Le dallage
Les chapitres 18 et 19 de st jean mettent en scène Jésus comparaissant devant Pilate. La scène se passe sur le dallage autrement dit sur le pavé, ni au Temple ni au palais.
La question de Pilate à Jésus : « es tu le rois des juifs » ? est la question d’un non initié et comme lui aujourd’hui la question d’une bonne partie de l’humanité absolument étrangère au christianisme. Pilate comme Caiphe le grand prêtre ne reconnaissent pas Jésus . Le gouverneur ne peut reconnaitre qu’un roi , de ceux qu’il reçoit dans son palais, mais il est dehors ,sur le dallage. Le grand prêtre ne peut reconnaitre qu’un messie selon la tradition conservée dans le temple, mais il est lui aussi à l’extérieur, sur le dallage.
Jésus n’est pas un roi de palais ni un messie de Temple. Il est l’homme du dallage. et se révèle sur le pavé,dans la rue .Il est celui qui se laisse rencontrer dans le travail de vérité que chacune ou chacun est appelé à faire sur sa vie personnelle et sa vie avec les autres.
Apres Jésus, sur le dallage, en dehors du palais et du Temple, serons nous, comme Jésus la révélation de l’amour de Dieu ? (1)
"A nous gens de la rue ,il semble que la solitude n'est pas l'absence du monde mais la présence de Dieu .Le monde entier nous est comme un face à face avec Lui dont nous ne pouvons nous évader."(2)
(1)Une longue marche en Chine de Jacques Leclerc du Sablon
(2)Madeleine Delbrël .Nous autres gens de la rue .
Commentaires
-Serge-14/2
« Le fruit de la justice est semé dans la paix
par ceux qui font œuvre de paix. » ‘ Jc 3’
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« Plus j’avance dans la vie, plus je me
rattache au seul problème qui garde toujours son sens profond
et sa séduisante nouveauté.
Un infini nous déborde et nous obsède.
Eclosions d’un moment à la surface d’un océan d’êtres, nous
nous sentons avec l’abîme, notre père, une mystérieuse affinité.»
- ½ -Renan E : ‘ discours au Collège de France’.
*
C’est entre quatre murs, que je fis le choix de relire
mon passé vagabond.
*
C’est là un baiser,
Déchargé de sa peine,
Au dedans de lui,
Devient force du brisé.
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Le médecin.Mon docteur.
Homme à l’écoute de ses pensionnaires, à hauteur
de souffle.
Il dispense vertus et notions sur le mal du corps.
Les savoirs de l’esprit reste difficiles à soulager,
dit le ‘corps médical’.
L’unité et le mieux-être sont souhaités par les parties.
‘Pour les miracles attendre un délai’ dit le dicton.
Hippocrate d’ajouter,
‘les choses saintes sont révélées à ceux qui sont saints’.
Marqué au fer rouge, le bagnard se voit parcourir par un
sentiment lourd à très lourd. Il devine, dans sa propre peine,
dans son échancrure le sentier d’un possible. Un bon soigneur
évite, tant qu’il peut, d’écorcher la plaie pour mieux la guérir.
J’ai croisé quelques femmes.
Elles m’honorent de leur patience.
Formé dans la rue, délité de moi-même aux pensionnats,
nous nous exerçons, pas à pas, à mesurer quelques fosses,
quelques abysses d’une adolescence surexposée, décousue
dans ses entournures.
Dans notre institution, sans piliers ni dorure sur le fronton,
blindées, grillagées, je ne peux oublier la prof de français.
Céline.
Des lectures, des lignes d’écritures à respirer, à poser, à rêver.
Les supports ‘carte postale’, le papier à lettre, le bloc à effeuillé,
se saisissent, au détour d’un roman, d’une bande dessinées, de
manuscrits oubliés, de lettres raturées à l’encre noires,
de pensées émargées, indéchiffrables, lumineuses.
Simplement des mots.
Des mots mâchés, salivés sur nos senteurs d’ateliers, sur les
gestes d’un maton fraternel, d’un cuistot au bon pot, d’une
rumeur désopilante de mon premier cercle de désossés.
Croiser les jeunes déplumés, car tombés du nid.
Les accents de la banlieue morose sur un même calque,
aux papiers buvard troués de stigmates, d’interlignes scotchés
au mitard, d’insipidités dégorgées.
Underground misérable de quelques privilégiés.
Violence de fumeroles devançant toute parole.
Le ‘hors les murs’, suppure sur les peintures écaillées,
sur des fers rouillés, sur la porte interdite.
Est-ce le possible qui frappe à notre geôle ?
Une jolie personne. Jolie.
Elle m’accroche au porte–manteau de la scène.
Ma fierté secouée, j’apprends la posture d’une paix cachée.
Elle ne respire pas les dallages de nos cités.
Elle rayonne du dedans vers le dehors.
Regards ajustés,
J’ignorai jusqu’à l’existence
Mes lignes de force,
Enfouies comme canaux embourbés
Rejettent pansements,
Blessures, cicatrices mêlées.
Ils n’asphyxient plus
Les tissus du corps et de l’esprit.
Paix de révision,
Fruit du renouveau.
Justice.
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Composer pour moins souffrir
Firmament source
Trait de soi en soi
Filament à emporter
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« Le fruit de la justice est semé dans la paix
par ceux qui font œuvre de paix. »
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Claire, le 4/3/18 sur Dallage