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vacanceset vie intérieure

  • albannette suite

    Découverte   (albannette suite)

    « ici c’est autre chose que loin, c’est ailleurs .»

                                                              (L’iris de Suze Gion

    Elle avait tout arraché depuis les hauts alpages. Dans La combe labourée, plaie ouverte à flanc de montagne s’entremêlent rochers, sapins et mélèzes culs par-dessus tête. L’avalanche avait rejoint le ruisseau sous les moulins et emporté plus bas, dessous le hameau le pont du torrent. Finalement notre chemin, celui où Armand nous emmène n’a pas trop souffert. Les taillis d’aulnes blancs (1) se sont sagement inclinés sous la neige pour se redresser aux derniers printemps. Taillé de la largeur d’un traîneau de mulet, le chemin est envahi de buissons d’églantines aux tendres couleurs et cruelles épines. Il nous oblige à baisser la tête sous les branches rebelles, en évitant de trébucher sur les pierres tombées du mur de soutènement.

                Vous vous demandez peut être où Armand  nous emmène ? On se le demande nous aussi. Ce chemin menait jadis quelque part. Il descendait, vers un « ailleurs », un hameau sans nom propre ou plutôt, un nom sous-traité, un diminutif augmenté d’un suffixe en « ette », diminutif qui miniaturise et féminise avec charme celui qui le porte .on pourrait comme Panturle remarquer : «   Le voila votre chemin d’Aubignane(tte) , ça n’a pas l’air bien passager »(2) En Savoie, on monte pour s’éloigner du centre et gagner les chalets d’alpage. A Albanne, ces chalets sont à la Plagne. Le chemin où nous emmène Armand ne monte pas. Il descend nettement vers ce hameau tapi à l’orée de la Mélézaie. Il faut plonger pour l’atteindre, passer deux torrents, traverser un bois de sapin, un ancien couloir d’avalanche couvert d’aulnes blancs puis des prés de hautes herbes où se mêlent géraniums des bois, sainfoin, trolles, boules d’or et narcisses. II faut enfin longer la « mélézia »  dans des prés. Le charme du chemin est entier. On s’arrête souvent pour les fraises de bois, les framboises, les champignons, les papillons et les fleurs. Le chemin sent bon, les narcisses et le cerfeuil musqué. Armand nous fait l’article: Là-haut au village on a le paysage, Ici, vous aurez mieux, vous allez vous immerger dans la nature.« Vous ne ferez qu’un avec les buissons et les hautes herbes.  « Ici, ajoute Armand, qui mène une lutte par ailleurs contre la pollution industrielle dans la vallée, l’homme ne surplombe pas la nature Il ne chevauche pas de monture. C’était le paradis des mulets. On ne les montait guère, On  les sortait  pour les travaux nobles comme l’attelage au traineau.

                L’hiver ils ne sont plus que trois comme à Aubignane (4) à hiberner sous la neige : Edmond dans une maison bien grande à chauffer et, en contre bas, deux sœurs : Aline et Laetitia. Trois habitants et deux cheminées qui fument et rassurent la haut les gens du chef-lieu. Elles signalent qu’en hiver, il y a encore de la vie dans ce coin isolé sans être immergé  dans la neige, voir même sous la neige »

    Adrien ,Le facteur leur descend en ski les journaux et le courrier, nouvelles fraiches, bien fraiches. La glisse est plus silencieuse que sa mobylette en été ».