Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

faim dans le monde

  • l'homme et la tortue

    L’homme, la tortue et leur avenir

     «  Les hommes font évidemment partie du monde animal. Pourtant, leurs qualités exceptionnelles semblent les classer hors du monde naturel. Sa population, la plus élevée du monde mammifère (7 milliards d'humains en 2012) illustre sa grande aptitude à survivre et à s'adapter aux milieux les plus différents et extrêmes. Aussi sommes-nous tentés de penser que nous sommes le chef-d'œuvre de la Création. Que notre intelligence fait de nous l'espèce la plus avancée de l'Évolution. Il existe dans la nature une autre échelle qui mesure les chances de survie à long terme d'une espèce, en fonction de son intégration harmonieuse dans l'écosystème terrestre. Les tortues, par exemple, existent depuis plus de 200 millions d'années,(100 fois plus que nous qui nous prenons pour des  lièvres  face à leur lenteur proverbiale)  À cette échelle, notre place est peu enviable : aucune espèce n'a jamais eu d'interaction plus désastreuse avec son environnement naturel. Après quelques millions d'années de présence terrestre, notre avenir est aujourd'hui bien incertain. Sachons rester modestes et vigilants ! » (1)

    On conçoit bien que surmonter « la crise » financière soit urgent. Les présidentielles vont  être centrées  en partie sur  la façon de la résoudre, mais  les problèmes de long terme, encore plus considérables, sont du coup renvoyés à plus tard. On ne peut pas courir deux liévres à la fois diront nos candidats ! C'est vrai,encore faut il choisir le bon.

    « Parmi eux, les problèmes  démographiques s’imposent au premier plan. On vient de célébrer la naissance du sept milliardième humain… : comment nourrir et offrir une vie digne à tous les individus, qui seront bientôt neuf milliards, sans abîmer davantage la planète et en restant en paix ?  Le bilan de départ en ce qui concerne la nourriture est mitigé. L’expansion de la ville et des infrastructures élimine chaque année des terres arables, la désertification par surexploitation progresse, des terres sont utilisées pour faire du carburant,  etc.D’ores et déjà, on compte un bon milliard d’individus qui ne mangent pas à leur faim et quelques milliards d’autres qui mangent mal. Notre civilisation technicienne cherche naturellement le salut dans la recherche agronomique.Il ne suffit pas, cependant, qu’il y ait des solutions techniques aux problèmes de l’alimentation pour tous. Encore faut-il les mettre en œuvre. Il y a peu, une assemblée générale de la FAO à Rome a voulu traiter sérieusement de ce problème. Les chefs d’État de nos pays l’ont boudée (1bis).Pourtant, il est clair que des problèmes de la taille de ceux qui viennent d’être évoqués supposent une forme de gouvernance mondiale disposant d’une  grande autorité ». Gabriel Marc (la croix du 2 Janvier).

    Les premières révoltes de la faim, de la vie chère, de la misère commencent à secouer  l’humanité. Notre  espèce ne survivra pas  sans nourriture. Les tortues nous survivront  elles ?  Elles « se hâtent avec lenteur »(2), leur évolution   suivra  peut être  la lenteur de leur démarche et « elles arriveront les premières »au hit parade de la longévité.

    Pendant que la «  tortue s’évertue »nous ressemblons au lièvre de la fable : 

            « il broute, il se repose

    Il s’amuse à tout autre chose. »(2)

    C’est l’heure, il est temps de s’y mettre et d’exiger des candidats  qu’ils relèvent la tête qu’ils  ont  enfouis  dans le sable comme  les autruches  ou  si vous le préférez dans le guidon comme des  cyclistes imprudents .


    (1) Hubert Reeves : « Sciences et avenir » janvier 2012. L’homme  a-t-il une place unique dans le cosmos ?

    (1bis)Jean Ziegler parle de"crime contre l'humanité".Il appelle de ses voeux  un procés à la Nuremberg .Il compare l'organisation mondiale du commerce(omc),le FMI,et la banque mondiale aux trois cavaliers de l'apocalypse.Au chapitre 6 ,En fait ils sont quatre :blanc pour l' esprit de conquête,rouge feu  pour la guerre,noir pour le commerce et la fixation des prix,blême  pour la mort.Le marché mondial alimentaire est dominé par une dizaine de sociétés privées.Elles fixent les prix,controlent les stocks,décident qui va vivre et qui va mourir ... les trois cavaliers estiment  que toute intervention dans le marché est un péché ,que sauver des vies est une hérésie...Théorie néolibérale meurtriére et obscurantiste...

    Jean Ziegler est vice président du comité consultatif du conseil des droits de l'homme de l'ONU.

        (2) Le lièvre et la tortue La Fontaine : « Rien ne sert de courir ,il faut partir à point" voir ci- dessous.


    Fable de Jean de la Fontaine : Le lièvre et la tortueLE LIÈVRE ET LA TORTUE

    Rien ne sert de courir ; il faut partir à point :
    Le Lièvre et la Tortue en sont un témoignage.
    « Gageons, dit celle-ci, que vous n'atteindrez point
    Sitôt que moi ce but. — Sitôt ? Etes-vous sage ?
    Repartit l'animal léger :
    Ma commère, il faut vous purger
    Avec quatre grains d'ellébore.
    — Sage ou non, je parie encore. »
    Ainsi fut fait ; et de tous deux
    On mit près du but les enjeux :
    Savoir quoi, ce n'est pas l'affaire,
    Ni de quel juge l'on convint.
    Notre Lièvre n'avait que quatre pas à faire.
    J'entends de ceux qu'il fait lorsque, prêt d'être atteint,
    Il s'éloigne des chiens, les renvoie aux calendes,
    Et leur fait arpenter les landes.
    Ayant, dis-je, du temps de reste pour brouter,
    Pour dormir et pour écouter
    D'où vient le vent, il laissa la Tortue
    Aller son train de sénateur.
    Elle part, elle s'évertue,
    Elle se hâte avec lenteur.
    Lui cependant méprise une telle victoire.
    Tient la gageure à peu de gloire,
    Croit qu'il y va de son honneur
    De partir tard. Il broute, il se repose,
    Il s'amuse à toute autre chose
    Qu'à la gageure. A la fin, quand il vit
    Que l'autre touchait presque au bout de la carrière,
    Il partit comme un trait ; mais les élans qu'il fit
    Furent vains : la Tortue arriva la première.
    « Eh bien ! lui cria-t-elle, avais-je pas raison ?
    De quoi vous sert votre vitesse ?
    Moi l'emporter ! et que serait-ce
    Si vous portiez une maison ?

    JEAN DE LA FONTAINE

    ---