’elle ne vienne pas sans fin me prendre la tête. »Luc ch. 18 v 2 à 5.
Aujourd’hui, Il est peu ou pas de juge pour se moquer de Dieu et des hommes, ces gens là sont trop bien élevés, peu ou pas de juge pour refuser de siéger ; simplement il ne faut pas être pressé. La justice « se hâte avec lenteur »comme la tortue de La Fontaine. Les prisonniers qui attendent parfois des années leur jugement pensent peut être qu’il est des juges qui se moquent d’eux et seraient préts à se reconnaitre dans la veuve que Jésus met en scène. L’affaire Montés où l’on voit libérer un détenu réputé dangereux pour une simple faute de frappe et à l’ opposé les condamnations d’ Outreau , amènent les justiciables à s’étonner de l’impunité des juges qui commettent de telles erreurs. Ils seraient prêts à mettre les juges en jugement pour le seul motif qu’ils paraissent se moquer du monde alors que chacun sait, il n’en est rien ; ce sont des gens trop sérieux !!!
Finalement, la justice a mauvaise presse dans notre pays, alors même que la garde des sceaux bénéficie encore d’une certaine popularité .La fronde massive du monde judiciaire contre Rachida Dati pousse le chef de l’Etat à rencontrer lui-même l’union syndicale des magistrats et à jouer au pompier de service. Vient il au secours de la ministre de la justice ou la coiffe t’elle pour mieux la remplacer ? Bien malin qui le sait, Néron peut être ?(1)
Faut-il comme la veuve que Jésus met en scène supplier les juges de faire leur travail ? Cela suffirait il pour que les choses changent ? C’est sans doute moins simple qu’on le dit. La justice ne se rend pas autour des comptoirs mais dans les prétoires, quoiqu’il y a des brèves de prétoire qui valent celles des comptoirs. Reste que malgré les soutanes, les effets de manche et les bonnets carrés, la justice reste humaine.
Alors faut-il comme le suggère St Luc se tourner vers le ciel pour obtenir justice ? « Dieu ne ferait il pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit ? »(2) Le peuple de la Bible vivait dans l’attente de cette justice, l’attente d’un Messie justicier. Jésus n’a pas répondu à cette attente « Je ne suis pas venu pour juger ni condamner mais pour sauver » disait il. Prions-le pour qu’il nous rende juste et nous aide à emprunter un chemin de justice. Si chacun emprunte ce chemin, les juges auront moins de travail et la justice sera sans doute mieux rendue.
(1)Racine .Britannicus. « J’embrasse mon rival, mais c’est pour l’étouffer »
(2)Luc ch18 v7.