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libereté

  • A quoi ça sert !

     

     

    A quoi ça sert de croire ? Qu’est ce que ça rapporte ? Qu’est ce qu’on a de plus ? Y a-t-il un intérêt quelconque à croire à Jésus et son Evangile ? La question est redoutable et au sens strict la réponse est claire : ça ne sert à rien. ! On ne se situe pas ici dans l’utilitaire. Vous auriez beau saler, poivrer et mixer la foi, l’espérance et la charité avec ou sans crème fraiche vous n’obtiendrez pas de la bonne soupe.

    Au 18 ème siècle, le Dieu des philosophes, l’être suprême servait à ordonner l’horlogerie de l’univers. Le bonheur et l’espérance dans un avenir radieux ne venaient pas du ciel mais de la raison et du développement des sciences.(relire Condorcet)

    Au 19 ème siècle, tandis que certains retrouvaient le «  génie du christianisme » dans un clair de lune sur les ruines de quelque abbatiale, d’autres mettaient la foi en soupçon. Le christianisme était la religion des faibles, des esclaves, des coupables. Il fallait déclarer la mort de Dieu pour que l’homme puisse vivre librement et s’éclater. Croire, c’était s’évader de la lutte contre l’exploitation capitaliste. Croire, c’était inventer un Dieu Père pour décharger sur lui toute sentiment de culpabilité. Croire, c’était aliéner sa liberté d’homme et ne pouvoir se réaliser pleinement. Ces philosophies du soupçon ont accouchées d’un athéisme militant incarné au siècle suivant dans des régimes ou la foi était combattue pour elle-même. Ces régimes avaient la réponse à notre question : la foi à quoi ça sert ? Non seulement ça ne sert à rien, pensaient ils mais c’est néfaste pour l’homme, il faut la combattre.

    Au 20 èmè siècle, les croyants ont subi les persécutions de ceux qui voulaient déraciner leur foi. Le peuple de la Bible a vu décimer ses rangs vers ce que les nazis appelaient la solution finale. Avec les 5 millions de juifs, 50000 prétres polonais sont passés dans les fours crématoires..Il est vrai, la prudente attitude qu’on reproche à Pie X1 a limité les persécutions dans les pays catholiques occupés par la Wehrmacht. De l’autre coté de ce qu’on a appelé longtemps le rideau de fer, la position de ceux qui croyaient n’était pas plus confortable. On a parlé des crimes de Staline, on pourrait ajouter ceux de Mao. En chine aujourd’hui encore, il y a plus de 2000 pasteurs en prison et les tibétains bouddhistes ne sont pas à la fête.

    Apres un siécle de fer et de feu, deux guerres mondiales et de multiples guerres de libération en Algérie, au Vietnam, en Ouganda etc. …, des génocides : arméniens, juifs et gitans, Cambodgiens, Rwandais, Kosovars etc.., l’utilisation d’une bombe atomique sur des populations civiles, un monde coupé en deux avec l’équilibre de la terreur pour maintenir une guerre froide, nous voici au début d’un nouveau siècle.

    A quoi ça sert de croire ? la question est reposée .A-t-on la réponse ? On sait maintenant qu’un monde ou la foi est combattue, un monde qui se comprend que par la seule raison, un monde ou fleurissent de grandes idiologies au nom desquelles le pouvoir absolutise ses positions, n’a pas fait le bonheur de l’homme. Vouloir déraciner la foi au nom du progrès et proclamer la mort de Dieu est sans doute insensé. Si la foi ne sert à rien, laissons les croyants vivre leur foi tranquillement. Des milliers d’enfant afghans ont perdu pieds et mains dans les explosions des mines anti personnelles au nom d’une croisade des troupes de l’URSS qui voulaient au forceps arracher un peuple à l’obscurantisme. Ils n’ont fait finalement que durcir les positions de l’intégrisme et ouvert un autre conflit dont on n’est pas sorti.

    A quoi ça sert de croire ? La réponse à cette question n’appartient pas à ceux qui combattent la foi. Ils ont perdu avec les millions de mort du siècle dernier toute légitimité pour parler. Nous demandons aux adeptes de la pensée unique et aux donneurs de leçon de cultiver la modestie. Qu’ils se mettent à l’écoute des croyants, ceux qui sont prêts à s’expliquer..Ceux qui acceptent, comme leur demande Pierre,  « de rendre compte de l’espérance qui les habite » (1) Ils n’ont pas perdu leur langue. Ils sont prêts pour peu qu’ils sentent chez leur interlocuteur une certaine sympathie et une certaine honnêteté de dire ce qui les fait vivre,. Je termine la lecture d’un témoignage étonnant celui de Mimi, ouvrière d’usine à 14 ans que sa foi de jociste amène à choisir quelques années plus tard d’entrer dans une grosse filature pour y développer la JOCF et faire connaitre Jésus qui «  pour beaucoup ,dit elle , était un inconnu » … « quand elles avaient travaillé toute la semaine dans des conditions difficiles dans la poussière et le bruit de l’usine ,Dieu n’avait de place dans leur vie que par miracle. Ce miracle nous l’avons réalisé parfois à travers l’amitié, la lutte pour être respecté et la prise de conscience de leur dignité de jeunes travailleuses » .Des équipes sont nées de ces dialogues, on y partageait les paroles de Jésus sur «  la vie donnée par Dieu en abondance ». Elles découvraient avec fierté quelles avaient du prix aux yeux de Dieu. « Elles que les gens appelaient avec une certaine hauteur,  les filles de la filature et dont Cardjin fondateur de la joc disait qu’elles valaient plus que tout l’or du monde »(2)

    A quoi ça sert de croire ? A rien, sinon pour le croyant ,pour Emilie, savoir que repose sur elle le regard d’un Dieu qui l’aime, qui croit en elle et lui demande d’être solidaire de ceux qui ont besoin du regard d’une amie pour exister , d’une main tendue pour se mettre à lutter et se faire respecter .C’est ainsi qu’on mesure l’efficacité de l’ Evangile . Elle se trouve dans la prise de conscience chez les plus démunis de leur dignité et de leur grandeur humaine. La vocation d’Emilie va l’amener ensuite en Afrique au service de la Jeunesse avec la JOC . Elle y restera 40 ans. ....

     

    1)Première épître de St Pierre Ch 3 v 15

    2)Emilie Bonduelle « On m’ appelait Mimi  » Ed Montréal Québec Juillet 2008