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psalmer

  • Marie

     

    Marie

    Elle a dit cela ? Eh oui, non seulement elle l’a dit mais elle l’a chanté, « slamé » si vous préférez. A 16 ans, on ne psalmodie pas, n’est ce pas ? on « slame », c’est connu !

    Marie aurait donc « slamé »  les hauts faits d’un Dieu qui élève les humbles et

    comble de biens les affamés :

    (Pour «  slamer » ce  qui suit, lire tout haut  en  un rythme  haché et rapide,  avec dans les yeux    l’image séraphique de la Visitation de fra Angelico et dans l’oreille  les mélodies éclatantes  et joyeuses de   Haendel )

     

     

     

    Ton regard sur moi

    Mon âme dans la joie

    Mon bonheur éclate

    Je slame magnificat

    La force de ton bras

    Tire vers le  bas

    Bouffons et péteux

    Tire vers le haut

    Les petits  et les gueux

    Tu combles de pain

    Ceux qui ont faim

     

    Tu vides les mains

    Des richards et des avares.

    Sur moi ton regard

    Ce n’est pas un hasard

    Tu as fait le bon choix

    Mon âme dans la joie

    Mon bonheur éclate

    slamons Magnificat.

     

     

    Apres avoir « slamé », vous pouvez, si vous avez gardé votre souffle,  psalmodier ce qui suit :

     

    « Le Tout puissant a fait pour moi de grandes choses

    De toute la force de son bras, il a dispersé les orgueilleux

    Il a jeté les puissants en bas de leurs trônes, il a élevé les humbles

    Comblé de biens les affamés, renvoyé les riches les mains vides » (1).

     

    Voilà  donc Marie toute jeune encore en slamant ou psalmodiant qui prête à Dieu des idées   « révolutionnaires ». J’ai vu des syndicalistes très étonnés par ce chant. Pour  eux Marie, c’était la statue de la Sainte vierge enfermée sagement dans le globe de verre sur la cheminée de la grand- mère, or la voici qui  parle de renverser les puissants et renvoyer les riches les mains vides, et la voici qui chante la gloire d’un Dieu qui élève les humbles et comble de biens les affamés. De fait Marie s’inspire du cantique d’Anne, la mère de Samuel. Voir ci-dessous (2) : Marie fait sienne ce  chant des « pauvres » du peuple de Dieu avec des mots plus radicaux encore. Les esprits chagrins, les défenseurs du libéralisme sauvage et du CAC40 diront que le magnificat attribué à Marie reflète la sensibilité de Luc auteur de l’évangile éponyme qui manifeste une forte défiance vis-à-vis de l’argent (3). Oui, sans doute, c’est bien vu ! Et alors ?

    Pour en revenir à mes syndicalistes, les voila qui découvrent à travers le « slame » de Marie, un Dieu qui les rejoint dans leur combat alors qu’ils étaient persuadés qu’il était toujours du coté de l’ordre et des puissants, du sabre et  du goupillon. Marie, miroir de la justice de Dieu (spéculum justitiae) (4), devient pour eux  le chemin d’une redécouverte de Jésus, une étoile d’espoir dans un ciel sombre. Ils n’en sont pas encore à « slamer »les litanies de la sainte vierge  dans les manifs : « tous ensemble, tous ensemble ! »  Mais Marie  devient pour eux : « causa nostrae laetitiae » : cause de notre joie, voir même, « stella matutina » : étoile du matin, étoile d’espérance dans un monde en crise. C’est à elle que Péguy, il y a un siècle, voulait qu’on s’adresse dans son style  déjà ’’slam’’ :

    ‘’À celle qui est infiniment riche

    Parce qu’elle est infiniment pauvre

    A celle qui est infiniment haute

    Parce qu’aussi elle est infiniment descendante

    A celle qui est infiniment grande

    Parce qu’aussi elle est infiniment petite

    A celle qui est la plus haute princesse

    parce qu’elle est la plus humble femme’’

     

    (1)Luc ch1, 52-53

    (2) 1 Samuel ch. 2,4 :

     

    J’ai le cœur joyeux grâce au Seigneur

    Et le front haut grâce au Seigneur.

    L’arc des preux est brisé.

    Les repus s’embauchent pour du pain

    Et les affamés se reposent

    Le Seigneur appauvrit et enrichit

    Il abaisse, il élève aussi,

    Il relève le faible de la poussière

    Et tire le pauvre du tas d’ordures

    Pour les faire asseoir avec les princes

    Et leur attribuer la place d’honneur.


     

     

    (3)Luc  et le danger des richesses : 6,24-25. 12,13-15. 12,16-21 ,22-32 et 33-34. 14,12-14. 16,9-13 et 19-31. 18,18-30. 19,1-10. Allez vérifier si vous en avez le courage !

     

    (4)les litanies  de la sainte vierge :  c’est un « slame », un peu rétro  de tradition catholique  romaine qui berce  l’assemblée dans une prière alternée et rythmée : Sancta Maria, ora pro nobis ; Sancta dei genitrix  ; Sancta virgo virginum ; Mater christi; Mater purissima ; Mater amabilis ; Virgo potens ; Virgo clémens ; Virgo fidélis ; Vas spirituale ; Vas honorabile ; Vas insigne devotionis  ; Régina  patriarcharum ; Régina martyrum, Régina pacis  ; Spéculum justitiae, ora pro nobis ; Causa nostrae laetitiae, ora pro nobis ; Janua caeli, ora pro nobis ; Stella matutina, ora pro nobis et « tutti quanti ».

     

     

    vierge du moulin « La plus haute princesse » !

    « La plus humble femme »

     

    Albannette Savoie