envoi de Sylvie d'Emmaus Dunkerque:
« Je me suis pâmé, il y a huit jours, devant un campement de Bohémiens qui s'étaient établis à Rouen. Voilà la troisième fois que j'en vois et toujours avec un nouveau plaisir. L'admirable, c'est qu'ils excitaient la haine des bourgeois, bien qu'inoffensifs comme des moutons.
Je me suis fait très mal voir de la foule en leur donnant quelques sols, et j'ai entendu de jolis mots à la Prud'homme. Cette haine-là tient à quelque chose de très profond et de complexe. On la retrouve chez tous les gens d'ordre.
C'est la haine que l'on porte au bédouin, à l'hérétique, au philosophe, au solitaire, au poète. Et il y a de la peur dans cette haine. Moi qui suis toujours pour les minorités, elle m'exaspère. Il est vrai que beaucoup de choses m'exaspèrent.
Du jour où je ne serai plus indigné, je tomberai à plat, comme une poupée à qui on retire son bâton. »
G. Flaubert, lettre à George Sand, Croisset, vers le 15 juin 1867
Singin’ in the rain
Elle ne danse pas comme Fred Aster sous la pluie mais elle chante et je l’entends plusieurs fois par semaine même quand le vent vient du Nord. Une « voyette » derrière chez moi me mène en vélo jusqu’au carrefour où elle fait la manche. Quand le feu est rouge pour moi, je tends l’oreille. J’imagine qu’elle psalmodie ses demandes en passant d’une voiture à l’autre. « Mesdames, messieurs une petite pièce pour mon bébé. Il a froid, il a faim ».
Le feu passe au vert, elle laisse partir les quelques uns qui ont donné et les autres , flot d’ indifférence.
Où donc puise t elle la force de chanter quand le vent du Nord fait frissonner sa longue robe gitane ?
Sans commentaire !