Pain perdu et retrouvé
Les amis du mrap sont partis .L’un en cure, l’autre en vacances. Me voici embauché pour les remplacer. La tache n’est pas très compliquée. Il s’agit de faire la tournée des boulangers, de ramasser les invendus et de nourrir ceux qui ont faim : Les réfugiés des pays en guerre en transit sur la côte vers l’Angleterre : Ils campent dans de petits bois qu’ils appellent « la Jungle » , il y a aussi un village de rom installé dans la cour d’une ancienne ferme .
Je fais vite car, si je ne suis pas à l’heure , les boulangeries ont la consigne de jeter le pain pour faire place nette au pain du jour : « La nourriture que l’on jette, c’est comme si elle avait été volée à la table du pauvre. »nous dit le pape(1) C’est sans doute vrai mais peut-on reprocher aux boulangers de faire trop de pain ? Les clients n’achètent pas le pain pour faire plaisir au boulanger mais selon leur appétit. Comment mesurer et surtout prévoir l’appétit des clients ?
Le pape François parle de rejet et de gaspillage « La culture de la consommation nous entraine à gaspiller de la nourriture dont nous n’estimons même plus la valeur » ajoute le pape, « c’est en combattant la culture du rejet et du gaspillage qu’il est possible de devenir attentif à chacun, et de venir en aide aux besoins des plus pauvres »(1).Il est vrai que si je n’arrive pas à temps le pain sera jeté à la benne mais le personnel de la boulangerie n’aime pas plus que moi jeter du pain.Ca leur fait mal au cœur. Ils donneraient raison au pape et adhéreraient volontiers au pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire du 14/6/2013.(2) Les slogans qui accompagnent ce pacte leur conviendraient :
« Manger c’est bien, jeter ça craint »ou « qui jette un œuf, jette un bœuf ».
Ce Pacte ne stigmatise pas trop mais valorise l’implication de chacun dans cette lutte anti- gaspi.
Quand j’étais petit, (au siècle dernier !), dans le Nord, pour éviter de jeter le pain, on faisait du « pain perdu » avec le pain durci .Voila un pain perdu et bien retrouvé .Ce recyclage a son origine dans les pays miniers,m'a t'on dit. Les anglais eux font du pudding, ce qui n’est pas mal non plus. Les dunkerquois appellent ce pain perdu , du « claquart »(sans doute parcequ'aprés avoir trempé le pain durci dans un mélange d'oeuf et de lait, on le claque dans la poële) , ils y mettent de la "cassonade"(sucre roux des chtis), c’est très bon. Les français appellent cela du pain ferré . Finalement ,je préfère l’appeler le « pain perdu » car s' il risquait d'être gaspillé et jeté , il est finalement retrouvé et ses retrouvailles avec l'assiette sont un délice.Il n'est pas perdu pour tout le monde .Vous trouverez la recette sur le web(3) ,sinon interrogez une ménagére du Nord, n'importe quelle ménagére, elle vous expliquera (en Chti : chél recette deuche pain perdu).
(1) Le pape François . Audience du 5 Juin 2013
(2)GASPILLAGE ALIMENTAIRE - Ce vendredi 14 juin, Guillaume Garot, ministre délégué à l’agroalimentaire, a présenté, en présence de tous les acteurs de la filière alimentaire concernés, le Pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire, dont les mesures sont issues des réflexions menées par les groupes de travail institués par le ministre en décembre dernier.
Ce pacte national contre le gaspillage alimentaire répond à l’objectif ambitieux que s’est fixé le gouvernement français : diminuer par deux le gaspillage alimentaire dans notre pays d’ici à 2025.
(3)néologisme anglo flamand qui désigne la toile en language informatique et en français.