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vie spirituelle - Page 313

  • l'arbre aux papillons 3

     

     

     

     

     

     

     Si votre regard rejoint le mien,je vous invite  à continuer la visite de mon quartier pour découvrir un bonheur  que saisissent à pleine main  les coeurs purs et les gens simples.v

     

     

     

    L'arbre aux papillons  suite

     

    Gilbert avec le « collectif de l’union » pense au quartier de demain et à la place pour loger les gens du coin dans le futur ensemble, sans oublier ,l'Eglise classée saint Joseph  joyau du gothique flamand , jardins, promenade et bien sûr emploi. Avec l’insistance de Micheline, directeurs et directrices d’écoles privées ou publiques accueillent des enfants de familles bosniaques et font briller leurs yeux d’émerveillement. Sous la friche en travaux maintenant les locaux d’un club de foot pas ordinaire : un club qui gagne mais qui ne se prend pas la tête comme l’explique Farid son entraîneur, un club où l’on joue pour le plaisir et la beauté du jeu, un club qui « assure » tout en exigeant des jeunes qu’ils prennent au sérieux leur avenir. Portant le même nom que ce club plein de jeunesse, une résidence de personnes isolées et bien âgées, «  port d’esprits parfois naufragés ». Il se trouve là un personnel admirable de dévouement épaulé par des bénévoles qui prennent le temps de leur rendre visite ou qui, comme Claude, les aide à célébrer l’espérance.

     

      

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     Le bonheur n‘a pas déserté le quartier mais il n‘est pas le fruit du seul développement des sciences, il a sa source dans le cœur des gens, leur désir de vivre, leur joie de  partager et  la simplicité des échanges. C’est ainsi qu’il est vécu au quotidien. Pour les gens de la rue, « le bonheur n’est pas le but mais le moyen de la vie. » (4)

     

    Certains pensent que « le bonheur est dans le pré et ils y courent ». Une heure plus tard, en petites foulées le long du chemin de halage, ils sont dans la campagne riante. C’est l’échappée belle, la Bona Hora, la bonne heure. « I enjoy myself ». Cette échappée est d’autant plus belle que le canal, autrefois artère vitale pour l’industrie et qui était devenu un égout à ciel ouvert est devenu lieu de promenade et lieu de pêche. Merci aux « visionnaires » et aux fonds européens à qui l’on doit ce bonheur. Merci au nom des nombreux sociétaires de la grande société de pêche à la ligne, la plus grande association de la ville. Merci à ces visionnaires au nom des cyclistes qui en trois coups de pédales se retrouvent sur les bords riants de l’Escaut. Au retour du paradis c’est de nouveau le bain de vie, la chaleur de l’amitié et les arbres aux papillons.

    Certains disent que le bonheur n‘existe pas, pas plus dans les prés que dans le quartier. Ceux là traînent leur ennui. Ils ont cru au miracle mais rien n’est venu. Alors ils invoquent la malchance et la méchanceté des gens Ils évoquent le temps béni où l’on ne craignait pas la violence et les trafics en tout genre. Pour les aider à ne plus cultiver l’amertume, faudra-t-il que l’ami aille jusqu’à être lui-même triste de leur désespérance ? « Il existe, il est vrai, des tristesses fraternelles et solidaires qui confinent au sublime » (3). Ainsi le foyer de « l’accueil fraternel »chez Léo qui s’ouvre aux cabossés de la vie pour leur donner les moyens de se lever et revivre. Et puis il y a le 105, le 127, le 94, le 40, le dispensaire des sœurs polonaises, les centres sociaux, les comités de quartier et bien d’autres adresses comme la courée de Denise qu’elle compare au paradis.

    Faut-il débaptiser la rue Condorcet ? L’appeler rue du «  Buddleia Davidii » par exemple, le nom savant de l‘arbre aux papillons ou, plus communément, rue du « père David ». Je ne crois pas que les gens seraient d’accord. Ils apprécient les progrès de la médecine, la qualité de l’image télévisuelle, la facilité des échanges informatisés. S’ils ont perdu l’optimisme des « philosophes des lumières », ils gardent toujours l’espoir dans la capacité des hommes à développer les connaissances. Plus prosaïquement, ils n’aimeraient pas changer d’adresse. Beaucoup ne connaissent pas Condorcet mais ils ont, à la longue, appris à écrire son nom. Enfin, ce n’est pas le moment. On va restaurer la friche pour y faire des logements. Ils appellent cela un Loft : littéralement, un « grenier aménagé », aménagé pour qui ?  That is the question.

    La rue va changer de look, elle a déjà perdu les arbres à papillons du 18, cette maison qui a vu grandir de si nombreux enfants. Ses pavés ont déjà laissé place à un tout nouvel enrobé. Gardera-t-elle la richesse de cœur de ses habitants qui croient au bonheur « avec modération » mais en vivent à « fleur de peau », qui ne croient plus aux lendemains qui chantent, mais vivent la Bona Hora à « fleur de temps » dans le plus quotidien de leur vie. Serait ce là le secret des « béatitudes » ? (5)

     

     (1) Ernst Bloch Le principe espérance

    (2)Condorcet : Espèce d’encyclopédie du progrès et du bonheur qui en découle écrite  durant les 8 mois où il se cacha avant d’être arrêté  comme girondin.

    (2bis) Guimard : les choses de la vie.

    (3) Vergely. Petite philosophie du bonheur .Milan

    (4) Claudel correspondance

    (5) Évangile de Mathieu ch. 5

     

      Si le « progrès » n’accouche pas du « bonheur », les béatitudes parlent d’un « bonheur en progrès » chez les gens simples aux cœurs purs, les pacifiques, les assoiffés de justice et les « miséricordieux ».

    -« Heureux les doux ! » ! Ils ont le courage de dire non à la fatalité, non à la violence, non au racisme.

    -« Heureux les miséricordieux ! » ! Heureux celui qui, même blessé, chasse l’amertume et ouvre un avenir à son frère.

    -« Heureux les artisans de paix » ! Ils sont les sentinelles vigilantes qui se mobilisent contre le malheur. Le malheur des malheurs qu’est la guerre.

    Ami, toi le frère en quête d’espérance, pour qui douceur, miséricorde et paix ne sont pas de vains mots, garde courage et confiance. Tu enseignes non pas avec de l’encre mais avec ton cœur, la plus belle page de l’évangile : les béatitudes. (1)

    (1) extraits du sermon du père Denis au « jour du Seigneur » dans l’église St gilles d’Avrillé Maine et Loire.