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vierge

  • la petite vierge du moulin

    Depuis bien longtemps en Savoie mais aussi en France et dans toute la chrétienté sont érigés des sanctuaires : simple chapelle ou basilique qui sont autant de mercis   à Notre dame. Quelque répit dans une maladie, un malheur qui s’éloigne, le retour d’un enfant, la bonne nouvelle d’une naissance annoncée et c’est « une flotte  innombrable, c’est la flotte aux voiles blanches, l’innombrable flotte des Ave Maria, les blanches caravelles des Ave Maria ». Ces caravelles « vêtues de voilure » (1) ont descendu jusqu’au  ruisseau des moulins. C’est ainsi que fût érigée la vierge dans le rocher qui surplombe le ruisseau sitôt franchi le pont. Elle était au sens propre un ex-voto, la réalisation d’un vœu suite à une amélioration prolongée dans une grave maladie.perçue comme signe de la tendresse de Marie, La statue était grande et la courbure du rocher ne la protégeait qu’à demi. Chaque année au printemps des rochers et des souches de mélèze roulaient sous le pont. Le torrent dévalait sur le tablier et devenait infranchissable. Il fallait le dégager à la barre à mine et, parfois, utiliser l’explosif. Cette année là, la fonte des neiges avait été brutale, il a fallu plusieurs mines pour venir à bout de l’encombrement. Un morceau de roche a fait voler en éclat la statue. Désolé, l’artificier a été voir le père Grange pour présenter ses excuses. Il n’avait pas pensé que l’explosion aurait pu atteindre la statue et avait négligé de la protéger. Dans cette démarche, il était  sincère. Certains disent que, devant un public d’esprits forts, il se serait vanté un jour d’avoir fait sauter « l’idole du moulin » : humour noir, très noir, mais humour quand même et invitation à rire pour qui connaît le bonhomme. L’année suivante une vierge de taille plus modeste a remplacé  l’autre. Elle peut se protéger un peu mieux dans la courbure du rocher. Mais les hivers sont rudes parfois et l’enfant  Jésus a perdu quelques doigts. Cette statue avait un nom c’était Notre Dame de la Marliére. Nom d’un grand pèlerinage à la frontière belge à Tourcoing, chez les chjtis. Marie a l’air de se plaire en Savoie comme beaucoup de gens du Nord d’ailleurs. Elle serait même devenue savoyarde au  point de s’appeler maintenant Notre Dame des moulins.

     On aurait pu l’appeler « La vierge aux rochers » puisque comme dans le tableau de Leonard de Vinci elle se détache sur la pénombre d’un relief déchiqueté. Les gens du pays l’ont adopté et descendent parfois au ruisseau « les blanches caravelles » qu’évoquait Péguy  « la flotte aux voiles blanches »  qui remonte le torrent jusqu’aux sources et s’envole au-delà du col vers les plus hauts sommets.

    (1)Charles Péguy : Notre Dame