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vie spirituelle - Page 288

  • Les sept vivants de Tibéhirine

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     Voici en guise de  vœux de nouvel an la note qui a été de loin la plus visitée  en 2010 . 2000 visites des le premier jour .Elle nous entraîne dans la face claire de la nuit du monde.

     

               Dans son édito du 29 Mai 96,Bruno Frappat  s’étonnait du silence « étourdissant » qui a suivi l’enlèvement  des moines   de Tibéhirine  durant les deux mois  qui ont précédé  leur assassinat)Or voici que le « martyr des moines aura cet effet de forcer les portes de la compréhension et de permettre à la France, autant émue qu’embarrassée ,d’exercer une vertu peu fréquente par temps de rogne : l’ admiration. Un peuple indifférent s’est soudain avisé que la force  des convictions, le détachement des ambitions plates qui gouvernent tant de vies, la solidarité sans  les petites prudences qui entravent tant d’élans avaient leurs acteurs ,  enfouis dans leur éloignement  .» 

     En 1996 , J’étais  à Saint Dizier en Haute Marne ,dans le quartier « sensible » du vert bois, témoin  du désarroi  de la communauté musulmane  face à cet assassinat . Elle a   exprimée le désir  de  prendre le temps  de se recueillir  fraternellement  et silencieusement avec les chrétiens  du quartier.  Le martyr des hommes de Dieu produisait  des fruits de concorde, un désir de silence, de partage et de prière.

                Le jeune Iman Abou (1) nous a lu un passage de la sourate N° 2 : O vous Qui croyez ! Demandez l’aide de la patience  et de la prière. Dieu est avec ceux qui sont patients.

             Ne dites pas de ceux qui sont tués dans le chemin de Dieu : « Ils sont morts » ! Non ! Ils sont vivants.

            Annonce cette bonne nouvelle à ceux qui sont patients, à ceux qui disent lorsqu’un malheur les atteint : « Nous sommes à Dieu et nous retournons à lui ».

                   Jean -Jacques, Le pasteur de l’Eglise  réformée   nous a lu les béatitudes, proclamant bienheureux  les moines  persécutés : « Bienheureux les  pauvres de cœur, le Royaumes des cieux est à eux .Bienheureux les doux, ils auront la terre en partage .Bienheureux  les cœurs purs, ils verront Dieu.(2)   il  invitait les croyants   des  trois religions qui confessent  un Dieu  de miséricorde   à vivre  dans la pauvreté  évangélique et  la paix car  ils sont tous les fils de l’Unique Dieu ceux qui font œuvre de paix (3).

    Marc  enfin  a lu  aux 150 personnes qui l’écoutaient dans un silence rempli d’une « émotion palpable »  le testament  de Christian  où chaque mot   , lourd de sens  les bouleversait. (4)

            Bruno Frappat a repris la plume    pour  se réjouir du succès du film de  Xavier Beauvois «des hommes et des dieux ».Il pose une question : «  Que pouvait  bien ajouter un film au souvenir  de ces émotions passées ? » et répond : Un hommage, voila. ! Il ne s’agit pas pour les foules  qui se pressent à l’assaut de ce film d’applaudir des vedettes, mais il s’agit d’une rencontre. D’une retrouvaille .Ces moines  sont devenus nos familiers depuis leur enlèvement, leur mort .Ce film nous parle de gens à contre-culture. Des moines qui ont offert leur vie à Dieu et aux autres. Qui ne possèdent  rien en propre . Qui n’ont aucun pouvoir .Pas de compte en banque, pas de voiture  vrombissante   ,pas de plan média .Des types qui prient ,qui chantent ,qui font la cuisine ,qui soignent les pauvres gratis ,qui vendent du miel  au marché ,qui aiment l’Algérie ,qui respectent la religion des autres…Ils ne partagent rien de  notre vie habituelle  et pourtant, ils sont nos frères….<Le don dans la gratuité .Avec en plus le sourire .Pour nos contemporains ,tout cela est une rareté .Un trésor .Cela fait contraste .Comme beaucoup, je suis allé voir ce film .J’ai été frappé par le silence  qui a suivi la projection  des dernières images, où l’on  voit  les moines monter dans  la  neige et dans la brume. Des corps qui se traînent, des âmes en marche  vers leur parachèvement « .Evaporation glaciale » « méditation en image »d’où sourd  une parole qui dépasse les acteurs et les spectateurs .Et qui domine la peur.Annie Goertzinger ajoute et je terminerai  ma note en la citant : «  Il faudrait des mots de silence  pour écrire sur ce film .Des mots en grisé, ténus, que l’on tenterait de lire  alors qu’ils s’effaceraient lentement  sur la neige de la page blanche. Des mots hésitants, discrets comme des pas lents, pesants Des cris étouffés , des larmes retenues. Cette fin nous hante, les derniers  instants de ce film  sont une montée vers un mystère qui nous attire

             (1) Etudiant en philosophies à Paris  il présidait la prière  dans la petite mosquée   construite   par les  travailleurs musulmans  du quartier  en bas  de la côte d’Ancerville  . Il était lui-même  victime  de la violence et craignait pour sa femme enseignante au lycée d’Alger. 

    (2) Luc ch 6

             ‘3)» Bienheureux  les pacifiques, ils seront appelés fils de Dieu .Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, le royaume des cieux est à eux. : Matthieu  ch5/3 à 11.·    

         (4)« S’il m’arrivait un jour d’être victime du terrorisme qui semble  englober maintenant les  étrangers  vivant en Algérie, j’aimerais que ma communauté, mon église, ma famille se souviennent que ma vie  était donnée à Dieu et à ce pays .Qu’ils prient pour moi ;qu’ils sachent  associer cette mort  à tant d’autres aussi violentes ,laissées dans l’indifférence de l’anonymat. J’aimerais le moment venu, avoir ce laps de lucidité qui me permettra de solliciter le pardon de Dieu et celui de mes fréres en humanité, en même temps que de pardonner de tout cœur à qui m’aura atteint….Cette vie perdue ,totalement  mienne ,et totalement leur ,je rends grâce  à Dieu qui semble l’avoir voulue toute entière   pour  la joie ,cette joie là, envers en malgré  tout Dans ce merci où tout est dit ,désormais de ma  vie, je vous inclus bien sûr ,amis d’hier et d’aujourd’hui, et vous, o amis d’ici ,aux cotés de ma mère  et de mon père, de mes sœurs et de mes frères et des leurs, centuple accordé comme il était promis ! Et toi aussi, l’ami de la dernière  minute, qui n’auras pas su ce que tu faisais. Oui, pour toi aussi je le veux ce merci, et cet « A-Dieu » envisagé de toi. Et qu’il nous soit donné  de nous retrouver, larrons heureux, en paradis, s’il pait à Dieu, notre Père à tous deux. » 

             

     

     

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    Reçu de Cordillera ces jolis voeux : O jalâ podamos ser capaces de seguir caminando los caminos del viente... porque  non tienen fronteras los mapas del alma ni del tempo Que nous soyons capables de continuer  à marcher sur  les chemins du vent.Les cartes de l'âme  et celle du temps n'ont pas de frontiéres.