« Un prince doit sans cesse prendre conseil mais quand lui le veut et non quand le veut autrui. Et même il doit décourager chacun de lui conseiller en rien s’il ne le questionne pas . (les conseilleurs ne sont pas les payeurs) .Mais lui doit être grand questionneur et ensuite sur l’objet de ses questions, patient auditeur du vrai »(1)Autrement dit : ne pas écouter les conseils qu’on lui donne mais tenir compte de ceux qu’il sollicite.Je n'ai quand à moi pas de conseils à donner et je ne crois pas qu'elles et ils demanderont mon avis pour quoique ce soit. Ils sont trente quatre, dix sept femmes et dix sept hommes, ces nouveaux « princes" qui nous gouvernent »:ministres "dignes et simples" selon le souhait du chef de l’état .
Simplement ,une question à notre nouveau ministre de l’intérieur :
Sera t' il grand questionneur et patient auditeur du vrai ?
Laurent Mucchiaioli un des meilleurs spécialistes des questions de sécurité dans un article du monde du 5 Juin 2011 intitulé « La posture autoritaire et populiste de Manuel Vaels » telle qu'elle apparait dans son livre(2) , faisait deux remarques :
-A) « M Valls n’a pas un niveau de connaissance suffisant des problèmes. Nous l’avons vu, son diagnostique est globalement plutôt superficiel. Niveau café de commerce avec des slogans de comptoir : « la violence explose, les délinquants rajeunissent sans cesse, plus de valeurs, plus de limites, la justice ne fait pas son boulot, on les attrape le soir, ils sont remis en liberté le lendemain etc. .» Monsieur Valls est totalement éloigné de ce que peut être une approche impartiale d’une réalité complexe. On attendrait de lui qu’il ait l’intelligence de comprendre les limites de sa position pour s’entourer de personnes capables de lui donner le diagnostic de base qui fait défaut ».
B)-« Emmanuel Valls ne peut se satisfaire de ce niveau superficiel d’analyse, au nom d’une posture volontairement très politique pour ne pas dire politicienne ». Cette posture politicienne est payante et lui vaut finalement un porte feuille alors qu’il n’avait eu aux primaires que 5,7% des voix. Les militants et sympathisants socialistes ne voulaient pas d’un Guéant bis à l’Elysée, le trouveront ils place Beauvau ? .
A ces deux remarques d’un spécialiste, j’ajouterais une remarque d’un simple citoyen, militant des droits de l’homme :
Le choix d’Emmanuel Valls comme ministre de l’intérieur a sans doute été réfléchi par de « grands questionneurs", Il a peut être lui-même entendu les conseils de Machiavel pour devenir patient auditeur du vrai . j'espère qu’il s’entourera de personnes capables de lui donner le diagnostic de base des violences urbaines. Fin politicien, Valls s’abstiendra , je l'espére de faire des déclarations tapageuses comme ses prédécesseurs selon le bon principe "qu'il sied encore plus mal à un ministre de dire des sottises que d'en faire" (3). S’il lui arrivait de déraper, ils seront , je l’espère, trente trois à l’encadrer avant de le faire « valser ».Les 17 ministres féminins en particulier me rassurent. Elles l’empêcheront de sombrer dans un tout répressif , décomplexé , drapé dans "une probité candide" et le drapeau rouge de la liberté. En plus de leur maroquin tout neuf, ne sont elles pas un peu toutes, ministres de l’intérieur ? En toute occurrence, elles ont plus de métier que leurs homologues masculins pour l’ intérieur . Sollicitées par Emmanuel, elles seront, je l’espère, de précieuses conseillères dont il tiendra le plus grand compte.
"la violence est au cœur de la condition humaine.L'un des buts de la politique est de la maîtriser partout ou elle est présente.: délinquances,criminalité,prises d’otage,terrorisme,injustices flagrantes,conflits d’intérêt,....afin de sortir de l'animalité de la violence brute,elle réserve à l'état le monopole de la contrainte physique légitime et contrôlée.Elle cherche à substituer à la violence , le droit et la parole..et à établir un juste équilibre entre pouvoir judiciaire et pouvoir politique pour assurer la liberté de chaque citoyen .(4)
P.S. je reçois un message alarmant de "la marmite aux idées" de Calais. Je le joins à ma note tant il est interpellant.(5)
(1)Le prince : Machiavel.
(2)le livre de Emmanuel Valls : « Sécurité, la gauche peut tout changer » aux éditions du Moment. Juin 2011.
(3) Mémoires. Gondi cal de Retz.
(4)Réhabiliter la politique. Document des évéques de France 1999.
(5)Le président a changé, les ministres ont changé, la suppression des objectifs chiffrés pour la police et les préfectures a été annoncée
Pourtant à Calais, le harcèlement policier est depuis le lendemain du second tour de la présidentielle l'un des plus forts que l'on ai connu depuis la destruction de la Jungle des Afghans pachtounes en novembre 2009. Les policiers tournent en permanence dans la ville et ses alentours, contrôlent au faciès et arrêtent, avec une prédilection pour les accès au lieu où les associations humanitaires distribuent les repas, entravant ainsi leur activité. Privation de sommeil, contrôles et arrestations à répétition, y compris de mineurs d'une dizaine d'années, sont quotidiens.
En l'absence de consignes gouvernementales, la police aux frontières – ou la préfecture, ou le parquet - joue visiblement sa propre partition.
La manœuvre est politiquement habile. Elle met en difficulté la gauche vis-à-vis de ses soutiens, puisque le changement ne vient pas, sinon en pire. Elle incite les associations à la résignation, puisque rien ne change. Elle crée un état de fait pour continuer ses pratiques quel que soit le gouvernement.
Est-ce que l'argent du contribuable doit servir à de telles manœuvres ?
Les actions de la police à Calais font l'objet d'une enquête du Défenseur des droits. Mais les choses vont au-delà de la violence et du harcèlement. La lecture de la presse nous apprend que la police aux frontières intervient très au-delà de ses attributions.... .La police aux frontières est dans la position d'une super-police, intervenant dans des domaines très larges.
Dans le cadre de la remise en ordre des institutions et de la restauration de l'État de droit, il est important que la PAF retourne à ses missions et s'y cantonne. Une réorganisation de ses équipes est probablement nécessaire. Et le départ des CRS est indispensable pour diminuer la tension et la violence.
La Marmite aux Idées