fougéres scolopendres
un siécle aprés
un gland
La grotte des Sarrazins, merveilleux souvenir d’enfance. Jean avait quitté le pays quelques dizaines d’année puis s’en était revenu. Il se souvenait de la fameuse côte d’Ancerville .Elle était le passage obligé vers l’adolescence. Seuls les grands avaient assez de force pour la grimper en vélo sans mettre pied à terre. A eux donc la grotte et ses mystères. J’ai mis quelques temps à la trouver car ici on ne dévoile pas ses secrets au premier venu. Il faut traverser la ville, emprunter un chemin de terre ,laisser quelques fausses pistes à droite et à gauche , s’arrêter a la hauteur d’un petit bois de sapin en bas d’une côte, trouver une trace dans les ronces et la suivre quelques temps avant de se retrouver devant une multitude de cheminements plus ou moins glissants. Ils mènent tous au fond du gouffre .Des bottes, un bon bâton, un bout de corde et voici les audacieux qui s’aventurent. Un ruisseau se cascade joliment au milieu de fougères larges et crénelées qu’on appelle des langues de cerfs .D’un beau vert vif sur un rocher gris, les botanistes distingués les appellent curieusement des scolopendres. (Asplénium scolopendrium) Au fond du gouffre ,en passant derrière la cascade, il y a la grotte .C’est un trou dans le rocher ou l’on chemine sur 20 ou 30 mètres à plat avant d’être arrêté par un éboulis C’est au fond de ce trou que j’ai emmené Jean en quête de souvenirs d’enfance .Mal m’en a pris, il a fait un malaise et s’est bien difficilement extirpé de ce terrier ou il avait joué 60 ans plus tôt. Mais « en avant fan fan la tulipe » la tulipe en avant. Devant l’église une plaque sur une maison indique qu’est né ici l’inventeur de la chanson, dans une rue qui porte son nom : Paul,Emile Debraux né le 13 Fructidor an IV. Un autre inventeur dans la commune, c’est Franchot , l’inventeur de la lampe à deux becs dite" modérateur", qui avait acquis des étangs et un grand bois. Il en avait fait cadeau à la commune à la condition qu’il y soit enterré sous un chêne .Pour aller aux étangs Franchot, c’est simple, il faut connaitre ou demander le chemin. Pour le tombeau de Franchot, il vous faut contourner l’étang du milieu, vous le trouverez facilement. Il est entouré d’une grille sur laquelle est fixée une plaque d’émail blanc où s’inscrit en lettres noires classiques les dates de naissance et de mort de l’ingénieur Franchot. La grille s’écarte sous la poussée du chêne plus que centenaire qui a démarré comme tout chêne d’un gland .Mais ici, rien n’est ordinaire. C’est en effet selon la volonté du défunt, a prétendu le croque mort, qu’il avait introduit un gland dans son nombril. Le chêne comme l’arbre de Jessé s’était donc nourri de la substance de l’ingénieur ; S’il avait connu la chose, Rabelais, n’aurait pas manqué de faire chanter cet unique gland.
lampe à deux becs
.Il parait que dans les chaudes soirées de Juin, quand une légère brise fait frémir la ramure du chêne, le promeneur peut entendre Franchot murmurer là-haut quelque sonnet à la gloire de sa lampe à deux becs. Son spectre debout sous la lune ,sa lampe à la main éclaire le houppier et ne regagne les racines du chêne et le séjour des morts que quand "le ver luisant fait voir que le matin est proche et que commence à palir sa lampe devenue inutile". (1)
(1 )The glow -worm shows the matin to be near,
And 'gins to pale his uneffectual fire:
Adieu,adieu,adieu ! Remember me ! Hamlet de Shakespeare Acte 1
Commentaires
Alors voilà un superbe post!
C'est pas tout à fait la première fois que je lis ce blog à toi, en tout cas cette fois, je me sens juste obligée de laisser un mot.
En tout cas encore bravo !