Têtus comme le soleil
Il s’entête depuis des millénaires à se lever sur tous les matins du monde
Il s’entête depuis 20 ans à réclamer justice.
En gare de Lille , elle a embarqué ses 4 gosses pour Montpellier et l’a laissé seul sur le quai à attendre le train de Dunkerque. Il montait vers l’extrême nord, elle descendit avec les gosses vers le Sud. Ils ne se sont revus qu’au tribunal.
Il a gagné son procès et obtenu le divorce , mais malgré « le rapt illégal des enfants » , malgré les rapports alarmants de l’aide à l’enfance sur le peu de sérieux du beau père ,malgré les nombreux certificats montrant le soin qu’il apportait à l’ éducation de ses enfants quand il en avait la charge , c’est sa femme en appel qui a obtenu la garde des enfants et ce par une juridiction française vaguement teintée sinon de xénophobie , du moins de méfiance vis-à-vis du machisme imaginé des méditerranéens . Elle est originaire de la Flandre française, il est Kabyle et s'appelle Ramdam ... (raffut en" franc- kabyle"?)..
Il s’entête à réclamer justice contre ce jugement non respectueux du droit, dit il , qui l’a dépossédé de ce qui est le plus précieux à ses yeux, à savoir ,l’avenir et la réussite de ses enfants.
Les enfants sont devenus majeurs maintenant, son combat n’a plus d’objet direct mais il veut pour l’honneur que la justice reconnaisse son erreur. Il s’entête , malgré les refus, à écrire sa colère, à remuer ciel et terre, à embarquer les médias dans son combat de David contre Goliath.Comme un lion blessé il continue à rugir.
Ce tenace entêtement me fait penser à celui des « dissidents » face à la puissance des machines à broyer les opposants que sont les régimes totalitaires et les dictatures .Vaclav Havel dans un discours à l’académie des sciences en 92 parle de cet entêtement que sous tend une patiente espérance . " Sans tirer sur l’herbe pour la faire grandir, sans attendre tout d’un lys qu’on n’a pas planté, il faut être attentif patiemment à ce qui pousse d’humanité autour de soi , à voir même chez les bourreaux car nul n’est totalement noir ni incapable d’amendement ."
« Nous serons indélogeables
Aussi têtus que le soleil que rien n’empêche de se lever »
Ainsi se termine la chanson de Mumia (1) .Condamné à mort pour un meurtre d’un policier qu’il a toujours nié, sa peine fut commué en perpétuité dans l’état de Pennsylvanie. Il est en isolement depuis 30 ans. Il est journaliste, militant des droits de la minorité noire aux Etats unis et symbole pour la communauté noire et les tenants de la liberté de par le monde. Voici le premier couplet d’un poème d’après la chanson de Mumia :(1)
« Puisque la nuit même la plus longue
Finit un jour par rendre grâce
Puisque les geôles les plus obscures
N’empêchent pas à la lumière de poindre
Puisque chaque jour le soleil se lève
N’en déplaise aux ruminations de l’ombre
Cause there ain’ta sweeter song
Than a love song
A song from us to you, mumia
(1) « A sad love song »
« Puisque le lion même blessé se bat encore
Nous serons là inlassablement
Des centaines, des milliers, des millions
Et nous crierons et chanterons encore
Et nos cris, nos larmes et nos chants
Feront tomber les murailles de Jéricho »
«Puisque la tendresse ne t’a jamais quitté
Que le sourire de wadiya éclaire ton schéol
Puisque le lion même blessé avance encore
Nous serons là indélogeables
Aussi têtu que le soleil que rien n’empêche de se lever »
Mumia ,thereain’t more joyful song
than a love song ... n'en déplaise à Trump !.
Cette note a été rédigée un premier Avril mais même publiée 15 jours plus tard , elle n'a rien de drôle ,j'en conviens.