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vérité et justice

  • pardon arythmétique suite

    Les chiffres  symboliques  avancés par Matthieu nous donnent  une indication. Le chiffre 7  évoque  une certaine « complétude » (4). Multiplié par 70, il  indique une «  hyper- complétude » et nous  invite  finalement à pardonner toujours et  d’un pardon de plénitude, un pardon accordé sans calcul.

      Et  voila la question qui  rebondit :

     qu’est ce au juste qu’un pardon  vécu  en plénitude ?

    -Ca commence    par  une ardoise  qu’on efface : 

    -« On en parle plus, c’est tout » ! 

    -« Tes paroles ont sans doute dépassées ta pensée, je  fais une croix dessus,  tournons la page, mettons le compteur à »! 

    Effacer l’ardoise  est relativement  facile  aux grands.  En faisant  preuve de magnanimité, il  peut  jouer  au grand Seigneur. Cela flatte  sa superbe. C’est plus difficile  de bas en haut surtout  quand sur l’ardoise, il y a  une addition d’humiliations, il faut alors  plus qu’un bon chiffon  pour  les effacer.

    Le pardon, c’est cela, mais  c’est  plus que cela.

     C’est plus que la simple décision d’oublier l’offense, plus qu’une ardoise effacée, c’est une ouverture  à  une relation  renouvelée, un  dialogue de nouveau  possible après avoir fait la vérité, une confiance  accordée avec une mission  confortée comme Jésus le fit  3 fois avec Pierre.(5) Ce pardon là est chose  difficile, surtout quand la passion s’en mêle. (6) Mais quelle énorme chose ! Il ouvre  tout  grand l’avenir  après  le clash de la dispute, le déchirement du conflit, les humiliations subies, les reniements douloureux.

    Ce qui est vrai du pardon de personne à personne est  vrai  aussi   du pardon   nécessaire après   des périodes de violence entre peuples. Il    suppose   un long travail de mémoire pour faire la vérité sur les crimes commis de part et d’autre. Il s’interdit  bien sûr  d’instrumentaliser  cette mémoire pour  justifier  d’autres crimes. Il suppose des hommes et des femmes  de paix, tenaces, au caractère bien trempé qui aident leurs  peuples  à dépasser les rancœurs, les désirs de vengeance et la haine meurtrière pour construire ensemble un nouvel avenir. Certains  y laissent leur peau  comme  Henri IV, Jean  Jaurès, Anouar el Sadate, Menahem  Bégin, Pierre Claverie. D’autres  comme Mandela   y  ont perdu longtemps leur   liberté et ces jours- ci   Aung San Su en Birmanie  risque la sienne. Ce martyrologe  n’a pas fini de s’élargir, la paix est un combat et le pardon tue encore.

     En 1848, la République française   a inscrit la Fraternité  après la  Liberté et l’Egalité sur  les frontons des édifices publics. La deuxième République n’a duré que 4 ans, la Fraternité est restée  gravée dans la pierre. Elle a mis au cœur de l’idéal républicain « une sortie de soi qui en appelle à l’autre »(7)  Certains  révolutionnaires  de 48 étaient ils  inspirés  par l’Evangile ?  C’est la thèse de Pierrard (8).  Le christianisme, religion du pardon (9), serait il  une  clef pour ouvrir un avenir  à l’humanité ? L’Evangile  une   « lumière pour le monde » ? (10) un   chemin de fraternité ? Oui, sans doute si les hommes et les églises  s’en emparent  et y  jouent  leur avenir à « 490 »   contre  1, soit « 70 fois 7 fois » pour tous.

     

    (4 J’emprunte ce néologisme   à la"logique" en lui donnant le sens qu’il me plait de lui donner. Excusez   moi, c’est mon coté anar et inventif.

     

     (5) Evangile de St Jean ch.21/15 et16 .Par 3 fois Pierre a  renié Jésus et le coq a chanté, par 3 fois après les événements, Jésus   lui demande : «  Pierre m’aime tu ? », suivi d’une mission confortée : « Sois le pasteur de mes brebis » !

    (6) « Celui qui aime beaucoup ne pardonne pas facilement »  Paul Claudel. L’Otage.

    (7) Levinas. L’autre, si j’ai compris le  chantre  abscons de l’altérité, c’est celui qui n’est pas de la famille, de la même couleur de peau, de la même religion, du même pays, du même bord, de la même classe.

    (8 Les pauvres, l’Evangile et la révolution    Pierrard chez Desclée  77.

    (9)Matt ch.6/12 : « Pardonnez nous nos offenses comme nous pardonnons… » Cette demande au cœur du Notre Père  ne fait il pas du pardon le centre du christianisme ?

    (10)Jean ch.8/12

     

    Mon éditeur me parle d'un quatrième livre de nouvelles  qu'il publierait à l'automne.Vous pouvez ,si ce n'est fait, commander les trois premiers en librairie :  La rivière et  Nouvelles forestières,  chez Persée, les trois flèches chez Tituli , tous les trois du même auteur  ; Louis Fernand Olbec, votre serviteur.