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vie spirituelle - Page 314

  • l'arbre aux papillons 2

    qumed-friche-industrielle-visoterra-16899.jpgartier Nord de Roubaix,quartier "sensible",sensible  à mes yeux. Mon quartier. Suite

    arbres aux papillonsbuddleia_pink_delight.jpgarbre aux papillons
     
     

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    On dit aux Indes que le bois de santal parfume la hache qui l’abat. Ici, l’arbre aux papillons parfume la friche qui l’abrite. Ses longues tiges se courbent sous le poids des lourdes grappes violet pourpres qu’on appelle joliment Harlequin (avec un H pour s’y retrouver dans le classement des botanistes). Ils colorent les grands murs silencieux. Ceux que certains appellent des « lilas d’été » égayent la rue déjà pleine du rire des enfants qui pour le jeu apprivoisent ses pavés. Ailleurs on chasse les enfants, ici, ils sont rois. Quand les jours sont longs, ils jouent tard dans la nuit et les adultes grands enfants jouent avec eux dans de grands éclats de rire. « Le monde est un jeu divin car il respire » disait Nietzsche. « La vie est douce quand elle est gonflée de vie, elle est douce quand elle respire » ajoute Vergely qui parle « du bonheur à fleur de peau, à fleur de temps » (3). Ici les aînés se saluent d’un signe de main, d’une main sur le cœur ou des deux mains jointes. Les voitures s’arrêtent parfois au milieu de la rue et la conversation commence. Alors « ça bouchonne », « ça klaxonne », « ça rigole », « ça s’engueule » : c’est la vie ! Ce n’est pas triste. Et puis il y a les fêtes : les allumoirs avec son cortège d‘enfants, la fête du canal et ses joutes nautiques, la Noël que Marie annonce en décorant sa maison avec des souhaits de bonne fête. L’Aïd quand Malika apporte un gâteau à sa voisine qui est seule. La fête de la lumière quand les laotiens bouddhistes ouvrent le terrain de la future pagode et font flotter des lumignons sur un fleuve jaune en miniature. La fête du jeu quand de toute la ville des enfants se rassemblent sur la grand place et que de Roubaix-nord, Ruth, Raphaël et Alberto venus du Portugal il y a à peine un an, rejoignent Tamara qui les a invités : elle qui arrive de Roumanie avec Viad, Antonina et Natacha. Ils s’éclatent tous à jouer avec les « mots et merveilles » dans une langue bien neuve pour tous. François partage sa récolte de champignon, Maxence répare les vélos des jeunes : dérailleurs, chaînes et crevaisons. Mohammed joue au foot avec les enfants du quartier, Fabienne distribue le buis des rameaux à ses voisines. Claude initie François, Marie-Jo et bien d‘autres à l‘ordinateur. Léon débrouille les papiers de ceux qui arrivent d’ailleurs. André gonfle les ballons et les pneus de vélo de tous les gamins de la place. Laurette, en retraite depuis bien longtemps, aide Amelle arrivée d’Algérie il y a trois ans à parler le français. A son tour Amelle, maintenant en terminale, aide Alexandra la grande sœur de Tamara et Viad. Les amis d’ATD font à François, leur ami sans domicile, des funérailles princières avant de l’accompagner dans le grand et beau cimetière tout proche, seul endroit où se retrouvent sous la paix des tilleuls tous les hommes qu’ils soient riches ou pauvres. Les gens signent une pétition pour que soit réparé une plaque d’égout qui claque 10000 fois par jour à chaque passage de voiture. La clôture du couvent s’ouvre à tous et c’est plaisir de voir y jouer la jeunesse .On s‘entraide pour conduire les enfants à l‘école.

    Lors de « Immeuble en fête », à l‘entrée de l‘été, Maryse invite les voisins et le moine bouddhiste s’invite avec toute sa communauté. Fatou a pris sa vieille voisine en amitié et dit : «  c’est comme si, c’était ma maman.» grâce à cela, selon son vœu, elle reste dans sa maison les dernières années de sa vie. Maria, une femme d’origine italienne sonne tous les matins chez sa voisine presque aveugle pour lui proposer de faire ses courses. Il est un numéro d’une toute petite maison de la rue Condorcet où vivent en bonne intelligence deux familles nombreuses pleines d’enfants heureux de vivre. Dans les jardins ouvriers tout au long du canal c’est le mélange des cultures de la bambouseraie au plus humble alignement de poireaux. Les passants sont surpris par des parfums exotiques. La méditerranée s’invite avec ses figues et ses cougourdes. Elles poussent le long  du haut mur du cimetière à l’abri des vents du Nord. Turcs, portugais et magrébins font les mêmes gestes pour tirer l’eau du canal à plein seaux quand la pluie se fait désirer, ce qui arrive parfois chez les chtis.

    (3) Vergely petite plilosophies du bonheur .