Travailler le Dimanche ? Savez vous qu’il fût une époque où les ouvriers ont réclamé le travail le Dimanche ? C’était au temps des ombrelles, des gibus, des impériales et des robes à crinolines. Seuls les bourgeois pouvaient se promener dans les allées des jardins et les promenades des villes .Les ouvriers n’avaient pas les moyens à l’époque de « s’habiller en Dimanche », pas plus pour la messe que pour la promenade. Ils préféraient se reposer ou s'amusere entr'eux le lundi. Ils appelaient cela par dérision la «saint Lundi ».Les tenanciers des guinguettes du bord de Marne avaient compris. Les meetings syndicaux et politiques avaient lieu aussi ce jour là .Les patrons devaient ralentir la production en début de semaine. Les travailleurs boudaient leur usine le lundi , un certain nombre par contre travaillaient le Dimanche matin .Cette situation a duré pres d'un siécle, jusqu’à ce que les travailleurs à force de lutter aient pu s’acheter une chemise blanche , la faire rimer avec Dimanche et se promener sans honte en famille. L’époque des gibus est, Dieu soit loué, révolue. Il est heureux que tous les habitants de notre pays puissent se reposer le même jour, se promener sur les mêmes allées, applaudir aux mêmes spectacles .Il y va de la mixité sociale qui a encore, il est vrai, des progrès à faire.
La bible donne plusieurs raisons pour inviter les croyants au repos hebdomadaire :
-La première est connue, elle s’appuye, sur l’image du Créateur qui après avoir bien travaillé se repose le 7 iéme jour (genèse ch. 2 versets 1 à 3, voir aussi ex 20/11)) .
- La deuxième est moins connue, elle a une connotation sociale évidente : « Le 7 ème jour tu chômeras afin que ton bœuf et ton âne se reposent et que le fils de ta servante et l’émigré reprennent leur souffle (exode 23/12).
- La troisième invite les croyants du peuple de la Bible à se souvenir que leurs pères ont été esclaves au pays d’Egypte et devaient travailler 7 jours sur 7. Le repos du sabbat est une manière d’affirmer une liberté et une dignité retrouvée. Deutéronome ch. 5/12 à 15.(1 )
Il est des métiers de service qui exigent le travail le Dimanche. Transporter les gens, les dépanner, les nourrir, les soigner, les éclairer, les distraire, les protéger, organiser le culte etc. Cela fait déjà du monde. Il faut y ajouter ceux qui servent des machines qui techniquement ne peuvent s’arrêter. Bien rémunérées, ces heures au service des gens ont leur noblesse. Grandeur et servitude .Faut-il accélérer les choses ? Attention de ne pas nous remettre sous le joug de l’esclavage d’une société de consommation ou le culte de l’objet fabriqué prime sur l’échange entre les personnes.
On peut imaginer il est vrai que tout le monde se mette à travailler le Dimanche et comme les ouvriers du 19 émé siécle célébrer la « saint Lundi » comme le font déjà les coiffeurs, les curés, les boulangers et les banquiers. Il suffirait de faire sonner les cloches des églises avec 24 heures de retard pour une vraie Saint Lundi et d’attendre le Mercredi pour ouvrir, les banques, les salons de coiffure et les boulangeries comme le font déjà les musées. La France aurait alors constamment un jour de retard sur les autres pays mais du monde entier les gens afflueraient le Dimanche faire leur course à Paris et rétabliraient ainsi notre pauvre balance commerciale.
La pétition signée en 2008 pour alerter l’opinion contre le projet de loi Maillé relatif au travail du Dimanche insistait sur les valeurs conviviales et familiales qui étaient en danger et se terminait par un cri : Vive le Dimanche libre.Or voici que la question se repose avec l'ouverture illégale de magasins de bricolage.Si le bricoleur en effet achéte ses clous le Samedi,ils risquent de rouiller s'il ne bricole que le lendemain ,c'est comme s'll achéte des baguettes pour recouvrir ses fils , ne risquent elles pas de rassir s'il attend le lendemain pour les poser ? S'il achéte du ciment , ne risque t il pas de moisir avant usage .
Une objection :Le bricoleur qui se rendra au magasin le Dimanche ne sera pas disponible pour travailler ce jour là devra t il ressusiter la Saint Lundi,non pour s'amuser mais pour bricoler à la maison ?
Le repos dominical a un sens déclare Jean Pierre Graillet l'archevéque de STRASBOURG voir ci dessous note (2).
(1)« Qu’on garde le jour du Sabbat en le tenant pour sacré comme le Seigneur ton Dieu te l’a ordonné. Tu travailleras 6 jours, faisant tout ton ouvrage, mais le septième jour, c’est le Sabbat du Seigneur ton Dieu. Tu ne feras aucun ouvrage .ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bœuf, ni ton âne, ni aucune de tes bêtes, ni l’émigré que tu as dans tes villes ,afin que ton serviteur et ta servante se reposent comme toi. Tu te souviendras qu’au pays d’Egypte tu étais esclave, et que le Seigneur ton, Dieu t’a fait sortir de là, d’une main forte et le bras étendu : c’est pourquoi le Seigneur ton, Dieu t’a ordonné de pratiquer le jour du sabbat. »
(2)LE RESPECT DU REPOS DOMINICAL
À plusieurs reprises, ces derniers temps, la question nous est posée : le repos dominical est-il encore utile ? A-t-il du sens aujourd’hui ?
Oui, le repos dominical a vraiment du sens, aujourd’hui comme hier, pour tous ceux qui travaillent et trouvent enfin un jour de repos et d’arrêt des contraintes rigoureuses de l’entreprise. Dans l’enchaînement laborieux, qui peut être sans fin, c’est un grand acquis social que de garantir à tout travailleur le nécessaire congé hebdomadaire auquel il a droit.
Le repos dominical a du sens pour tous les chrétiens qui depuis des siècles en nos pays arrêtent leurs activités laborieuses et productives pour vivre un temps de gratuité, de prière, de détente et de rencontre.
Le repos dominical a du sens pour toutes les associations culturelles et sportives qui peuvent rassembler leurs membres et leur permettre de profiter, ensemble, des loisirs dont ils ont besoin.
Le repos dominical a du sens pour la société tout entière qui peut vivre, à travers les rassemblements d’un grand nombre de ses membres, des événements festifs et fédérateurs.
Oui, le repos dominical a du sens car il rappelle que l’homme n’est pas fait seulement pour le travail productif, il est fait aussi pour la gratuité et l’amitié, le jeu et le repos, l’art et l’esprit, la prière et le culte.
Nous savons bien que le repos dominical est reporté en semaine pour tous ceux qui sont astreints aux services de sécurité, de soins, de transport, d’hôtellerie, de tourisme… Mais s’ils le sont, c’est précisément pour permettre au plus grand nombre de goûter aux loisirs dominicaux.
Bien évidemment, le repos régulier ne s’oppose pas au travail, indispensable capacité de l’homme. C’est une nécessité et un bien trop précieux pour les laisser aux seules logiques comptables et productivistes.
Respecter le repos dominical, respecter le droit local, c’est respecter l’homme, c’est respecter notre région, c’est respecter la société tout entière, son présent et son avenir !
Strasbourg, le 10 octobre 2013
+ Jean-Pierre GRALLET