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le boin dieu

  • bonté

     

    La bonté  fait sourire aujourd’hui de maniére condescendante ! Aurait-elle disparue de notre monde ?  Notre monde serait-il devenu dur à ce point, se demandait déjà Madeleine Delbrel ?(1)

     

    -On ne dit plus, le Bon Dieu, sauf pour jurer .On lui accorde d’être miséricordieux mais on refuse d’en faire un vieillard débonnaire à la barbe blanche comme on le représente parfois

    - On ne dit plus,  je me dévoue pour des bonnes œuvres. On veut bien s’engager pour une noble cause, militer dans quelque ONG mais, les bonnes œuvres ça fait ringard.

    -On ne dit plus les « bonnes âmes » sinon pour se moquer avec cynisme de ceux qui s’offusquent de la violence faite aux faibles. Quand on proteste, on le fait au nom des droits de l’homme, de l’égalité devant la loi, voir de la fraternité.

    -Même les religieuses ne veulent plus qu’on dise les Bonnes Sœurs.

     

    Et pourtant, La bonté d’un évêque un jour a transformé un voleur d’ argenterie en innocent .Aux gendarmes qui l’amène menotté, à l’ évêché de Digne , il dit qu’il avait donné  ses couverts au vagabond et en plus, il lui donne deux beaux chandeliers. Cette indulgence, cette bonté a bouleversé le bandit nommé jean Val jan et l’a transformé non en  brave type  à la bonhommie naturelle mais en homme bon, d'une bonté proverbiale.(2) Comment cette histoire est elle née dans l’imagination de Victor Hugo ? L’écrivain croyait il à la puissance de la bonté pour la mettre ainsi en scène ? L’avait il expérimentée ? Le succès des «  misérables » doit beaucoup à la figure devenue emblématique de Jean Val jan. Il avait volé un pain pour nourrir les 7 enfants affamés de sa sœur et fait pour cela 18 ans de bagne. Il en était sorti révolté , amer et méchant. La bonté de l’évêque va le retourner.

    « Soyez bon, comme votre Père est bon ». Jésus était il bon comme il nous le demande ?» Pierre qui le connaissait bien en parle comme quelqu’un qui «  passait en faisant le bien » (3) et pourtant il était dur avec ceux qui utilisaient la religion pour s’enrichir ou se faire bien voir, ceux qui imposaient aux autres des fardeaux qu’ils ne portaient pas eux même, ceux qui se servaient de Dieu au lieu de le servir. Il les a même traités un jour de sépulcres blanchis. Mais Jésus concluait souvent ces reproches en disant : « Je ne suis pas venu pour juger et condamner mais pour sauver »(4).Comme celle de l’évêque Miriel des Misérables que les habitants de Digne appelaient Monseigneur Bienvenue, comme celle de jean val jan, la bonté de Jésus sauve, elle rend souvent bonceux à qui il pardonne.(la femme adultére,Zachée,Matthieu etc..)

    La conversion de  François d'Assise se produit alors qu’il s’était rendu dans une léproserie« Je leur fis miséricorde, après cela je sortis du monde. »Dans les lépreux François  se voit comme dans un miroir, il voit les misères de sa  propre vie dissolue, il leur fait miséricorde et trouve la paix. «  En m’en allant de chez eux, après leur avoir fait miséricorde, ce qui me semblait amer fût changé pour moi en douceur de l’âme et du corps » (5) .

    J’ai fait un jour l’éloge de la miséricorde devant un parterre de petits et arrière petits neveux. Je leur fis l’éloge de leur grand père .Je leur ai raconté l’histoire de Louis le jardinier de « la montagne »(6) :

    Un jour, Louis surprend un braconnier la main dans le sac,ou plutôt  un lièvre à la main. Il l’amène par la peau du cou auprès de son patron," monsieur Alphonse", le bon papa de Wervik.

    "je vous connais monsieur, vous habitez bien en bas de la côte, derrière le petit bois ?  Comment va votre épouse ? S’est-elle bien remise de la naissance du dernier ? "Oui,merci monsieur, c'est son huitiéme".

     

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    -Ca vous fait combien de bouche à nourrir ?

    -Avec la maman, on est 11 à table midi et soir.

    -Louis vous avez entendu ? On ne peut pas laisser partir cet homme avec ce petit lièvre, allez donc à la cave en chercher un autre. Prenez le plus gros, c’est pour une famille nombreuse.

    Comme les deux chandeliers de l’évêque de  Digne , ce gros lièvre a fait grand bruit. On racontait cette histoire longtemps après dans toute  la famille et dans le village en faisant l’éloge de la bonté. Le grand père avait fait miséricorde, il méritait d’être appelé bon papa. Il n’a pas laissé grand héritage sinon ce lègue de la bonté. Avant lui, Jésus avait fait son testament et légué aussi à ses amis la bonté : « Mes petits enfants, je vais vous quitter, je vous donne un commandement nouveau : aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimés.Soyez bon, comme Dieu votre père est bon » Voila comment les onze  d'abord puis les chrétiens sont devenus les héritiers d' une  Parole en or.  Il est plus facile de léguer ses meubles que de transmettre ses convictions, il est  vrai .La bonté est parfois  restée  sur le papier, rangée  dans le tiroir d'en bas.  Parfois  elle  a sauté une génération ,voir un siécle entier ( comme le  terrible 20 éme dont on sort à peine)  ,parfois  elle a servi  de slogan publicitaire:" Du bo,du bon....". Ya bon ..!.Quand c'est bon...!  La miséricorde  laisse   aussi  parfois un bon goût de miel ? :"ce qui me semblait amer fût changé pour moi en douceur de l'âme et du corps" dit  François d'Assise,c'était aprés qu'il eut fait miséricorde ,fait preuve de bonté envers le lépreux.La bonté a bon goût ,c'est du bon, et quand c'est bon !! ,dirait  mon cousin vigneron,c'est du" fort fort bon" en imitant sa grand mére et en pensant à son vin.

    Xavier Beauvois  dont le film "des hommes et des dieux" vient d'être honoré à Cannes a parlé de sa rencontre avec le frêre Jean Pierre  ,un des deux seuls survivants du massacre des moines de  Tibhirine. Cette rencontre a été déterminante  dans sa décision de  réaliser son film  :"J'ai vu dit il, la bonté dans ses yeux"..."Contempler son sourire m'a encouragé  à me lancer dans cette aventure".Voici donc Cannes  qui se met , au dela des paillettes,à faire lui aussi l'éloge de la bonté.

    (1) Madeleine Delbrel : «  Nous autres les gens des rues » Le Seuil 1966

    (2) Victor hugo : les misérables

    (3) Actes ch.10/36

    (4) Jean ch 12/47

    (5) La légende des trois compagnons ch. 17


    "La lèpre impressionne, le lépreux fait horreur. Mais voici ce que racontent les « Fioretti » :" saint François ose écouter, soigner,réconforter de son amitié, un lépreux que sa souffrance rend méchant et encore plus laid.

    Comme avec le loup de Gubbio, François apprivoise celui qued'habitude on craint et on rejette. Par sa patience, sa bienveillance, il arrive à redonner la  paix, à rendre le sourire à un homme .

    Ce récit montre comment, en accueillant l'autre avec ses  particularités qui peuvent nous déplaire, on le rend aimable aux yeux de tous".

    (6) On appelait ainsi la maison du grand père bâtie sur une butte et entourée de bois.