Le mois dernier s’éteignait Xavier Emmanuelli.
Je retrouve son ouvrage publié il y a prés de 20 ans aux « presses de la renaissance » : « l’homme n’est pas la mesure de l’homme. »
« L’ultime mesure de l’homme est dans sa soif de transcendance .Aussi, la meilleure façon de réparer l’exclusion réside dans la fraternité. » Voila sa profession de foi éclairée par une conférence de Mgr Lustiger et choisie comme titre de son livre..
Ce livre n’a pas vieilli, il éclaire les situations d’exclusion qui, malheureusement, se sont multipliées depuis vingt ans .
Emmanuelli sait de quoi et d’où il parle : Fondateur de médecins sans frontières, secrétaire d’état à l’action humanitaire, fondateur du SAMU social de Paris etc.
Alain Noêl son éditeur préface ce livre en décrivant Xavier Emmanuelli comme le prophète de l’urgence . « Le temps d’un déjeuner en tête à tête il m’ouvrit un chemin d’espérance comme, prophète de l’urgence et du bonheur. »
« Il me parla de cet humanisme qui avait ses racines dans le terreau chrétien et qui vit dépoté depuis deux siècles….enfin il évoqua cette soif de transcendance sans laquelle l’homme ne peut être que l’ombre de lui-même » .
Chapitre un : espoir pour un lendemain.
il y avait sur une étoile, une planète, la sienne, un petit prince à consoler » Xavier raconte qu’un jour à la frontière du rwanda et du Zaîre il saisit dans ses bras un enfant au traumatisme crânien grave.qui avait un besoin urgent de soins. Impossible à prodiguer dans l’indescriptible désastre sanitaire d’une épidémie majeure de choléra. Finalement dans un hôpital à l’aéroport il confie l’enfant à un ami anesthésiste De retour en France, il reçoit, trois semaines après, un simple mot : « Il est guéri » ! Cri d’espoir. Le petit prince consolé deviendra peut être un jour quelqu’un de très important sur sa planète.
Chapitre deuxième : Souffrance où est ta victoire ?
La compassion n’attire pas le regard du monde. Elle est sœur du silence.
« Tu es pauvre comme les malades qui dans la nuit se retournent sans cesse..
Et comme les fleurs entre les rails
Si tristes dans le vent confus des voyages
Et comme la main qui monte aux yeux pour cacher des larmes trop tristes »(1).
A Nanterre ce sont des êtres au bout du rouleau qui pissent et chient partout sans pouvoir se contrôler. Ils ont le corps plein de cicatrices, ils puent, saignent …parfois il en est que j’ai envie de prendre dans mes bras et de serrer très fort contre moi, pour les aider à croire encore en la vie.
Chapitre quatre : heurs et malheurs des siècles
« pauvres ils le sont pas ,ils ne sont privés que de biens essentiels …et dépouillés de tout, même du sens de la pauvreté ».(1)
Chapitres 5, 6,7,8 : Allez voir sur place ,chaussez vos lunettes .lisez attentivement ; c'est intéressant .Quand à moi ;, j’abrège et vous en fait grâce!
Chapitre neuvième : Les petits princes de la rue
« Je ne dirai pas les raisons que tu as de m’aimer, car tu n’en a pas.
La raison d’aimer, c’est l’amour. St Exupéry.
Au Samu social nous utilisons une série de rituels d’approche empruntés au petit prince.
-« Viens jouer avec moi lui proposa le petit prince, je suis tellement triste. »
-« Je ne peux pas jouer avec toi Je ne suis pas apprivoisé. »
-« qu’est ce que ca signifie apprivoiser? »
-« C’est une chose trop oubliée.dit le renard. Cela signifie « créer des liens »… »On ne connait que les choses que l’on apprivoise….Les hommes achètent des choses toutes faites chez les marchands mais comme il n’existe pas de marchands d’amis, les hommes n’ont plus d’amis .Si tu veux un ami apprivoise moi. »
Pour arriver à approcher un grand exclu, puis à l’apprivoiser il faut essayer de multiples pistes. C’est chaque fois une première, avec la découverte du continent de l’autre. On touche en lui un continent oublié.
Epilogue : Le mot exclusion est en train de s’user disait il.. L’est il déjà 20 ans après ? Le mot exclusion passera mais la misère, les pauvres, les petits, les humbles, les mendiants et les gueux continueront à clopiner a travers les siècles ainsi qu’ils le font depuis le début du monde. Tantôt entourés de pitié, tantôt asticotés par les matraques, tantôt enfermés derrière des murs asilaires , ils feront parfois la une des « faits d’hiver » , jamais ceux des « journaux people ».Mais la plupart du temps on les ignorera et c’est étrangement sans doute ce que leur arrivera de mieux..
(1)Le livre de la pauvreté et de la mort de Rainer Marie Rilke.
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