« Tu ne tueras pas »
Voila un ordre bref, sans appel, très peu suivi bien que très intéressant pour l’humanité. Commandement fulminé par Yahvé du haut d’un Sinaï fumant de la nuée, présence du divin (1). Jésus n’abolit pas ce commandement mais va plus loin. « Il a été dit aux anciens, tu ne tueras pas, moi je vous dis, ne te mets pas en colère contre ton frère, ne le traite pas d’imbécile et encore moins de fou ». Dans cette logique, Jésus invite ses disciples à ne pas répondre « œil pour œil, dent pour dent » mais « à tendre l’autre joue » et même à « aimer ses ennemis ».(2)Dans la bouche de Jésus le décalogue devient « une loi pour les anciens » , presqu’obsolète.. « Moi je vous dis » : Jésus dit à ses contemporains que toute la loi se trouve dans un seul commandement : Aime Dieu et ton prochain.
Le « tu ne tueras pas »de l’ancienne alliance prend vraiment tout son sens avec l’éclairage de cette loi nouvelle. L’évêque brésilien qui a excommunié les auteurs d’un avortement dramatique, celui d’une jeune gamine enceinte de jumeaux après avoir été violé par son beau père, a-t-il médité le chapitre 5 de Matthieu ? Au lieu de fulminer du haut de sa cathèdre une excommunication insensée, il accueillerait dans son évêché les gamines de son diocèse meurtries par un drame semblable, fruit d’une grande misère et en tant que célibataire libéré de contraintes familiales, il irait habiter lui-même dans la favela au milieu des pauvres gens . Il est vrai que cet évêque succède à don Helder Camara qui avait lui, donné son évêché aux malheureux ; il est peut être déjà à la rue ! Dans ce cas je n’ai rien dit ! « Cet évêque excommunicateur est il en communion avec Jésus ? Je ne le crois pas, dit Gérard Bessières .Cet homme sans humanité excommunierait Jésus s’il le pouvait », en attendant, il le crucifie dans ses membres. Le grand inquisiteur qu’imagine Dostoïevski(4) reconnait Jésus qui traverse la foule sur le parvis de la cathédrale de Séville. Il le reconnait à la lumière de son regard de compassion et d’amour et Il le fait jeter en prison. Il lui faut éteindre la lumière de cet amour subversif et le chemin de liberté qu’elle éclaire. L’évêque de Recife se prendrait il pour le grand inquisiteur ?
Les 200000 avortements légaux qui ont lieu en France chaque année sur 700.000 naissances interrogent, il est vrai, notre conscience car, ce sont autant d’échecs qui laissent bien souvent à ceux qui le vivent un gout amer. Il faut secouer les adeptes de la pensée unique qui font peser une chape de plomb sur une question devenue tabou. Il faut interpeller les idéologues d’un féminisme parfois aveugle qui se refusent à faire avec sérieux le bilan de la loi Veil, 25 ans après sa promulgation, mais les citoyens , chrétiens ou non doivent le faire dans une attitude adulte avec grande Fraternité . Les chrétiens, citoyens eux aussi, le feront avec leur foi en Jésus et l’éclairage de sa loi d’amour, se refusant à tout jugement et toute condamnation (5). Il leur faut «refuser le silence imposé aux pauvres » (6) et lutter pour le respect de la vie, refuser la fracture sociale qui engendre la misère et produit des drames comme celui de Recife.
1) exode ch. 20 / 13
(2) Matthieu ch 5 / 21,22,38,39,43,44.
(3)Matthieu ch. 22 /34 à 40
(4) Les frères Karamazov
(5) Matthieu ch. 7 / 1 à 5
(6) déclaration vigoureuse du groupe Lamennais.georgejnj@wanadoo.fr