Le Samedi saint
Mis au tombeau le Vendredi , Jésus se repose et nous aussi en attendant Pâques. « Réquiem aeternam dona eis, Domine : Donne nous Seigneur l’éternel repos .
Mes nuits sont courtes, j’envisage ma mort comme un sommeil reposant, un repos éternel , lumière éteinte "et lux (non) perpétua ( non )lucéat eis"ps 64. le Samedi saint fut toujours pour moi un jour de repos et de calme selon le psaume 64 : …« Le Seigneur affermit les montagnes par sa vigueur … il apaise le vacarme des mers, le vacarme de leurs vagues et le grondement des peuples …. » Quand j’aurais fermé les yeux, ne faites pas trop de vacarne autour de mon cercueil,un simple coup de goupillon puis allez boire un coup à mon éternel sommeil (1).Laissez moi dormir en paix sans trop crier ,ni pleurer. j’ai du retard de sommeil à rattraper. L’office des ténèbres du Samedi Saint au premier nocturne me donnait raison en nous faisant chanter comme antiennes : « C’est dans la paix que je me reposerai et prendrai mon repos ». Or voici que dans le bréviaire à l’office des lectures du matin, le Samedi saint, l’hymne nous invite au contraire à nous tenir éveillés et se demande : « Qui pourrait dormir ? » Alors que Jésus comme un jeune lion est enfermé au tombeau après avoir été humilié, flagellé, souffleté, couronné d’épines, injurié, bafoué, crucifié !
Jacques Noyer (2) parle du samedi saint comme le samedi de l’humiliation et non du repos , Jésus, Le jeune lion de l’hymne des lectures est enfermé comme un perdant. Mais Dieu peut il être vraiment humilié ? Non, bien sûr, sauf s’il prend la condition humaine , ajoute Jacques Noyer .Le Christ en ce sens a été humilié mais sans le priver de la certitude de ce qu’il était.
Et l’Église de France ? Elle subit une certaine humiliation et le vit dans une certaine morosité. Baisse d’influence, peu d’impact sur les jeunes, séminaires vides, églises désertes.Dans cette morosité vinrent les JMJ . L’Église rassemblait sa jeunesse et remplissait la capitale de leurs Magnificat. Triomphe mais triomphe passager L’humiliation n’a pas pour autant quitté l’Église." Les blessures du Crucifié n’ont pas disparues dans la gloire du ressuscité. Oser nommer les humiliations de notre Église n’est pas manquer de foi. Dans la tempête, regarder le creux des vagues, mesurer la fragilité de l’embarcation, témoigner de la frayeur de l’équipage et en même temps réveiller le Christ qui dort."
L’église vit une triple épreuve, ajoute Jacques Noyer :
- Ne plus savoir engendrer. La pastorale des vocations bien mal récompensée avec les séminaires quasiment vides, le vieillissement des congrégations religieuses, les parents qui disent ne pas savoir transmettre leur foi à leurs enfants..etc.. Dans la Bible cette humiliation est celle de la stérilité : Elisabeth Luc1/7,Anne 1S1/5,Manoah mère de Samson ju13/2. Regarder les choses en face, Ne pas nier la difficulté, l’épreuve. N’a-t-il pas fallut la stérilité des saintes femmes pour souligner la liberté de l’initiative de Dieu ?
-L’épreuve de l’impuissance. L’audience de l’Eglise se restreint. On ne l’invite plus guère dans les débats de société. Que faire ? Surtout ne pas nourrir une stratégie de revanche dans l’espoir de retrouver sa force. Que faire ? Se taire ? comme Jésus devant Pilate ?
-L’épreuve de l’insignifiance .L’Église veut proclamer l’Évangile et ne trouve pas les mots. Elle montre la source qui fait vivre et les hommes n’y prennent pas goût. Pour accompagner les grands moments de l’existence, fait-on appel à la foi ou seulement au décor d’une architecture ? Dans l’évangile, Jésus lui-même est défiguré, dépouillé de ses vêtements. Où est le prophète qui parlait avec autorité ? Ou est l’espérance qu’il a fait lever ? La lourde pierre est roulée à l'entrée du tombeau où est enfermé et couché le jeune lion . Serait ce le le point final de l’aventure ?
L’humiliation n’est pas une fin en soi. Le silence du samedi Saint habité encore par les cris et la fureur du Vendredi tend l’oreille vers l’alléluia du Dimanche de Pâques.
(Il vous faudra attendre un peu,ma note de pâques ne sera publiée que Samedi prochain . Du Samedi saint au Samedi de Pâques, bonne semaine. .
(1) Videz ma cave, elle est fournie. à cet effet.
(2) Jacques Noyer , Le manteau partagé , éd de l’atelier.
Commentaires
mon commentaire ne sera pas savant comme les 2 précédents!
Je saisis le poids de tes nuits courtes et la nuit sombre du vendredi au samedi, où tout est comme arrêté.
Heureusement nous on connaît l'issue heureuse.
Mais cette certitude d'être sauvé n'enlève pas un milligramme de gris à nos vies.
De tout cœur bonne nuit;
Eve-Marie