La mort de Michel
questions de ses amis le jour des funérailles :
- Prophète, Où es tu ? (1)
La santé t'a fauché, elle t’a trahi…volontaire pour bâtir l’avenir, c’est le présent qui a soudain balayé le baroudeur du coude à coude.
Où est tu ? (1)
Sans doute tu es là sous ce socle de béton…continuant autrement de soutenir le poids des combats, cherchant à permettre à des êtres blessés de lever la tête, de se redresser, et de crier leur dignité …
Prophète, Où vas-tu ? (1)
Loin de partir d’une vie façonnant l’histoire, de ces contrées du Nord balayées par les souffrances des abandons industriels, loin d’abandonner le pays d’un chômage engendré par des wagons de promesses sans lendemains, Quel est donc maintenant ton pays de prophétie ?
Prophète, où nous conduis-tu ? (1)
Loin d’être finie, cette vie fraternelle peut continuer à chanter ce refrain, comme vivants ou disparus :
« Oui mais, elle est belle, et quand nous saurons tout, nous la chanterons debout notre vie fraternelle » . A Dieu, frère et prophète Michel .
La réponse à ces questions, elle est venue de Michel lui-même.
« Ma première passion c’est Jésus Christ. Mon meilleur ami c’est Jésus .C’est là qu’est ma source. Quoiqu’il en soit de l’intimité que je puisse avoir avec mes meilleurs amis, c’est sans commune mesure avec le type d‘intimité que je peux avoir avec Jésus »
Voila la réponse de Michel à l’interrogation des gens devant « notre manière de vivre et de lutter pour un monde plus humain, fraternel, vivable ; une planète pour tous….. Les gens sentent que pour être porteurs d’une soif d’humanité comme la nôtre, il faut avoir une expérience de cet ordre là …l’expérience d’une amitié étonnante, d’un compagnonnage étonnant : Jésus fait partie de mes fréquentations et je vis avec.»(2)
Ces questions et la réponse je les retrouve aux enterrements de ces prophètes du siècle, prêtres de ma génération aux vies engagées dans la mission : Jean frère et ami dunkerquois, André frère de la place du progrès à Roubaix, Marc ami de l’évangile, Gérard et son escorte de pauvres….
Leur première passion ,ce fut Jésus Christ .Compagnonnage étonnant que cette amitié avec un prophète de Palestine condamné à mort il y a deux mille ans pour avoir pris le parti des pauvres gens et des exclus .Vies fraternelles, vies de prophètes de notre temps.« Être prêtre ouvrier, c’est assumer un « vivre avec » irréversible. Cette fidélité demeure pour chacun un signe d’authenticité ; que ce message d’amitié vous demeure vivant »(3)
(1) Lu aux funérailles de MICHEL Perret : les adieux du secrétariat de l’ENPO. Equipe nationale des prêtres ouvriers
(2) Confidences de Michel. Extrait du livre de François Leprieur, Dominicains ouvriers d’Hellemmes.
(3)mot de l’archevêque Laurent Ulrich, lu aux funérailles de Michel.